Sortir de la torpeur, avancer
IL nous faudra peut-être conjurer le mauvais sort. Depuis sept ans, nous semblons comme saisis par une profonde torpeur. Pourtant, nous avons tant de fois tenté de nous en dégager. Irrésistiblement cependant, nous y replongeons très vite. Sans doute pourrions-nous dire que nous sommes toujours dans un état de traumatisme postrévolutionnaire et qu’il faudra laisser du temps au temps pour la grande oeuvre de la cicatrisation, de l’apaisement qui nous rendra alors toute notre capacité de discernement. Oui, nous pouvons volontiers y souscrire en admettant qu’une révolution, et ce n’est pas propre à la Tunisie, est comparable à un tsunami, tout du moins à une grande tempête de sable. Nous pouvons volontiers y souscrire si toutefois dans le sillage de cette grande et lente oeuvre d’«un retour à la normale» ne viennent s’inscrire, et d’une manière significativement récurrente, les théories de la conspiration, petite et grande, du complot, voire du chaos organisé. Tout naturellement, la sécheresse intellectuelle et l’absence d’une grande vision pour le pays laissent le champ libre au développement et à l’ancrage de ces folles théories dans les consciences. Et c’est exactement à ce niveau que réside le danger pour un pays soucieux de son avenir...
Si l’on n’y prenait pas garde en immunisant la société contre ces croyances, en cultivant auprès d’elle les valeurs du patriotisme, de l’engagement par le travail, il y aurait sérieusement à craindre pour l’avenir. La Tunisie moderne a été édifiée par les pères fondateurs, Bourguiba en tête, sur la base de la Raison et de l’esprit des Lumières…
Il faut immuniser les Tunisiens contre l’enfermement, le repli sur soi et la désertification intellectuelle. Les arts, la culture, la musique, le théâtre, le sport sont des ingrédients puissants dans cette quête. Il faut tout faire pour en réintroduire la pratique dans les écoles et les lycées.
Il faut aussi assumer l’ouverture sur le reste du monde: dompter la globalisation et non la rechercher pour ses produits (iphone, Nike, et autres...) et la craindre pour ses effets.
Il faut enfin favoriser les échanges entre étudiants, sociétés civiles..., et savoir exiger de l’Europe le bénéfice d’Erasmus pour nos 250.000 étudiants...
Si l’on n’y prenait pas garde en immunisant la société contre ces croyances, en cultivant auprès d’elle les valeurs du patriotisme, de l’engagement par le travail, il y aurait sérieusement à craindre pour l’avenir.