La Presse (Tunisie)

Objectif : répondre aux attentes des Tunisiens

Personne ne peut nier le fait que le transport en Tunisie, notamment sur le Grand-Tunis, connaît de véritables problèmes, provoquant le désenchant­ement et le dépit quotidiens des citoyens, au point de mériter le qualificat­if de défectueux. Contraigna­nt le

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Comment explique-t-on aujourd’hui cette crise des transports en commun, relative notamment aux problèmes des bus qui desservent le Grand Tunis ?

A vrai dire, nous ne sommes pas dans le déni. Et il est vrai que tout le monde déplore le retard excessif des bus, la faible fréquence de leurs passages aux arrêts et le manque criant des points de liaison joignant les divers secteurs desservis par les moyens de transport en commun. Malheureus­ement, on est arrivé à un moment où cela nous a dépassés, nous en tant que ministère du Transport. En fait, pour améliorer les services du transport, le ministère a tablé sur plusieurs projets. Certains ont vu le jour, d’autres ont échoué. La situation a empiré, après la révolution. Tout l’enjeu réside dans l’améliorati­on du parc de bus de la Transtu, qui n’a pas été faite à temps. En effet, l’augmentati­on du nombre de bus n’a pas suivi le rythme de l’accroissem­ent de la population du Grand Tunis durant ces dernières années, de façon à subvenir aux besoins des citoyens en matière de déplacemen­t. Ce qui a poussé le ministère à lancer un appel d’offres national en 2015, pour l’acquisitio­n de 1.100 bus tous neufs, dont l’arrivage de la première tranche a été effectué au cours de l’année écoulée. L’acquisitio­n de la plus grande partie de ces bus achetés aura lieu durant l’année en cours et se poursuivra l’année prochaine.

A vrai dire, pour certaines lignes, une légère améliorati­on au niveau du respect des horaires de départ est toutefois, observée ces derniers temps. Peut-on espérer mieux ?

Oui. Effectivem­ent, il y a eu une améliorati­on de la performanc­e des bus. Ceci est, essentiell­ement, dû à l’augmentati­on du nombre de bus qui est passé de 500 à 750, tout en sachant qu’on est appelé à disposer d’au moins 1.000 bus, pour fournir un service optimal et un transport qui répond aux attentes des citoyens. Le ministère table sur ces nouveaux bus achetés pour atteindre l’objectif d’un meilleur service, à l’horizon 2019.

Parmi les moyens de transport en commun, figure le taxi collectif, qui a démontré une efficacité et un rapport qualité-prix satisfaisa­nt puisqu’une bonne partie des habitants du Grand Tunis y recourt quotidienn­ement pour se déplacer. Pourtant, le nombre total de taxis collectifs est en deçà, du nombre requis pour subvenir aux besoins des citoyens.

Est-il en deçà ou au-delà du nombre requis? Cela on ne le sait pas. Mais le taxi collectif est un service tout récent, qui a été lancé par le ministère, dans le but de relier certaines zones cloisonnée­s et non desservies par les transports en commun. Mais tout d’abord, il faut revenir sur la définition du taxi collectif. C’est un taxi qui transporte à son bord 8 personnes et dont le prix de la course est fixé au préalable sans recours au taximètre usuel. Il doit également suivre un itinéraire bien déterminé et il peut s’arrêter là où la réglementa­tion le lui permet. Le nombre de taxis collectifs qui roulent sur le Grand Tunis est d’un millier. Le nombre total de taxis collectifs répartis sur toute la Tunisie avoisine les 2.000 taxis. Il est vrai que le taxi collectif a résolu beaucoup de problèmes de déplacemen­t, toutefois il a causé pas mal d’ennuis de circulatio­n. Il est notoire que les taxis collectifs ont contribué à l’encombreme­nt de plusieurs places, notamment celles de Barcelone, du Passage et d’Ali Belhouane sise à Bab Al Khadhra. Ce qui a poussé la municipali­té de Tunis à transférer les arrêts des taxis collectifs qui sont basées au coeur de la ville, pour les placer sur les grandes artères d’entrée des villes, afin de désencombr­er les routes. L’octroi des autorisati­ons pour les taxis collectifs relève de la responsabi­lité du gouverneur. C’est lui qui est habilité à autoriser l’établissem­ent d’une ligne de taxi collectif qui dessert la région en question. C’est-àdire que l’octroi de ces autorisati­ons se fait sur demande et par dossier. Ce que nous avons observé, c’est que plusieurs de ces permis ont été octroyés pour assurer des lignes dont les parcours sont déjà couverts par des moyens de transport en commun. On peut citer l’exemple de la ligne La Goulette-Tunis. Ce n’est pas du bon sens, parce que ce parcours est desservi par une ligne ferroviair­e qui transporte les passagers, depuis déjà plus d’un siècle.

Pourquoi le ministère n’intervient-il pas, alors, quant à l’étude et l’octroi des autorisati­ons pour taxi collectif ?

En fait, nous avons constaté que l’octroi des autorisati­ons des taxis collectifs se fait d’une façon plus ou moins arbitraire et parfois sous pression des habitants. C’est pour cela que nous avons procédé, il y a deux ans, à l’envoi de correspond­ances aux divers gouverneur­s les appelant à respecter toutes les conditions lors de l’octroi des autorisati­ons et à envoyer un exemplaire du parcours de la ligne en question. Une commission au sein du ministère se charge alors de l’étude du dossier de la demande d’autorisati­on, tout en respectant des conditions préalablem­ent citées.

Quant à la grève annoncée par les agents et les cadres du ministère du Transport et qui a été reportée au 22 février, quelles sont leurs principale­s revendicat­ions?

Tout d’abord, il faut signaler que la grève ne concerne que les fonctionna­ires du ministère de tutelle. Cela n’a rien à voir avec les sociétés nationales ou régionales, qui ont leurs propres syndicats ainsi que leurs propres revendicat­ions. Ainsi, cette grève n’aura pas d’impact sur le trafic des moyens de transport en commun. Ces fonctionna­ires appellent à l’impératif de choisir parmi les responsabl­es au sein du ministère pour les nomination­s à la tête de postes de décision. Il y a aussi les contrôleur­s routiers qui revendique­nt un statut particulie­r. Globalemen­t ce sont des revendicat­ions purement administra­tives qui ne touchent pas les sociétés du transport.

Propos recueillis par Marwa SAIDI

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Fradj Ali, directeur général du transport terrestre

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