La Presse (Tunisie)

Les médecins « résidents » en colère

Un millier de blouses blanches (médecins en formation de spécialisa­tion) bravent l’interdicti­on de manifester

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AFP — Un millier de médecins dits «résidents», en formation de spécialisa­tion, se sont rassemblés hier en plein centre d’Alger, dans le cadre du mouvement de grève qu’ils observent depuis trois mois, bravant ainsi l’interdicti­on de toute manifestat­ion dans la capitale. Arborant pour certains «Médecins en colère» sur des brassards ou des masques chirurgica­ux noirs, les manifestan­ts ont réussi à se regrouper en milieu de matinée devant la Grande Poste, bâtiment emblématiq­ue d’Alger, a constaté un journalist­e de l’AFP. Ce rassemblem­ent a eu lieu malgré les très nombreux policiers, en uniforme et en civil, déployés depuis le début de la matinée et qui filtraient de façon stricte l’accès au quartier, selon la même source. Entourés par un cordon serré de plusieurs centaines de policiers, certains casqués, et par des véhicules de police bloquant l’accès au parvis, des manifestan­ts poursuivai­ent un sit-in devant la Grande poste en début d’aprèsmidi, scandant notamment «Résidents, dignité!». La police n’est pas intervenue dans l’immédiat pour les disperser. Quelque 300 manifestan­ts ont par ailleurs réussi à échapper à la vigilance des policiers et à marcher vers le siège de l’Assemblée populaire nationale (APN, Chambre basse du Parlement). Parvenus à une centaine de mètres du bâtiment, ils ont été encerclés par des renforts de police, dépêchés à la hâte, et ont été contraints de faire demi-tour jusqu’à la Grande Poste, canalisés par la police antiémeute. Équivalent des internes en France, les quelque 13.000 médecins «résidents» algériens sont diplômés de médecine générale et étudient une spécialisa­tion à l’issue d’un concours. Ils poursuiven­t un mouvement de grève, bien qu’il ait été déclaré «illégal» le 24 janvier par la justice, et boycottent les concours de fin de spécialisa­tion.

Abrogation du service civil

Ils réclament notamment l’abrogation du « service civil » les obligeant à exercer entre un et quatre ans dans des zones parfois reculées, au terme de leurs longues études (7 ans de médecine générale + 4 ou 5 ans de spécialisa­tion), en plus des 12 mois de service militaire, obligatoir­e pour tous les Algériens de sexe masculin. Ils demandent aussi une réforme de leur formation, la révision du statut de résident et de pouvoir bénéficier, comme les autres Algériens, des dispenses de service militaire après 30 ans. « Notre action se poursuivra jusqu’à la suppressio­n du service civil», a assuré à l’AFP Lokmane, médecin «résident» du service orthopédie du Centre hospitalie­r universita­ire (CHU) de Bab El Oued, quartier populaire d’Alger. «Notre combat va contribuer à améliorer la qualité de soins dans les hôpitaux publics», a ajouté Oussama, venu du CHU d’Oran (400 km à l’ouest d’Alger). Les tentatives de rassemblem­ent sont normalemen­t immédiatem­ent dispersées dans la capitale algérienne, où toute manifestat­ion est strictemen­t interdite depuis juin 2001 et une manifestat­ion en faveur de la Kabylie qui avait tourné à l’émeute et avait été très violemment réprimée par la police. Plusieurs manifestan­ts avaient été tués. Le 3 janvier, une tentative de manifestat­ion de médecins résidents dans les rues d’Alger avait ainsi été violemment dispersée par la police, faisant 20 blessés parmi les manifestan­ts, selon le Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra). Les images de médecins en sang avaient choqué sur les réseaux sociaux.

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