Analyse d’un corps complexe algébriquement clos !
Moez Laâbidi tente de résoudre l’équation du terrorisme en déterminant les valeurs que prend la variable de la compromission occidentale. Une équation polynominale à coefficients complexes, dont l’objectif est de déterminer les racines réelles, au second degré, d’une manipulation sur fond de pétrole et de sécurité du sionisme.
Sommes-nous devant l’évidence d’un complot ? N’ayons pas peur des mots car nous savons pertinemment ce que l’Occident a commis en Amérique latine, en Asie et, surtout, au Moyen-Orient devenu depuis des décennies le champ d’expérimentation de vagues successives de néoconservateurs, de leurs prédécesseurs qui portent d’autres noms et de ceux qui s’en inspirent jusqu’à aujourd’hui. Une évidence que l’auteur formule en une interrogation à l’adresse des Occidentaux qui ont encore l’intelligence de la décence : avons-nous, en tant que civilisation occidentale, une responsabilité dans l’apparition et le développement du terrorisme à travers les politiques menées par les divers gouvernements ?
Les «philosionistes», Saddam, le gaz et le pétrole
C’est avec cette invitation à la décence que Moez Laâbidi invite également les Occidentaux à cesser de se mettre dans la peau des victimes civilisées et innocentes agressées par des sauvages venus de pays désertiques, sans que les frôle le moindre soupçon de responsabilité, alors que leur histoire montre exactement le contraire. « C’est l’Occident qui a inventé le terrorisme, une méthode de gouvernement pour dominer les pays colonisés» , commente-t-il. L’Occident a toujours rusé et l’un des exemples les plus frappants concerne cette évolution des positions occidentales vis-à-vis de la civilisation arabo-musulmane qui a été marquée par une cassure en septembre 2001. L’Occident est monté au créneau au moment où, selon Laâbidi, il ne croit pas du tout que l’armada des services de renseignement n’aient pas vu venir les attaques : «L’hypothèse la plus plausible est que l’information soit parvenue, mais que le choix a été de laisser faire pour toutes sortes de raisons. Car les dirigeants US et leurs “philosionistes” voulaient punir Saddam d’attaquer Israël et s’approprier son gaz et son pétrole» . C’est de là et d’ailleurs qu’est réapparue l’idée de «chaos créateur» qui a culminé par la transformation du soulèvement syrien en guerre civile dont seul le président Poutine a pu désarmer la charge activée par les Américains et les Israéliens. Pourquoi ce «chaos créateur» ? Selon l’auteur, pour un échec et mat en trois pas : créer le chaos en Syrie, détourner l’opinion publique des violations sionistes, porter préjudice à l’islam.
La clef de toutes les guerres !
Pour Laâbidi, le conflit palestinien est la clef de toutes les guerres ; une sorte de laboratoire sordide où les USA et l’Etat hébreu sont dominés par les néoconservateurs et les sionistes, tous deux adeptes des méthodes de terrorisme héritées depuis des siècles. Et c’est momentanément que les regards s’en détournent pour se poser sur les «nouveaux» terroristes de Daech, eux-mêmes faisant partie de l’équation du «chaos créateur» ; là où trois buts révélés par le déroulement des événements apportent la preuve irréfutable de la main manipulatrice du duo conservateurs-sionistes : « Le but recherché est la fois militaire, économique et politique...Des actes d’une barbarie inimaginable sont commis par des mercenaires enrôlés à coups de millions de dollars et drogués aux substances hallucinogènes, car il ne s’agit ni de prosélytisme, ni de radicalisation ». Le point capital pour l’auteur étant indéniablement l’attention que nous devons tous, Occidentaux, Arabo-musulmans, Russes... porter au fait flagrant et exponentiellement dangereux de l’accumulation de l’ignorance à propos de l’Islam. Pour enfoncer le clou, l’auteur insiste sur le fait que cette incompréhension vient aussi bien des Occidentaux que des musulmans eux-mêmes. Une confusion entre Chariaa et Coran qui se prête malheureusement à toutes sortes de manipulations qui s’emparent des esprits peu éclairés pour y inséminer les demi-vérités qui peuvent transformer un badaud en bombe. Beaucoup le savent et savent tout le bénéfice qu’ils peuvent en tirer, et c’est là la source du vice qui a fait apparaître Daech. L’auteur finit sa démonstration sur un retour aux néoconservateurs qui veulent, selon lui, faire oublier ce que la civilisation arabo-musulmane a apporté au savoir universel... Qui veut tuer son chien, l’accuse de la rage ! Mais alors, si on parvient à trouver la racine, on réussit automatiquement à résoudre l’équation ? Pas si simple, car nous sommes encore, après avoir lu l’ouvrage, devant une somme énorme d’interrogations sans réponses devant ce corps complexe algébriquement clos que sont les intérêts plus ou moins avouables de l’Occident quand il s’agit du pétrole, du gaz et de l’Etat sioniste. Certes, nous caressons l’intuition de solutions réelles immédiates pour que la paix revienne enfin vers des populations entières qui n’ont que trop souffert, mais nous nous heurtons invariablement à la raison périlleuse des «grands» Etats.