Notre élite, notre force
BEJI Caïd Essebsi est une personnalité politique de premier plan. D’aucuns savent en Tunisie et ailleurs que c’est un homme d’État. A ce titre, il sait qu’il n’est pas plus grand danger pour le pouvoir et les dirigeants que de se couper du peuple et de l’élite du pays. De s’isoler. Les premiers l’éclairent sur la réalité, les seconds sur l’état des choses mais aussi sur les voies du devenir possible.
En recevant la semaine dernière à Carthage Youssef Seddik, grand penseur, le président de la République honore l’ensemble de l’élite tunisienne. Une élite, il faut bien le dire, hélas un peu trop silencieuse. Parce que peut-être se croyant jusque-là ignorée, tout du moins peu écoutée. L’initiative du chef de l’Etat vient également confirmer toute l’importance que revêt le bouillonnement d’idées, de créativité et de création, que permet du reste la jeune démocratie tunisienne, tout particulièrement en ce moment précis de la transition politique, sociale, économique et culturelle. Elle est un puissant stimulant pour un pays que certains prétendent qu’il lui manque une vision. Elle est un cinglant revers pour les défaitistes de profession. Sans doute, nous sommes toujours au milieu du gué, pour reprendre une expression du président. Sans doute aussi, en paraphrasant St Thomas d’Aquin, «il faut un minimum de confort pour pratiquer la vertu». Mais la grande vertu, n’est-ce pas déjà la sagesse d’en appeler à la sagesse et au foisonnement de l’élite créatrice et de toutes les forces créatives et porteuses d’idées neuves, nouvelles et innovantes ?
Bourguiba avait autour de lui de très grandes intelligences, dont Mongi Slim, Hédi Nouira, Mahmoud Al Messaadi, Chedly Klibi, Béji Caïd Essebsi, Mansour Moalla, Habib Chatty …
Mitterrand aussi avait autour de lui de grandes références : Jacques Attali, Jean Daniel et Régis Debray et un peu plus loin Bourdieu et Edgar Morin.
Notre pays foisonne de talents et de compétences. C’est là une force, une grande force, que nous devrions mettre à profit et exploiter pour le bien de la Tunisie. Nous citerons à titre d’exemple parmi les moins jeunes et les jeunes : les professeurs Sadok Belaïd, Iyad Ben Achour, Hafedh Ben Salah, Olfa Youssef, Taoufik Jelassi, Mohamed Mahjoub... et parmi l’élite montante et déjà active et agissante : Radhi Meddeb, héraut de l’économie sociale et solidaire, Lobna Jeribi, présidente de Solidar Tunisie, Donia Kaouach, fondatrice de «Tunisiennes fières», et beaucoup d’autres encore sans doute.
Sans doute, nous sommes toujours au milieu du gué, pour reprendre une expression du président. Sans doute aussi, en paraphrasant St Thomas d’Aquin, «il faut un minimum de confort pour pratiquer la vertu». Mais la grande vertu, n’est-ce pas déjà la sagesse d’en appeler à la sagesse et au foisonnement de l’élite créatrice et de toutes les forces créatives et porteuses d’idées neuves, nouvelles et innovantes ?