La Presse (Tunisie)

Jaziri dans la douleur

Il a fallu un penalty généreux accordé au-delà du temps additionne­l, obtenu et transformé par Lassaâd Jaziri, pour sortir les locaux de la dernière place.

- Tarak GHARBI

Stade 7-Mars Hay Ettayarane de Ben Guerdane, beau temps, pelouse en tartan, affluence moyenne. USBG bat CAB (1-0). Score à la mi-temps (0-0). But: Lassaâd Jaziri 90+7’ sur penalty. Arbitrage caricatura­l de Mejdi Belhaj Ali assisté par Yamen Melloulchi et Wassim Amara. Avertissem­ents: Ben Necib 36’ et Ressaissi 52’ (CAB) USBG: Braiek- Ben Hassine, Raddaoui, Coulibaly, Boufalgha (cap.), Sellami, Taboubi, Hammami (Samti 46’), Trabelsi (Jaziri 79’), Zoghlami, Lua Lua (Yahia 62’) CAB: Thamri (cap.), Mohamed Habib Yaken, Ben Necib, Ressaissi, Bousnina, Cissé, Ben Ameur (Abdelkhale­k Yaken 73’), Habassi, Dridi, Ben Choug (Jendoubi 90+3’), Medina (Hosni 90+4’) Oui, Beb Guerdane ne sera pas relégué en Ligue 2. Le sémillant Aymen Chendoul l’avait dit et répété mille fois il y a quelque temps alors que son club se trouvait au fond du trou. Eh bien, il sait de quoi il parle. Et tous ceux qui ont suivi le match de mise à jour d’hier ne peuvent que lui donner raison. Ce n’est pas parce que le président de la FTF, Wadii El Jari, vient de Ben Guerdane qu’il faut lui imputer gratuiteme­nt une influence occulte. On ne peut pas le mêler à toutes les sauces. Malheureus­ement, il se trouve que des arbitres en font un peu trop en voulant caresser dans le sens du poil. Ils ne parviennen­t pas à se débarrasse­r de cette faiblesse, et font finalement honte à leur mission sacrée d’équité. Figurez-vous, bientôt, notre championna­t sera la risée de la FIFA et de la planète-foot tel un «championna­t-bananier», pour emprunter à la politique l’expression très connue de «République bananière». Messieurs, le monde nous regarde, et il ne comprend pas si ce sont bel et bien les mêmes 17 lois du jeu qui s’appliquent dans notre pays qualifié pour la coupe du monde.... Le trio conduit hier par Mejdi Belhaj Ali a franchi toutes les limites. Déjà, à la 61e minute, il annule un but tout ce qu’il y a de plus régulier au Congolais Jacques Medina qui a subtilisé le ballon dans les pieds d’un imprudent gardien local, Marwane Braiek, qui s’amusait à vouloir imiter un jour Higuita. En effet, ceux qui ont suivi la coupe du monde 1990 se rappellent ce que le dribble de trop, hors de sa surface, a coûté au gardien de la Colombie devant le rusé attaquant camerounai­s Roger Milla. Hier, à la pointe Sud du pays, à la surprise générale, l’assistant signale une faute inexistant­e qu’il est le seul à voir. Ou plutôt lui et l’arbitre central qui a fermé les yeux à la 42e sur une interventi­on dangereuse de Taboubi sur Habassi (un tacle assassin) sans adresser même pas un carton jaune au milieu local. Le même Belhaj Ali allait peser dans le dernier quart d’heure du match de tout son poids et «prendre les choses en main» en s’amusant à siffler à sens unique: pas de carton pour une main de Coulibaly (76’), des coups francs sifflés à tort et à travers pour l’USBG, dont un, à la 90+1’ sauvé de justesse par le keeper visiteur Thamri qui s’avère le grand bonhomme de ces débats en annihilant les tentatives locales dans le forcing du dernier quart d’heure; Jaziri qui plonge seul dans la surface et qui n’est pas averti (83’). Bref, un vrai folklore de notre football de milieu de semaine. On se croirait dans un match de quartier... Et pour couronner le tout, alors que le tableau lumineux avait indiqué cinq minutes de temps additionne­l, Belhaj Ali prolonge «le plaisir» jusqu’à la septième minute de «temps récupéré». Ce dont profite Jaziri, entré en jeu à une petite dizaine de minutes de la fin, qui se retourne et chute à l’entrée de la surface dans une position excentrée sans qu’il y ait eu contact. Le penalty généreux est transformé par le même Jaziri qui prend à contrepied Thamri et libère les siens.

Des limites à l’indécence

Après cela, parler de match nous paraît rébarbatif. Ben Guerdane a joué crânement sa chance, et pou- vait gagner sans attendre un cadeau de qui que ce soit. Le CAB, largement diminué (Mejri, Ounalli, Saidani, Belarbi, Ouattara....manquaient à l’appel) doit se sentir quelque part volé. Mais davantage que le club nordiste, qui se situe quand même loin de la zone dangereuse, d’où son attitude «soft puisqu’il n’a pas trop insisté face aux incohérenc­es arbitrales, il y a les autres clubs concernés par la lutte pour le maintien qui doivent se sentir bernés, cocufiés: Zarzis, Medenine, le Stade Gabésien et tout le reste... furent indirectem­ent volés hier. Cela doit cesser. Il y a des limites à l’indécence. Les gens ne sont pas dupes, et ressentent mal toutes ces injustices. Dans notre foot, certains arbitres et assistants nourrissen­t la violence et la frustratio­n. Et ils s’avèrent de fins calculateu­rs (comme sur l’action de la 60’ où l’un des deux assistants a signalé la position de hors jeu de Zoghlami avec un retard incroyable, alors que l’attaquant ittihadi avait la balle du but tout fait....). Le duel Nord-Sud a donné à voir hier la face hideuse du foot national où il ne s’agit plus de mauvaises appréciati­ons ou de faiblesse technique de l’arbitrage. Cela n’a qu’un seul nom: un petit scandale. Si l’USBG doit rester en L1, elle le fera au mérite, sans devoir le moindre coup de pouce dont se plaignent régulièrem­ent ses adversaire­s. Notre représenta­nt en coupe de la CAF mérite mieux que cette situation en porte à faux où on veut le jeter. Lui aussi mérite de la dignité et qu’on ne parle plus de lui comme un club au-dessus de la loi. Un privilégié. On connaît la fierté des gens de ce coin du Sud. Alors, n’abusez pas de leur gentilless­e pour les compromett­re de cette façon qu’ils doivent être les premiers à dénoncer. Dans le temps, en 1988-89, le Club Athlétique Bizertin a été relégué en L2 la saison même où il honorait notre pays en lui donnant sa première coupe d’Afrique. A méditer...

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