Décoder les signaux de la missive !
La réelle évidence est aveuglante de spontanéité : la responsabilité du désastre est sociale, commune, partagée. Entre les trois pouvoirs, le peuple et les médias. Et puis tous les experts et les politiciens. Il faut en reconnaître les dégâts cumulés et s
Le diagnostic qu’exige désormais le syndrome qui affecte notre pays se présente comme plus problématique qu’il n’y paraissait. La crise économique associée à la défaillance des investissements puis compliquée par l’inconsistance des finances publiques, s’est avérée structurelle puis spécialement coriace, avant que toutes les promesses de renflouement ne s’avèrent vaines, qu’elles soient occidentales ou provenant du Golfe. Les deux sombres listes successives où nous confine désormais l’Europe se révèlent à la fois complémentaires entre elles et significatives d’une expectative inexprimée qui cristallise l’essence des questionnements et ajournements jusque-là tout juste implicites.
Les langues fourchues se délient
Et, brusquement, les langues se délient, les analystes accourent, les schémas coïncident et les sommations collent à merveille. L’inconnue commune à toutes les équations émerge immaculée, porteuse d’une réponse à tous nos doutes enfin extrapolés. Les langues se délient mais fourchues, cachotières, médisantes..., désignant d’un doigt distordu un bouc émissaire rêvé chargé des fonctions du purgatoire, lui le «conservateur» dépassé, le «vieillard» zélé, Le gouverneur mal gouverné. Mais suffira-t-il d’un simple vote à l’Assemblée, déjâ bel et bien décidé, d’un vote catégorique - noir ou blanc -, pour que le dossier soit classé, le «coupable» écarté, le mal éradiqué... Faux ! Sans le moindre fondement. Ne débouchant sur rien de consistant, de constructif ou de concluant. D’où l’exigence d’une profonde remise en question sur les causes profondes et les fausses solutions jusque-là «invoquées».
Une BCT lavée de tout soupçon
Même si l’argent sale reste bien maculé, pèle-mêle, cumulé, entassé, engouffré, le circuit est en place, enchâssé, prêt à tout siphonner «l’un dans l’autre», de blanc sale à gris foncé. Lavé de tout soupçon ! Car, si bien évidemment personne ne peut affirmer, cependant, que la banque des banques ne savait rien du tout, son gouverneur épouse le beau rôle de meilleur parapluie, lorsque l’averse - devenue diluvienne - refuse d’être contenue. Que des forces occultes aient forcé le destin, cela est absolument certain. De sorte qu’il est plus sage d’invoquer le «mek- toub», la coïncidence ou encore la malchance.
Reprendre de zéro et compter un à un
La réelle évidence est pourtant aveuglante de spontanéité : la responsabilité du désastre est sociale, commune, partagée. Entre les trois pouvoirs, le peuple et les médias. Et puis tous les experts et les politiciens. Il faut en reconnaître les dégâts cumulés et s’appliquer enfin à tout réagencer. Au lieu de multiplier les salves illimitées sur la cible éprouvée, apeurée, atterrée, de charger de haine impropre des invectives à valeur de sentence, en direction de l’un des nôtres devenu meilleure proie, ne vaudrait-il pas mieux un soupçon de recul ? Une remise en question à forte dose d’expertise détachée, qui réagencerait sans aucun préjugé, les multiples rochers mal placés, emboutis, désaxés que le mythe de Sisyphe nous a fait entasser. Donc, opérons un changement avec humilité. Surtout que personne, durant ces six ans d’Ayari, à la gouvernance soudain si contestée, n’a su montrer le bout du nez du moindre soupçon d’une quelconque insanité. Malgré tant de gouvernements nommés puis dégommés.