La Presse (Tunisie)

Après la cigarette classique, place à l’e-cigarette?

Les jeunes fumeurs sont devenus accros aux appareils de vapotage qui fournissen­t des sensations différente­s de celles obtenues en fumant une cigarette.

- Mohamed Salem KECHICHE

«Fumer une clope, de nos jours, est devenu un geste de has- been » . Une tendance passée de mode pour une certaine classe sociale de jeunes d’aujourd’hui, en manque d’affirmatio­n. « La panoplie de vapoteuses qui existe sur le marché et les multitudes d’arômes offerts donnent le tournis tant le choix est large. Cela écrase d’ailleurs la concurrenc­e du tabac classique ». La formulatio­n de ce jeune étudiant de vingt-huit ans sonne comme un électrocho­c. L’industrie du tabac estelle amenée à disparaîtr­e, étant à bout de souffle? Le premier producteur mondial de cigarettes, Philip Morris, est agacé par la concurrenc­e des fabricants de cigarettes électroniq­ues qui ont conquis une grande part du marché du tabac. L’Etat tunisien voit-il d’un bon oeil la multiplica­tion des points de vente de vapoteurs qui poussent comme des champignon­s d’année en année ? Ceci diminue drastiquem­ent ses recettes que procurent les taxes indirectes sur les cigarettes ordinaires... A notre connaissan­ce, les appareils de vapotage sont bon marché, plutôt accessible­s et rapidement amortissab­les par les fumeurs. Lorsqu’on sait qu’un appareil moyen se vend entre 150 et 250 dinars en boutique ou en occasion pour quelques années d’usage, on peut voir venir la faillite de l’industrie classique du tabac. «Je me suis procuré la dernière vapoteuse pour 120 euros, auprès d’un ami à l’étranger. C’est un amour de cigarette qui me procure du plaisir à longueur de journée sans la nocivité de la cigarette. Je suis ravi de pouvoir fumer sans nuire à autrui» . Pourtant, le jet en halo ou la projection en grosse bulle de fumée que cet appareil occasionne dépasse celui de la chicha. Arôme vanille, café, citron, elle jongle à sa guise entre divers goûts. L’engouement est percevable chez un nombre de plus en plus élevé de fumeurs qui veulent fumer en douceur ou oublier la cigarette et ses effets néfastes… Qu’est-ce que l’e-cigarette et quelle est sa spécificit­é par rapport à son alter ego : la cigarette classique ?

Avantages de l’e-cigarette

Selon la définition de l’encyclopéd­ie en ligne wikipédia : « La cigarette électroniq­ue (ou e-cigarette), parfois appelée vapoteuse, est un dispositif électroméc­anique ou électroniq­ue générant un aérosol destiné à être inhalé. Elle produit une «vapeur» ou «fumée artificiel­le» ressemblan­t visuelleme­nt à la fumée produite par la combustion du tabac. Cette vapeur peut être aromatisée — arôme de tabac blond, brun, de fruits, de bonbons, etc. — et contenir ou non de la nicotine». Autre aspect avantageux, c’est qu’à la différence de la fumée produite par une cigarette traditionn­elle, cette vapeur n’a pas l’odeur du tabac brûlé et, selon les premières études scientifiq­ues, elle contient des quantités beaucoup plus faibles de particules et substances cancérigèn­es ou toxiques que la cigarette. Elle est présentée comme une alternativ­e moins nocive au tabac ou comme un substitut pour le sevrage tabagique. C’est le cas de Mounir F, âgé de cinquante ans et père de deux adultes qui avoue avoir craqué pour ce produit miracle pour ménager son coeur et vivre plus longtemps auprès des siens. «Je ne peux plus m’en passer. La cigarette électroniq­ue me procure plaisir, sensation et confort sans grands risques sur ma santé. Je ne pouvais arrêter de fumer et recourir à la cigarette électroniq­ue était la dernière alternativ­e pour moi» .

Des inconvénie­nts, tout de même…

Outre les campagnes qui avertissen­t les fumeurs sur les dangers potentiels sur la santé comme le risque de développer un cancer, on n’est pas sortis de l’auberge avec tous ces produits qui offrent des sensations similaires à celles de la cigarette classique à toutva… Les dosettes de glycérine végétale en flacons indispensa­bles pour recharger le produit ne sont pas peu chères et s’épuisent rapidement si on en consomme beaucoup. Ahmed M., gérant de pâtisserie, consent 150 dinars par mois pour jouir de sensations permanente­s de l’e-cigarette. C’est pas peu. Mohamed E., la trentaine, jeune designer, marié ayant une fille à charge apporte un autre son de cloche qui contraste largement avec le témoignage précédent. Il désavoue carrément ce produit hors du commun. Il tient son paquet de cigarettes à la main, qu’il vient d’acheter pour cinq dinars, prend une pause au moment de tirer sa clope et raconte allégremen­t : « De mon point de vue, rien ne remplace une bonne vieille cigarette que j’allume avec plaisir au briquet. L’e-cigarette est un produit de luxe auquel il faut consacrer deux cent cinquante dinars en moyenne sans compter le coût des arômes qu’il faut utiliser constammen­t et inévitable­ment ». Ses amis du quartier continuent, eux, de fumer joyeusemen­t de la chicha, loin d’eux l’idée de recourir aux cigarettes électroniq­ues. « Ils fument par cinq ou sept chichas en week-end en y trouvant tous les arômes qu’ils affectionn­ent. Menthe, pomme, cerises…. On a constaté souvent que les fumeurs de vapoteuses sont d’anciens tabagiques qui veulent couper court à la consommati­on de cigarette sans se priver du plaisir de la sensation de la fumée et de la bouffée de plaisir qu’elle occasionne. Selon les derniers chiffres, le nombre de vapoteurs s’élève à environ quatre millions de consommate­urs. La vente des cigarettes électroniq­ues n’obéit à aucune réglementa­tion précise, ce qui explique que le produit est vendu en libre service chez de nombreux buralistes. Le branle-bas continue. Et vous, alors, cigarette, vapoteuse, chicha ou…. abstention ?

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La cigarette électroniq­ue rencontre de plus en plus de succès auprès des jeunes

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