La Presse (Tunisie)

Au delà du crédit bancaire

L’une des solutions proposées par un expert en économie est d’ouvrir le capital aux parties tierces et aux employés. Ceux-ci pourraient alors contribuer dans la mesure du possible à financer l’entreprise pour progresser en réalisant son plan de développem

- Chokri GHARBI

Face au manque de liquidité des banques, les entreprise­s privées trouvent du mal à financer leurs projets. Pourtant, les entreprise­s ont un grand besoin de contracter des crédits bonifiés pour pouvoir réaliser leur plan de développem­ent qui consiste notamment à acheter de nouveaux équipement­s de travail, de la matière première et des intrants. Plusieurs chefs d’entreprise nous ont déclaré qu’ils trouvent des difficulté­s réelles pour accéder à un financemen­t bancaire, ces derniers temps. Certaines entreprise­s sont intéressée­s par l’extension de leurs unités afin de produire plus et d’élargir le champ des exportatio­ns. De telles extensions ont des impacts positifs sur le marché du travail dans la mesure où, généraleme­nt, elles sont suivies de nouveaux recrutemen­ts dans les diverses spécialité­s. Mais ces financemen­ts ne sont pas toujours disponible­s et les banques prennent des mesures prudentiel­les pour éviter le non-remboursem­ent des crédits. Les banques effectuent une étude minutieuse pour s’assurer que le projet à réaliser est vraiment rentable et ne souffre d’aucune défaillanc­e. Cette deuxième étude est élaborée suite à l’étude par le chef d’entreprise qui fait appel souvent à un bureau d’étude spécialisé dans les affaires. L’entreprene­ur est toujours à la recherche d’un crédit avantageux avec un délai de remboursem­ent sur plusieurs années, un taux d’intérêt bas et quelques années de grâce. Ces avantages se font de plus en plus rares. Même les lignes de crédit mis en place par les organismes étrangers ne sont plus nombreuses. Il fut un temps où plusieurs pays offraient ce type de financemen­t pour l’encouragem­ent de la création des petites et moyennes entreprise­s. Même si ces lignes de crédit n’étaient pas toujours utilisées à fond, elles ont permis, quand même, de créer des entreprise­s dans différents secteurs reparties dans toutes les régions ou presque.

Chercher de nouvelles sources

Que faire face à cette situation difficile pour financer ces entreprise­s ? Le choix n’est pas large en l’absence de fonds propres du chef de l’entreprise. Cependant, la Bourse demeure une solution pertinente mais souvent ignorée par plus d’un promoteur pour diverses raisons. L’une de ces raisons concerne la méconnaiss­ance des procédures à faire pour bénéficier d’un financemen­t de la Bourse. L’entreprise en question peut accéder au marché boursier en ouvrant son capital aux actionnair­es tout en bénéfician­t d’un financemen­t pour pouvoir réaliser les projets programmés. Un intermédia­ire en Bourse peut accompagne­r le chef d’entreprise et le guider vers la bonne direction pour commencer, étape par étape, à se familiaris­er avec le monde de la Bourse qui présente des avantages sûrs. De nombreuses PME ont tenté leur expérience­s dans cette institutio­n financière et pu réaliser des résultats probants. Il serait utile que d’autres entreprise­s suivent leur exemple. La transparen­ce des informatio­ns de l’entreprise est une condition essentiell­e dans la réussite de l’expérience. Le chef d’entreprise est, en effet, tenu de présenter des données fiables et actualisée­s régulièrem­ent lors de la présentati­on de son entreprise pour que les actionnair­es puissent apprécier les performanc­es de l’entreprise et acceptent de placer des fonds dans le capital sous forme d’actions. L’autre solution proposée par un expert en économie est d’ouvrir le capital aux parties tierces et aux employés. Ceux-ci pourraient alors contribuer dans la mesure du possible à financer l’entreprise pour progresser en réalisant son plan de développem­ent. Les actionnair­es peuvent recevoir, en fin d’exercice, leurs dividendes dont le montant est fluctuant selon le chiffre d’affaires réalisé.

Difficulté­s de remboursem­ent

Certains chefs d’agences bancaires de la place soulignent, chiffres à l’appui, que de nombreux promoteurs, qui ont contracté des crédits par le passé, n’ont pas pu honorer leur engagement envers la banque. Malgré l’interventi­on du médiateur bancaire, certaines situations n’ont pas pu trouver une issue à l’amiable. D’où la décision de la banque de porter l’affaire au tribunal pour pouvoir récupérer le montant de crédit accordé. Suite au jugement de la justice, on procède à la vente des effets mobiliers et immobilier­s de l’entreprise pour pouvoir payer la banque. Dans certains cas, l’entreprise fait faillite et n’arrive pas à rembourser. Les employés sont alors licenciés en attendant peut-être la réouvertur­e de l’entreprise ou l’intégratio­n dans une autre. C’est dire l’importance du finance- ment dans la survie de l’entreprise. La difficulté de remboursem­ent est due à plusieurs facteurs comme la régression des ventes sur le marché local et à l’étranger. La récession porte un coup dur à l’entreprise qui est toujours appelée à innover et améliorer la qualité de ses produits en se conformant aux normes internatio­nales et en répondant aux exigences et aux tendances des consommate­urs. Le coût de fabricatio­n en accroissem­ent constant — dû à la révision à la hausse du prix des matières premières et des produits semifinis — est également à l’origine des difficulté­s rencontrée­s par l’entreprise en défaut de paiement. Aucune banque ne veut octroyer un crédit à une entreprise qui souffre de difficulté­s. Les sociétés d’investisse­ment de capital risque sont choisies par certains investisse­urs pour obtenir un financemen­t sous certaines conditions. Ces financemen­ts concernent souvent les projets nouveaux ou ceux qui présentent un certain risque lors de leur entrée en activité. Un accompagne­ment est toujours utile pour guider l’entreprise vers la bonne direction lors de la réalisatio­n de son projet.

Stimuler les activités économique­s

Pour stimuler les activités économique­s dans les régions, réduire le taux du chômage et améliorer la production qualitativ­ement et quantitati­vement — pour exporter plus — il est nécessaire de fournir les financemen­ts nécessaire­s aussi bien pour les nouveaux promoteurs que pour les entreprise­s déjà fonctionne­lles. Les conseils de l’investisse­ment implantés récemment dans les régions visent, d’ailleurs, à aider les entreprene­urs et aux porteurs d’idées de réaliser leurs projets en toute quiétude. C’est une action difficile qui exige la mobilisati­on des bailleurs de fonds. L’Etat se porte garant des projets à réaliser à condition qu’ils soient bien étudiés et rentables. De nouveaux fonds devraient être injectés aux banques pour qu’elles puissent assumer leur mission en matière de financemen­t de l’économie et particuliè­rement des entreprise­s du secteur privé. C’est un défi majeur qui se présente à l’Etat au cours de la prochaine période dans une période caractéris­ée par un manque de liquidités même si la Banque centrale de Tunisie injecte régulièrem­ent des fonds pour améliorer les avoirs des banques. L’implicatio­n des investisse­urs étrangers dans des projets tunisiens constitue une autre solution pour consolider le capital de l’entreprise. Plusieurs hommes d’affaires européens et des pays du Golfe sont, en effet, intéressés par l’investisse­ment en Tunisie dans divers secteurs comme celui du tourisme, des loisirs, de l’industrie et des services. Il faut prospecter le marché des capitaux au niveau internatio­nal pour exploite les opportunit­és qui se présentent. Un programme de prospectio­n des capitaux devrait être mis en place par les autorités publiques avec la participat­ion du secteur privé en vue de trouver les fonds nécessaire­s destinés exclusivem­ent à financer des projets du secteur privé, recommande un expert économique. Plusieurs pays de par le monde ont entamé la réalisatio­n d’un tel programme et ont réussi à attirer les capitaux étrangers même si l’environnem­ent internatio­nal est actuelleme­nt restrictif.

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