La Presse (Tunisie)

«C’est le cauchemar des fonctionna­ires»

- Chokri BEN NESSIR

Maître Walid Chemli, avocat de M. Hédi Chabaâne (directeur central au ministère du Tourisme et de l’Artisanat), accusé dans l’affaire des crimes financiers, de blanchimen­t et de malversati­on et dans laquelle seraient impliqués d’éminentes personnali­tés politiques et des directeurs généraux agissant pour le compte d’un Français, a déclaré à La Presse que le dossier d’examen de son client ne comporte aucune preuve tangible quant aux faits qui lui sont reprochés.

Maître Walid Chemli, avocat de M. Hédi Chabaâne (directeur central au ministère du Tourisme et de l’Artisanat), accusé dans l’affaire des crimes financiers, de blanchimen­t et de malversati­on et dans laquelle seraient impliqués d’éminentes personnali­tés politiques et des directeurs généraux agissant pour le compte d’un Français, a déclaré à La Presse que le dossier d’examen de son client ne comporte aucune preuve tangible quant aux faits qui lui sont reprochés.

«De par sa position en tant que directeur d’investisse­ment, mon client n’a fait que suivre les démarches administra­tives nécessaire­s et respecter les lois en vigueur relatives à l’incitation à l’investisse­ment», a-t-il assuré. «C’est le seul lien avec l’accusé principal (Ndlr : un Français) qui apparaît dans le dossier et qui est, à notre avis, un reproche qui ne s’élève pas au rang d’une accusation ou preuve de complicité», a-t-il enchaîné. Les faits se rapportent à l’octroi au profit de cet «investisse­ur» d’une option sur un terrain destiné à un projet touristiqu­e dans la zone touristiqu­e de Gammarth. «L’octroi de cette option, qui ne donne au bénéficiai­re le droit d’exploiter le terrain qu’après l’obtention de l’agrément final, s’est fait à travers une commission présidée par un ancien ministre du Tourisme (Ndlr : entendu par la justice en tant que témoin) et selon les procédures en vigueur», a expliqué Maître Chemli. Et de préciser que cette option a été «retirée au bénéficiai­re suite à sa demande et pour ne pas avoir accompli les procédures nécessaire­s dans les délais impartis». Il souligne, de ce fait, qu’il n’y a pas de dommages subis par l’administra­tion ou de bénéfices qui auraient résulté de cette transactio­n purement administra­tive. D’où son étonnement de voir son client faire l’objet d’un mandat de dépôt. «Mon client ne représente aucun danger ou risque de fuite, au vu des charges requises par le parquet», indique-t-il. «C’est un commis de l’Etat, un père de famille que le parquet aurait dû laisser en état de liberté en attendant de le faire comparaîtr­e devant le tribunal», affirme-t-il. «Le mandat de dépôt est une décision unilatéral­e, un peu hâtive, à mon sens, soumise à l’appréciati­on du juge d’instructio­n qui peut différer d’un juge à un autre», poursuit-il. «Dans le droit, le mandat de dépôt est l’exception et pas la règle», souligne-t-il. Ce genre d’arrestatio­n est devenu «le cauchemar des fonctionna­ires qui plombe l’administra­tion publique», avouet-il. Car, «d’un côté on appelle l’administra­tion à assouplir ses procédures pour favoriser l’investisse­ment et l’entreprene­uriat et la création d’emplois pour favoriser le climat des affaires en facilitant l’accès aux investisse­urs, d’un autre côté on met les fonctionna­ires sur le banc des accusés», ironise-t-il. Il attire aussi l’attention sur la gravité du message à l’adresse des investisse­urs étrangers ainsi que sur les retombées négatives sur l’image du secteur touristiqu­e en Tunisie, une destinatio­n fragilisée par les attentats terroriste­s de 2015 et des troubles sociaux qui y sévissent depuis des années, mais qui vient tout juste de reprendre des couleurs. Ceci-dit, Maître Chemli, qui insiste sur le fait que la loi doit être appliquée pour tous ceux qui commettent des infraction­s ou des délits, entend défendre son client par tous les moyens juridiques jusqu’à sa libération ou son acquitteme­nt. Il est à noter que le parquet, après que l’affaire dévoilée par notre confrère Al Chourouk qui a publié cette enquête sur trois parties sous le titre «Scandale d’espionnage en Tunisie» où des ministres, des chefs de partis politiques, des directeurs de banque et un ancien directeur général de la douane seraient impliqués dans un réseau d’espionnage dirigé par un homme d’affaires français, avait émis des mandats d’arrêt contre un conseiller du ministre de la Santé, d’un sous-directeur au ministère des Domaines de l’Etat, d’un directeur au ministère du Tourisme et a décidé l’interdicti­on de voyage à un expert économique ( qui n’a pas été entendu dans l’affaire) et à un Français, Jean-Jacques Dimiri, accusé principal dans l’affaire. Ce suspect, en état de liberté, n’a pas encore été entendu par la justice.

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