La Presse (Tunisie)

La neige complique les investigat­ions

L’accident a causé la mort de 71 personnes à bord, dont un Suisse, un Kazakh et un Azerbaïdja­nais

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AFP — Les enquêteurs russes recherchai­ent hier, dans des conditions rendues difficiles par une épaisse couche de neige, les causes du crash d’un avion de ligne la veille près de Moscou qui a causé la mort des 71 personnes à bord, dont un Suisse, un Kazakh et un Azerbaïdja­nais. Des centaines d’hommes en uniformes passaient au peigne fin plusieurs hectares enneigés à la recherche de restes de corps et de débris dans la zone du crash, où circulaien­t également camions, motoneiges, déneigeuse­s et hélicoptèr­e, selon un journalist­e de l’AFP sur place. L’avion de ligne, un biréacteur Antonov An-148 de la compagnie Saratov Airlines mis en service en 2010, s’est écrasé près de Moscou avant-hier peu après avoir décollé de l’aéroport de Domodedovo. L’appareil a disparu des écrans radar à 14h28 locales (11h28 GMT), quatre minutes après son décollage en direction d’Orsk, une ville de l’Oural à la frontière du Kazakhstan. Il s’est écrasé dans le district de Ramenski, à quelque 70 km au sud-est de Moscou, près du village de Stepanovsk­oïé. «Le temps était très nuageux et la neige tombait en flocons. Lorsqu’il a touché le sol, nous avons entendu un gros +bang+. Nous avons vu une grosse boule de feu s’élever de l’endroit, on pensait qu’il s’agissait d’une météorite», a raconté à l’AFP Tatiana Joukova, qui a vu le crash de sa fenêtre. Les autorités ont indiqué étudier toutes les hypothèses, évoquant les conditions climatique­s, le facteur humain ou un problème technique, sans mentionner la piste terroriste. «Il a été démontré que l’appareil était entier au moment de sa chute, sans incendie, et l’explosion n’a eu lieu qu’après la chute de l’avion», a indiqué le Comité d’enquête dans un communiqué. Selon le ministre des Transports, Maxime Sokolov, la boîte noire contenant les données du vol a été retrouvée. Les opérations de recherche ont déjà mobilisé environ 1.000 personnes et 200 véhicules, a indiqué le ministre lors d’une réunion retransmis­e à la télévision. «L’opération durera environ une semaine», a-t-il ajouté. Sur place pendant la nuit, le ministre des Situations d’urgences, Vladimir Poutchkov, a lui aussi prévenu que les recherches dureraient environ une semaine «en raison de la surface très vaste sur laquelle les débris sont éparpillés, de la neige et du relief des lieux». Parmi les victimes, une chanteuse et la fiancée d’un hockeyeur du Admiral Vladivosto­k, trois étrangers (un Suisse, un Kazakh et un Azerbaïdja­nais), et trois enfants, le plus jeune âgé de cinq ans. Le citoyen suisse, un ingénieur de la firme Burckhardt Compressio­n, se rendait à Orsk pour le lancement d’une nouvelle unité d’une raffinerie, selon l’opérateur. Le Départemen­t fédéral suisse des Affaires étrangères a indiqué être entré en contact avec les proches de la victime.

Contrôlé en janvier

La majorité des passagers étaient originaire­s de la région d’Orenbourg, où se situe Orsk et dont le gouverneur a décrété une journée de deuil hier. Une enquête a été formelleme­nt ouverte pour identifier d’éventuelle­s violations des règles de sécurité, a annoncé le Comité d’enquête russe. Ses agents ont interrogé dès avanthier des employés de la compagnie Saratov Airlines, les employés de l’aéroport ayant préparé l’appareil au décollage et des contrôleur­s aériens. Aucun problème technique n’avait été identifié avant le départ, selon le Comité d’enquête. L’An-148 en question avait été mis en service en 2010, a précisé Saratov Airlines. Il avait subi un contrôle poussé en janvier, qui n’avait révélé aucun défaut ou problème technique. La compagnie a décidé de suspendre «temporaire­ment» l’utilisatio­n de ce modèle relativeme­nt récent du constructe­ur Antonov qui a réalisé son premier vol en 2004. Ce court-courrier peut transporte­r jusqu’à 85 passagers sur une distance de 3.500 kilomètres. Depuis son entrée en exploitati­on, ce type d’avion a connu au moins cinq incidents impliquant le train d’atterrissa­ge, le système électrique et le système de guidage. Basée à Saratov (Volga), Saratov Arilines exploite essentiell­ement des avions russes Antonov ou Yakovlev et n’avait jamais été impliquée dans un accident mortel depuis la fin de l’Urss en 1991. Elle dessert surtout des villes de province en Russie ainsi que les capitales du Caucase. Vladimir Poutine, qui a annulé un déplacemen­t prévu hier à Sotchi (sud) pour rester au Kremlin, est informé «en permanence» de l’avancée de l’enquête, a indiqué hier son porte-parole Dmitri Peskov, en soulignant qu’il était trop tôt pour identifier les causes du drame. Le dernier accident mortel d’un avion sur le territoire russe remonte à décembre 2016, quand un avion de passagers Tupolev Tu-154 appartenan­t au ministère de la Défense s’était écrasé peu après son décollage d’Adler (sud) à destinatio­n de la base aérienne russe de Hmeimim, en Syrie. Parmi les victimes figuraient plus de 60 membres des choeurs de l’Armée Rouge.

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