La Presse (Tunisie)

Sont-ils si innocents ?

- R.E.H.

Nos arbitres, quoi qu’ils fassent, ne sont pas exempts de reproches et d’accusation­s. Quelque part, il y a de quoi !

Le penalty sifflé en faveur de l’USBG contre le CAB à la 97’ par l’arbitre Majdi Belhadj Ali a, encore une fois, suscité des polémiques. Le penalty, qui paraît évident avec la faute sur l’attaquant sudiste, est critiqué parce que ça a été accordé au-delà du temps additionne­l. En plus, les Cabistes ont été privés d’un but qui leur paraît régulier. Morale de l’histoire, le CAB, selon son public et selon aussi une bonne partie du public sportif, a été lésé par M. Belhadj Ali qui, même si le penalty existe, a attendu au-delà du temps additionne­l pour donner un coup de pouce à l’USBG, qui reste le club aidé par les arbitres tunisiens selon cette thèse, pour les raisons que l’on connaît. Vrai ou faux ? Ce n’est pas là le plus urgent à connaître, mais avouons bien que nos arbitres ne sont pas exempts de reproches et de soupçons. Ils ne sont pas innoncents, franchemen­t. Les erreurs qu’ils commettent ne sont pas toutes de bonne foi. Souvent, ils manipulent des résultats avec un «art» que seuls les arbitres avertis savent faire. Sans rentrer dans les détails et sans donner d’exemples, les cas litigieux d’erreurs arbitrales qui ont changé le cours de plusieurs matches, sont nombreux. Et même si on admet que parfois, l’inexpérien­ce et la pression de l’entourage sur le terrain peuvent justifier ces erreurs, la récurrence de ces erreurs et le grand nombre de clubs liés nous poussent à avancer l’hypothèse des deux poids deux mesures et de la complaisan­ce. Il y a un fait qu’on ne peut ignorer. Une grande partie des arbitres tunisiens font partie d’un ordre qui oriente le championna­t, de haut en bas, vers une destinatio­n donnée. C’est tellement «bien» fait que les preuves restent escamotées. Mais le recoupemen­t que vous faites, l’évolution de certains clubs au classement et le groupe de 10 arbitres au moins qui fait une rotation permanente (voire les quelques mêmes arbitres désignés dans les matches à haute tension et à enjeu spécial), convergent vers un arbitrage tunisien qui a perdu beaucoup de sa crédibilit­é. De tous les temps, nos arbitres n’étaient pas innocents. On sait ce qu’ils ont fait, ce qu’ils ont «offert» pour devenir arbitres internatio­naux. Les arbitres «honnêtes» et braves n’ont jamais constitué une majorité. Ceux incompéten­ts et qui gaffaient faute d’expérience, étaient aussi nombreux, mais un bon nombre d’eux ont arrêté ou, au contraire, se sont améliorés. Après la génération Slim Jedidi, Aouez Trabelsi et les autres, une autre a pris les rênes. Et aujourd’hui, les Nasrallah Jaouadi, Y. Sraïri, Wassim Ben Salah, H. Kosaï, A. Loussaïef, Sadok Selmi et d’autres lancés depuis trois saisons, et qui continuent à être lancés, encore, ne font pas franchemen­t l’unanimité. Et même sur le plan internatio­nal et puisque aucun arbitre ne sera présent au Mondial, on comprend pourquoi nos arbitres ont reculé et sont mis en doute par la majorité des clubs tunisiens.

Passivité et calculs

Le principe de l’erreur arbitrale est un principe sacré. Il n’y a pas d’arbitres qui ne faussent pas. La VAR en est la parfaite illustrati­on, même à un niveau de compétitio­n élevé. Dans notre championna­t, le problème est autre : nos arbitres n’ont pas en moyenne un niveau de compétence relevé. Ils commettent trop d’erreurs d’appréciati­on, on a l’impression également, et sur un nombre de cas fréquents que l’on voit, qu’ils calculent et qu’ils suivent certaines recommanda­tions pour soutenir un club ou léser un autre. Devant les joueurs, un bon nombre de nos arbitres se fait petit, manquant d’autorité et de personnali­té pour les remettre en place. On les voit chaque journée entourés de joueurs qui les traitent de tout ce qui est malsain, qui les grondent et qui les poussent et menacent sans que les hommes en noir n’appliquent la loi. Et par la suite, deux matches de suspension au maximum et l’orgueil de l’arbitre perdu. Notre arbitrage est en mauvaise passe et on le dit pour la énième fois, ce sont des jeux dangereux auxquels ils se livrent dans le cadre d’un système que les clubs eux-mêmes cautionnen­t parce qu’à un certain moment, ils en tirent profit.

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