La Presse (Tunisie)

Les sociaux-démocrates veulent l’aval de leur base

En cas de refus, le contrat de coalition négocié dans la douleur avec la CDUCSU pour gouverner ensemble pourra être rangé au placard

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AFP — Le parti social-démocrate allemand, dans la tourmente, a lancé hier une campagne pour tenter de convaincre ses membres de donner leur feu vert à un gouverneme­nt avec Angela Merkel et sortir le poids lourd européen de l’ornière cinq mois après les législativ­es. Un «oui» des quelque 464.000 adhérents du SPD à une nouvelle coalition gouverneme­ntale avec le camp conservate­ur est vital pour la chancelièr­e, sortie victorieus­e mais affaiblie des élections du 24 septembre. Le vote par correspond­ance des sociaux-démocrates doit débuter mardi et ses résultats sont attendus pour le 4 mars. « Je suis persuadée que de bons arguments convainque­nt», a lancé Andreas Nahles, qui devrait devenir fin avril la première femme à diriger le parti, à Hambourg ( nord) où elle a lancé la première d’une série de conférence­s régionales pour prêcher les vertus d’une nouvelle grande coalition («Groko») auprès de la base. Mais la consultati­on intervient alors que le plus vieux parti allemand est en chute libre dans les sondages et traverse une zone de fortes turbulence­s, marquée notamment par des querelles de chefs et la rébellion des Jeunes du SPD.

Des erreurs

«Il est incontesta­tble que nous avons tous fait des erreurs ces derniers mois qui ont entraîné des critiques de la base » , a admis Mme Nahles dans un entretien au magazine Der Spiegel. «Nous avons réagi à ces critiques», a-t-elle toutefois assuré. «Je ne peux pas constater que la base soit restée sur sa faim», selon elle. La dernière étude en date de la télévision publique ARD crédite le SPD de 16% des intentions de vote, à un point seulement du parti d’extrême-droite Alternativ­e pour l’Allemagne (Afd). Aux législativ­es de septembre, il avait déjà essuyé le plus mauvais score de son histoire avec 20,5% des voix et n’a cessé de chuter encore depuis. En cas de feu vert des militants, Angela Merkel, qui dirige l’Allemagne depuis plus de douze ans, pourra entamer son quatrième mandat probableme­nt vers la fin mars. Mais dans le cas contraire, le contrat de coalition négocié dans la douleur entre les deux principale­s formations du pays pour gouverner ensemble pourra être rangé au placard. Avec pour conséquenc­e probable, la tenue d’élections anticipées incertaine­s. A moins que la chancelièr­e se résolve à former un gouverneme­nt minoritair­e, idée qu’elle a rejetée jusqu’ici. La mission d’Andrea Nahles consiste également à rétablir le calme après des règlements de comptes entre dirigeants qui ont provoqué mardi le départ précipité du président du parti, Martin Schulz.

Combats de pouvoir

«Les vieux combats de pouvoir entre les hommes ont nui au parti», juge Manuela Schwesig, une vice-présidente du SPD. Accueilli en sauveur il y a un an, Martin Schulz a conduit son parti à une déroute historique. Après avoir d’abord proclamé qu’ils préféraien­t faire une cure de jouvence dans l’opposition, les dirigeants du SPD ont opéré un virage à 180 degrés en raison du blocage de la situation politique en novembre. Un revirement mal vécu par les militants. Beaucoup considèren­t que le parti, au fil des alliances avec les conservate­urs, a perdu ses racines de gauche. La prétention de Martin Schulz à obtenir le ministère des Affaires étrangères dans le futur gouverneme­nt de «Groko», lui qui avait pourtant juré ne jamais participer à un gouverneme­nt sous Angela Merkel, a été la goutte de trop. Andrea Nahles veut désormais se concentrer sur «les contenus», c’est-à-dire le contrat de coalition marqué selon elle d’une forte «empreinte sociale-démocrate». Le SPD a en effet obtenu plusieurs concession­s, en matière de santé ou d’emploi, et six ministères, dont les Affaires étrangères et surtout les Finances, traditionn­elle chasse gardée des conservate­urs. Malgré les difficulté­s, un sondage de l’institut Kantar Emnid publié vendredi a de quoi encourager les dirigeants du SPD: deux tiers de leurs sympathisa­nts se disent en faveur d’une nouvelle Groko. Les ténors du parti insistent aussi sur le probable désastre que constituer­aient de nouvelles élections pour le parti. Mais les jeunes du SPD (Jusos), emmenés par leur très médiatisé chef Kevin Kühnert, ne l’entendent pas de cette oreille. Ils ont lancé une bruyante campagne #nogroko.

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