«Salam», de l’idée au concret
L’idée est née l’année dernière à Barcelone, en Espagne, puis érigée en plateforme euroméditerranéenne, prenant ainsi la forme d’un Observatoire pour la prévention de l’extrémisme violent (Opev). Peu après, en février 2017, une soixantaine d’organisations civiles nationales s’était alors réunie, en conclave à Tunis, se penchant sur un nouveau plan d’action similaire, typiquement tunisien. Depuis, la dynamique de l’Opev-Tunisie a fleuri, donnant lieu à un projet antiviolence baptisé «Salam», se proclamant contre toutes les formes d’extrémisme violent et initiateur de la culture de la paix et de la dignité humaine sous nos cieux. Ce projet a été lancé hier, lors d’une conférence de presse tenue dans les locaux de l’Ugtt à la place Mohamed-Ali, où les associations partenaires ont fait un tour d’horizon du cadre et des objectifs de pareille initiative. Coïncidant avec l’entrée, aujourd’hui, en vigueur de la loi d’élimination de la violence à l’égard des femmes, cette opportunité de lancement fut aussi rehaussée par la signature d’une convention de coopération entre la Centrale syndicale d’un côté et Novact (organisation internationale pour l’action non violente ), de l’autre. Cette dernière est considérée comme la coordinatrice du projet, avec qui oeuvrent, en commun, la Ligue tunisienne des droits de l’homme (Ltdh), l’Association tunisienne des femmes démocrates (Atfd) et bien d’autres telles que FSA et GVC. L’Ugtt est reconnue pour être un partenaire stratégique et un pilier de ce projet.
Une action d’appoint
Son secrétaire général, Noureddine Taboubi, a, d’emblée, souligné, dans un mot de bienvenue, la vocation pacifique de la transition démocratique que vit, aujourd’hui, la Tunisie postrévolution. Une transition, dit-il, qui fut marquée par un dialogue national assez productif mené dans la différence, sur fond d’agissements pour le moins positifs. «Un climat démocratique qu’il faut préserver et faire tout pour le défendre », plaidet-il. Toutefois, la prévention de l’extrémisme ne se limite pas seulement à la guerre antiterrorisme, mais aussi à la nonviolence, comme phénomène devenu, hélas, banalisé. Au sein de la famille, dans la rue, à l’école ou même à l’intérieur du milieu professionnel, l’on doit, tous, dénoncer vivement la violence et s’attaquer à ses racines. Pour lui, la femme dans les champs, les aide-ménagères, les ouvriers des chantiers sont tous sujets à une surexploitation manifeste. Car, d’après lui, violer les droits les plus élémentaires à l’emploi décent constitue, en soi, une sorte d’extrémisme violent. Tout autant que la pauvreté est, virtuellement, de nature à favoriser la violence. Pour conclure, M. Taboubi espère que ce projet «Salam» va se traduire dans les faits, à travers des actions associatives plus concrètes. De son côté, le représentant de Novac s’est félicité de ce nouveau partenariat établi avec l’Ugtt, dans l’objectif de renforcer la dynamique associative. Soutenu et financé par l’Union européenne, «Salam» est un projet qui vise à asseoir une plateforme régionale euroméditerranéenne beaucoup plus poussée. En Tunisie, il cherche à renforcer les compétences des acteurs non étatiques en matière de prévention de l’extrémisme violent (PEV). Chargée de communication et de formation, Mme Ines Tlili, de Novac, a donné un aperçu dudit projet et son schéma directeur sous nos cieux. D’ailleurs, il s’opère à deux niveaux ; national et local, accordant priorité à cinq régions, à savoir le Grand-Tunis, Kasserine, Tataouine, Médenine et Le Kef. Cela s’illustre, bien évidemment, par un plan de travail en cinq axes principaux. Il s’agit, entre autres, de renforcer l’OpevTunisie, comme plateforme de dialogue sur les causes de l’extrémisme violent, promouvoir la participation de la femme et des jeunes dans la conception des politiques publiques, renforcer la résilience des jeunes aux récits à caractère extrémiste et oeuvrer pour une stratégie de PEV dans le milieu carcéral.