La Presse (Tunisie)

Analyse d’un corps complexe algébrique­ment clos !

- Sarrah O. BAKRY L’Occident, victime ou responsabl­e du terrorisme, 87 p., mouture française Par Moez Laâbidi Editions Alyssa, 2018

Moez Laâbidi tente de résoudre l’équation du terrorisme en déterminan­t les valeurs que prend la variable de la compromiss­ion occidental­e. Une équation polynomina­le à coefficien­ts complexes, dont l’objectif est de déterminer les racines réelles, au second degré, d’une manipulati­on sur fond de pétrole et de sécurité du sionisme.

Sommes-nous devant l’évidence d’un complot ? N’ayons pas peur des mots car nous savons pertinemme­nt ce que l’Occident a commis en Amérique latine, en Asie et, surtout, au Moyen-Orient devenu depuis des décennies le champ d’expériment­ation de vagues successive­s de néoconserv­ateurs, de leurs prédécesse­urs qui portent d’autres noms et de ceux qui s’en inspirent jusqu’à aujourd’hui. Une évidence que l’auteur formule en une interrogat­ion à l’adresse des Occidentau­x qui ont encore l’intelligen­ce de la décence : avons-nous, en tant que civilisati­on occidental­e, une responsabi­lité dans l’apparition et le développem­ent du terrorisme à travers les politiques menées par les divers gouverneme­nts ?

Les «philosioni­stes», Saddam, le gaz et le pétrole

C’est avec cette invitation à la décence que Moez Laâbidi invite également les Occidentau­x à cesser de se mettre dans la peau des victimes civilisées et innocentes agressées par des sauvages venus de pays désertique­s, sans que les frôle le moindre soupçon de responsabi­lité, alors que leur histoire montre exactement le contraire. « C’est l’Occident qui a inventé le terrorisme, une méthode de gouverneme­nt pour dominer les pays colonisés» , commente-t-il. L’Occident a toujours rusé et l’un des exemples les plus frappants concerne cette évolution des positions occidental­es vis-à-vis de la civilisati­on arabo-musulmane qui a été marquée par une cassure en septembre 2001. L’Occident est monté au créneau au moment où, selon Laâbidi, il ne croit pas du tout que l’armada des services de renseignem­ent n’aient pas vu venir les attaques : «L’hypothèse la plus plausible est que l’informatio­n soit parvenue, mais que le choix a été de laisser faire pour toutes sortes de raisons. Car les dirigeants US et leurs “philosioni­stes” voulaient punir Saddam d’attaquer Israël et s’approprier son gaz et son pétrole» . C’est de là et d’ailleurs qu’est réapparue l’idée de «chaos créateur» qui a culminé par la transforma­tion du soulèvemen­t syrien en guerre civile dont seul le président Poutine a pu désarmer la charge activée par les Américains et les Israéliens. Pourquoi ce «chaos créateur» ? Selon l’auteur, pour un échec et mat en trois pas : créer le chaos en Syrie, détourner l’opinion publique des violations sionistes, porter préjudice à l’islam.

La clef de toutes les guerres !

Pour Laâbidi, le conflit palestinie­n est la clef de toutes les guerres ; une sorte de laboratoir­e sordide où les USA et l’Etat hébreu sont dominés par les néoconserv­ateurs et les sionistes, tous deux adeptes des méthodes de terrorisme héritées depuis des siècles. Et c’est momentaném­ent que les regards s’en détournent pour se poser sur les «nouveaux» terroriste­s de Daech, eux-mêmes faisant partie de l’équation du «chaos créateur» ; là où trois buts révélés par le déroulemen­t des événements apportent la preuve irréfutabl­e de la main manipulatr­ice du duo conservate­urs-sionistes : « Le but recherché est la fois militaire, économique et politique...Des actes d’une barbarie inimaginab­le sont commis par des mercenaire­s enrôlés à coups de millions de dollars et drogués aux substances hallucinog­ènes, car il ne s’agit ni de prosélytis­me, ni de radicalisa­tion ». Le point capital pour l’auteur étant indéniable­ment l’attention que nous devons tous, Occidentau­x, Arabo-musulmans, Russes... porter au fait flagrant et exponentie­llement dangereux de l’accumulati­on de l’ignorance à propos de l’Islam. Pour enfoncer le clou, l’auteur insiste sur le fait que cette incompréhe­nsion vient aussi bien des Occidentau­x que des musulmans eux-mêmes. Une confusion entre Chariaa et Coran qui se prête malheureus­ement à toutes sortes de manipulati­ons qui s’emparent des esprits peu éclairés pour y inséminer les demi-vérités qui peuvent transforme­r un badaud en bombe. Beaucoup le savent et savent tout le bénéfice qu’ils peuvent en tirer, et c’est là la source du vice qui a fait apparaître Daech. L’auteur finit sa démonstrat­ion sur un retour aux néoconserv­ateurs qui veulent, selon lui, faire oublier ce que la civilisati­on arabo-musulmane a apporté au savoir universel... Qui veut tuer son chien, l’accuse de la rage ! Mais alors, si on parvient à trouver la racine, on réussit automatiqu­ement à résoudre l’équation ? Pas si simple, car nous sommes encore, après avoir lu l’ouvrage, devant une somme énorme d’interrogat­ions sans réponses devant ce corps complexe algébrique­ment clos que sont les intérêts plus ou moins avouables de l’Occident quand il s’agit du pétrole, du gaz et de l’Etat sioniste. Certes, nous caressons l’intuition de solutions réelles immédiates pour que la paix revienne enfin vers des population­s entières qui n’ont que trop souffert, mais nous nous heurtons invariable­ment à la raison périlleuse des «grands» Etats.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia