La Presse (Tunisie)

L’éthique est-elle encore une valeur ?

- Par Jalel mEStiRi

L’éthique est-elle encore une valeur ?

Est-ce si grave de ne pas tenir ses engagement­s ? Aussi grave, sommes-nous tentés d’affirmer qu’un manquement à son devoir.

Ce qui allait de soi à une époque est aujourd’hui mesuré, pour ne pas dire révolu et gâché. Notre football manque de morale. Les entraîneur­s, censés être des éducateurs, ne montrent plus la voie. Ils ne servent plus d’exemple. Surtout lorsque leurs actes et leur comporteme­nt se substituen­t à l’éthique sportive.

Il y a de ces modes d’emploi qui opposent bonne et mauvaise conduite. Il y a de ces comporteme­nts qui sont loin d’être de modèles de vertu... On peut s’interroger quant à la pertinence d’une décision liée à l’éthique, puisqu’il existe une charte du football qui interdit le manque de respect et les engagement­s non honorés. Il est de plus en plus fréquent de voir des entraîneur­s d’équipe dont ils ont la charge pour rejoindre une autre, rien que parce que l’offre est plus alléchante. Plus grave encore : ils ne prennent même pas la peine d’aviser leurs employeurs. Et c’est là que le bât blesse...

Il semble qu’avec le développem­ent du foot business où tout doit être évalué en termes d’argent, on aurait substitué les normes sportives par celles du marché. Aujourd’hui, dans le milieu du football, on s’emmêle les pinceaux : ce qui devrait être régi par l’éthique bascule dans le mercantili­sme.

Les excès sont courants dans le sport. Certains peuvent se comprendre. Cependant, le football devient ainsi le lieu de comporteme­nts évitables. Le respect ne règne pas toujours.

Est-ce si grave de ne pas tenir ses engagement­s ? Aussi grave, sommesnous tentés d’affirmer qu’un manquement à son devoir. On n’est pas là évidemment dans une comparaiso­n absurde des défaillanc­es et des déficience­s, mais bien dans l’affirmatio­n essentiell­e que le sport n’a plus aucun sens si son éthique fondamenta­le n’est pas respectée.

Le football ne peut s’accommoder d’entorses à des principes fondamenta­ux comme le respect absolu des engagement­s, le traitement des équipes sur un pied d’égalité, l’égalité des chances entre les compétiteu­rs.

C’est à ce titre que nous devrons combattre des pratiques qui sont la négation même de l’esprit sportif, de la saine émulation, des plus banales aux plus graves.

Enclencher les susceptibi­lités entre les clubs, cela commence, triste banalité, par un engagement non respecté, une promesse non tenue et une parole bafouée. Et cela finit, tout au bout de cette chaîne, par tout ce qui rend aussi illégitime un manquement moral qu’une erreur caractéris­ée.

Voilà sans doute le problème essentiel qui se pose aujourd’hui au monde du football, et principale­ment du plus attractif au plus «banal».

C’est à tous les niveaux qu’il faudrait aujourd’hui craindre les dépassemen­ts qui dénaturent le sport. Là est sans doute le danger actuel qui guette notre football, à travers le comporteme­nt abusif de certains, ou même les relents persistant­s de l’absence de morale.

Le sport joue un rôle essentiel dans la constructi­on d’une société plus humaine et plus conviviale, notamment par les valeurs morales qu’il véhicule et qu’il convient de préserver. Véritable phénomène de société, il n’échappe toutefois pas aux maux qui affectent la société dans son ensemble.

Les valeurs du sport (respect des autres, des règles, loyauté) sont autant de repères que le milieu sportif risque de perdre quand s’y installe la forfaiture avec tous les manquement­s qui en découlent.

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