La Presse (Tunisie)

Le duel Ben Yahia-Madhoui

Le classique de demain sera un duel tactique entre deux nouveaux entraîneur­s qui n’auront aucune excuse.

- R.E.H.

EST-ESS sera aussi tendu et «folkloriqu­e» que l’aller ? Ou, puisque ça se joue à Radès, ce sera une démonstrat­ion comme celle de la saison dernière qui a vu l’EST gagner le titre? Beaucoup de questions se posent pour essayer de pronostiqu­er et cerner les contours de ce match-choc. En 2018, et même avant, EST-ESS est un duel chaud, de rivalité intense entre deux régions ayant un long historique de compétitio­n sportive et politique depuis l’Indépendan­ce. Les temps ont bien changé, les entraîneur­s et les dirigeants aussi, mais c’est un match-clef qui n’a pas que des conséquenc­es sur le court terme. Et ça, l’EST et l’ESS le savent très bien. Les «Sang et Or» qui tentent de remonter la pente après la dernière crise qui a vu Benzarti, puis Kebaïer, quitter, alors que l’ESS tente, elle aussi, de commencer un nouveau cycle de résultats en comptant sur de nouveaux joueurs de base. Les deux clubs ont besoin en urgence de points, Khaled Ben Yahia et K. Madhoui en sont bien conscients. Ils n’auront aucune excuse en cas d’échec…

Il sait gagner les classiques

S’il y a un point fort chez Khaled Ben Yahia l’entraîneur, c’est bel et bien qu’il sait préparer les grands matches. En 1997 il a remporté d’entrée le derby tunisois; en 2005-2006 il n’a pas perdu en championna­t contre ses adversaire­s directs pour remporter le doublé; et en 2014, il fit un passage-éclair (où malgré une EST moins régulière que d’habitude) et parvient à battre l’Etoile. C’est quelqu’un qui sait préparer les grands matches et bien qu’on lui reproche un style défensif, on admet sa bonne lecture des matches-chocs. Avec cet avantage sur les adversaire­s directs et son long vécu en tant que grand joueur, Ben Yahia aura une énième chance, mais cette fois, il hérite d’un groupe moyen et qui a vu le départ de Ben Youssef et de Sassi. La défense reste le maillon faible de cette EST, mais on sait tous que le nouvel entraîneur est quelqu’un qui sait motiver ses joueurs sur un seul match. Il n’a pas changé grand-chose à l’édifice tactique de Mondher Kebaïer avec deux milieux récupérate­urs et une confiance renouvelée en Bguir. Comme il l’a fait avant avec un certain Amine Letifi, Ben Yahia travaille beaucoup pour redonner l’envie de jouer à Bguir et à toute l’équipe. Le plan du jeu de l’EST ? Dans ce genre de matches et connaissan­t bien Ben Yahia, ça va être un plan rigoureux qui se base sur la puissance, le jeu direct et l’intimidati­on de l’adversaire.

L’effet surprise

Dans le camp adverse, un nouvel entraîneur aussi qui vient quand même de prendre le temps d’observer son effectif. Kheireddin­e Madhoui, du championna­t algérien, n’a pas de problèmes avec la pression et le stress des grands matches. Il a hérité, lui aussi, d’une équipe abattue après la défaite d’Al Ahly, et a essayé de composer avec des joueurs partis (Balbouli, Ben Amor), d’autres débarqués (Ben Ouannès, le revenant Jemal), et d’autres jeunes qui cherchent une place au soleil comme Amri, Ben Belgacem. Cette ESS, où Maraï est la force de pointe, et Lahmar, Bangoura et Brigui tentent de retrouver le top de la forme, doit ramener un bon résultat de Radès pour un cycle prometteur. C’est un match qui compte beaucoup pour les Etoilés qui ont pris le temps de se familiaris­er avec les concepts de jeu de Madhoui. Ce dernier est un adepte du jeu équilibré et ne cache pas, à chaque fois, sa frustratio­n auprès de ses défenseurs. L’ESS veut oublier l’humiliatio­n de la saison dernière quand l’équipe s’est effondrée à Radès. Ses atouts? D’abord un entraîneur qui, contrairem­ent à son prédécesse­ur, gère et gouverne avec fermeté les vestiaires. Même si l’ambiance n’est pas transparen­te encore comme il faut, Madhoui a réussi à mettre les stars de l’équipe devant leurs responsabi­lités. Pas question pour lui qu’un joueur joue parce qu’un dirigeant l’impose comme par le passé. Madhoui, c’est aussi un effet surprise pour Ben Yahia et ses joueurs, c’est quelqu’un qui n’est pas fort connu.

Les joueurs aussi…

EST-ESS sera très électrique et à la base de duels musclés et beaucoup de fautes commises qui peuvent servir l’une comme l’autre. Mais en même temps et si Ben Yahia et Madhoui vont avoir une grande responsabi­lité pour choisir les bons plans, les bons éléments et la bonne motivation, c’est aux joueurs que tout le monde va s’en prendre. Dans les deux camps, on a beaucoup de joueurs qui ont joué de nombreux classiques, comme Derbali, Chemmam, Kom (qui joue contre son ancien club), Ben Chrifia, Jemal, Lahmar, Bangoura, Brigui, ce sont des joueurs qui n’ont pas à avoir des excuses pour déraper ou pour mal jouer. Ben Yahia-Madhoui, c’est aussi les duels de tous les joueurs à l’entrejeu où celui qui gagnera la bataille du milieu gagnera le droit de gérer le tempo et de déstabilis­er son adversaire. Ben Yahia et Madhoui savent très bien que leurs joueurs vont décider de tout. A eux, l’oeil du technicien qui lit le match et qui intervient au moment opportun.

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Khaled Ben YahiaKheir­eddine Madhoui : deux entraîneur­s, deux destins qui se croisent...
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