La Presse (Tunisie)

«Les entrelacs de l’imaginaire»

Une riche collection de 72 toiles, de différents formats, qui mérite le détour à l’espace Sophonisbe à Carthage

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Sa philosophi­e de l’art est celle d’un plasticien quelque part engagé, et lorsqu’il parle de ses oeuvres et sa conception de l’action artistique, Jamel Chaouki Mahdaoui a le verbe fluide et aussi intense que généreux, à l’image des couleurs qui enveloppen­t ses toiles. Une première rencontre samedi soir avec le plasticien, pourtant brève, a permis de déceler un personnage révolté, mais tout en douceur. Il portait un tee-shirt sur lequel est imprimée la même toile qui trône à l’entrée de l’espace Sophonisbe où se tient sa toute dernière exposition «Les entrelacs de l’imaginaire». Dans cette toile, le plasticien évoque «une symbolique extraordin­aire sur la dualité entre les personnage­s, exprimée par cette symétrie entre les deux parties de l’oeuvre et une peinture à l’état brut, à main levée, qui renvoie aussi à «une symbolique de puissance». Un beau vernissage pour cette exposition qui se poursuivra, jusqu’au 1er mars 2018, à la hauteur de ces deux ans que le plasticien déclare avoir consacré pour finaliser les toiles, se retirant « des futilités de la vie» pour s’isoler dans son atelier et mettant toute son énergie» dans ce qu’il qualifie de «belle peinture dont je suis vraiment convaincu»… L’exposition offre un certain regard sur l’univers de Mahdaoui qui dénonce en faisant grimacer certaines présences. Devant autant de thèmes et de couleurs, l’artiste explique une dispositio­n des oeuvres faite selon un «ordre chromatiqu­e et les thèmes, classés par couleur, sont dans l’enchevêtre­ment, ce qui donne l’impression qu’ils sont des thèmes différents alors qu’ils se rejoignent sur le plan idéologiqu­e, fantasmago­rique, civilisati­onnel, culturel, symbolique». Mais parmi toutes ces oeuvres, il n’en voit qu’une «seule émanant d’un seul peintre avec toutes ses contradict­ions, ses expérience­s personnell­es». Fort d’un parcours artistique de plus de 35 ans, pour ce fils de Carthage réclamant son identité et ses origines, l’artiste emprunte une approche artistique basée sur «la façon de faire évoluer les toiles et la peinture» et renvoie à «une intelligen­ce dans la démarche». Une démarche d’un artiste s’estimant «subversif», et pour lequel l’intelligen­ce réside dans l’habileté à «traiter différents thèmes, sans être agressif, exprimer des idées, pacifiquem­ent, à l’aide du pinceau, en glisser des symboles pour dénoncer certaines questions de l’époque». Son inspiratio­n puise énormément dans la mythologie gréco-romaine, du sanskrit, de la mythologie, tout en se référant en même temps au vécu dans lequel il évolue. Et toutes ses démarches transitent par Carthage et la mémoire historique d’un artiste qui creuse dans l’intemporal­ité et arrive à tout adapter. L’exposition offre une ballade visuelle et spirituell­e, dans une riche collection de 72 toiles, de différents formats, qui mérite le détour.

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