Solde pour tout compte
L’ histoire se répète. Mais parfois en se répétant, elle nous éclaire, dans une rétrospective heureuse, sur les vérités du passé, jusque-là incomprises ou éludées. Le gouverneur de la BCT sera aujourd’hui auditionné à l’ARP. Il devra répondre peutêtre des quelques manquements qui ont valu au pays d’être classé sur une liste noire des pays exposés au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme. L’on est carrément dans le surréalisme, quand on pense à ce petit pays paisible, grand par ses hommes et qui jusqu’au jour d’aujourd’hui est la seule démocratie, certes encore fragile, du monde arabe. Il y a quelques années, une éternité, sous le gouvernement de la Troïka, un certain gouverneur de la BCT a été livré aux chiens. Limogé par l’ancien président provisoire Moncef Marzouki. Une grande cabale. Mustpha Kamel Nabli avait osé dire « non ! ». Ses « non ! » sont légendaires. Il l’a ostentoirement dit à Ben Ali au plus fort moment de son règne avant de prendre le large, forcé, vers le grand large : l’Amérique et la Banque mondiale. Excusez du peu. A l’Assemblée des représentants du peuple, il avait dit pourquoi il dit « non ! » aux manigances. De là à dire que nos problèmes avec les listes noires ont commencé par la suite, rien n’est moins sûr. Ce qui est toutefois sûr est que les « non » étaient devenus moins systématiques. Ce que le pays avait gagné en démocratie et en liberté, il l’avait perdu en rigueur et transparence. En rigueur surtout. Parce qu’en termes de transparence, on en fait peut-être un peu trop ! Un peu trop en ce sens qu’on n’assure pas par ailleurs en termes de coordination et de correctifs à apporter. La Cour des comptes, et même la BCT, fait d’excellents rapports et puis ? Chedly Ayari est attendu aujourd’hui à l’ARP. Ce sera un moment fort. Comme l’avait été à l’époque l’audition de Mustpha Kamel Nabli. Aura-t-il cependant l’audace de tout dire comme l’avait fait son prédécesseur ? Nous l’espérons vivement car il y a eu un amoncellement de dossiers et d’ambiguïtés qu’il faudra solder.