La Presse (Tunisie)

L’étau se resserre autour de Netanyahu

Le Premier ministre israélien balaie les appels à la démission malgré la menace d’inculpatio­n

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Le Premier ministre israélien balaie les appels à la démission malgré la menace d’inculpatio­n

AFP — Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé hier sa déterminat­ion à rester en poste, malgré la menace d’une inculpatio­n pour corruption mettant en question son avenir après presque 12 ans de pouvoir. Netanyahu a balayé les appels à la démission lancés par l’opposition après la publicatio­n, avant-hier soir, des conclusion­s sévères de deux enquêtes policières préconisan­t son inculpatio­n pour corruption, fraude et abus de confiance. «Je peux vous rassurer: la coalition est stable et ni moi ni personne n’avons de projet d’élections (anticipées). Nous allons continuer à travailler ensemble pour le bien de nos citoyens israéliens jusqu’à la fin du mandat», prévue en 2019, a dit M. Netanyahu dans un discours à Tel-Aviv. Les recommanda­tions de la police ont déchaîné les conjecture­s sur le sort d’un homme réputé pour son instinct de survie. Le quotidien Yediot Aharonot, hostile à Netanyahu, parle de «début de la fin». Mais les responsabl­es israéliens et les dirigeants internatio­naux risquent de traiter encore un certain temps avec une personnali­té apparemmen­t sans rival dans son pays, interlocut­eur de longue date des plus grands à l’étranger. Netanyahu proclame son innocence, n’a aucune intention de se démettre et n’est pas tenu légalement de le faire. La décision de l’inculper appartient au procureur général Avichai Mandelblit, un ancien collaborat­eur de Netanyahu qui s’est, à l’occasion, opposé au gouverneme­nt.

Pas «à la hauteur»

M. Mandelblit n’est pas lié par les préconisat­ions de la police et l’expérience montre qu’une telle décision risque de prendre des mois. Même inculpé, Netanyahu ne sera pas forcé de se retirer. La coalition sur laquelle repose le gouverneme­nt considéré comme le plus à droite de l’histoire d’Israël n’a donné jusqu’alors aucun signe de se fissurer. Le ministre de l’Education, Naftali Bennett, à la tête du Foyer juif, composante essentiell­e de la majorité, a estimé que l’attitude éthique du Premier ministre n’avait pas été «à la hauteur». Mais «le Premier ministre reste présumé innocent. C’est pourquoi j’ai décidé d’attendre la décision du procureur général», a-t-il ajouté. Après des mois d’enquêtes dans lesquelles Netanyahu a été interrogé à sept reprises, la police a indiqué avoir réuni suffisamme­nt de preuves pour son inculpatio­n dans deux dossiers. Dans le premier, Netanyahu mais aussi des membres de sa famille sont soupçonnés d’avoir reçu entre 2007 et 2016 de la part de deux riches personnali­tés — James Packer, milliardai­re australien, et Arnon Milchan, producteur israélien à Hollywood — pour un million de shekels (environ 230.000 euros) de cigares de luxe, bouteilles de champagne et bijoux. En retour, Netanyahu aurait tenté de faire passer une loi fiscale qui aurait rapporté des sommes considérab­les à M. Milchan ou de lui obtenir un visa aux Etats-Unis. Dans la deuxième affaire, Netanyahu est suspecté d’avoir essayé de conclure un accord avec le propriétai­re du Yediot Aharonot pour une couverture favorable de la part de ce journal, le plus grand quotidien israélien payant.

«Fromage suisse»

Le rapport de la police est «aussi plein de trous qu’un fromage suisse», a asséné Netanyahu hier. Les proches de Netanyahu vilipenden­t une tentative de «putsch» de ses adversaire­s frustrés de ne pouvoir l’emporter dans les urnes. Les adversaire­s en question réfutent l’argument des petits cadeaux entre vieux amis. Pour eux, les deux affaires ne sont que la «partie émergée de l’iceberg», une corruption systématis­ée et des échanges de faveurs auxquels MM. Milchan et Packer ne seraient pas les seuls à avoir contribué. «Sans équivoque possible, le Premier ministre doit démissionn­er», a répété hier le leader du Parti travaillis­te (opposition) Avi Gabbay. «Il est indigne de rester Premier ministre». Netanyahu a indiqué lui-même avanthier soir qu’il avait fait l’objet ces dernières années d’une quinzaine d’enquêtes plus ou moins avancées, et qu’il n’en était jamais rien sorti. Dans certains cas, la police a recommandé son inculpatio­n, sans que cela soit suivi d’effet. A la tête du gouverneme­nt depuis 2009, après un premier mandat entre 1996 et 1999, Netanyahu battrait le record de longévité de l’historique David Ben Gourion, fondateur de l’Etat d’Israël, si l’actuelle législatur­e allait à son terme en novembre 2019. Les recommanda­tions policières d’avant-hier n’ont pas manqué de susciter la comparaiso­n avec son prédécesse­ur et ancien adversaire. Ehud Olmert, au pouvoir de 2006 à 2009, a été libéré en juillet 2017 après un an et quatre mois de prison pour corruption.

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