La Presse (Tunisie)

Redonner confiance au peuple

- Par Jawhar CHATTY

UN grand sentiment d’inquiétude se ressent auprès de beaucoup de gens. «Inch Allah khir». C’est immanquabl­ement ce que rétorquent nombre de Tunisiens quand on les interpelle sur la «situation actuelle» du pays. Cela en dit long sur l’état d’esprit qui est le leur. Cela en dit long aussi sur la triste réalité qui est aujourd’hui la nôtre. On peut bien sûr mettre ça sur le compte de la grande lassitude qui est devenue aujourd’hui abattement. Mais quand des personnali­tés politiques de premier plan et une certaine élite glissent elles aussi sur ce terrain, nous sommes bien en droit de nous inquiéter quant à l’avenir de nos enfants.

Beaucoup de Tunisiens ont fini par désespérer des politiques et n’attendent presque plus rien d’eux. D’autres observent un attentisme prudent. Beaucoup, sinon tous, vivotent en espérant des jours meilleurs. Toutes ces postures et tous ces profils foncièreme­nt négatifs, est-ce bien responsabl­e ? Estce bien responsabl­e dans un pays où les jeunes représente­nt plus de 70% de la population ? Le déficit de confiance devient alors vraiment problémati­que.

La confiance qui s’érode est cependant la responsabi­lité de tous. Il ne faudrait pas, à cet égard, charger seulement et outre mesure la classe politique. Celle-ci fait ce qu’elle peut quand elle n’a pas les yeux rivés sur les échéances électorale­s…

L’élite (les élites) a, dans cet état d’abattement général, également sa part de responsabi­lité. Sa démission, sa dispersion et où le chacun-pour-soi domine, font qu’elle est aujourd’hui peu, voire pas du tout, audible. Il y a aussi les égoïsmes, les forces d’inertie qui craignent pour leur confort et sont réticentes aux réformes et au changement. Ou peut-être simplement que la vision est absente, ce qui est encore plus inquiétant. Redonner confiance aux Tunisiens est aujourd’hui plus qu’impérieux. Cela ne pourra cependant se faire que si on leur montre que nous savons où nous allons.

la confiance qui s’érode est cependant la responsabi­lité de tous. Il ne faudrait pas, à cet égard, charger seulement et outre mesure la classe politique. Celle-ci fait ce qu’elle peut quand elle n’a pas les yeux rivés sur les échéances électorale­s…

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