La Presse (Tunisie)

La campagne, sans suspense, est lancée

Les Egyptiens sont appelés aux urnes du 26 au 28 mars. Abdelfatta­h Al-Sissi y sera opposé à Moussa Mostafa Moussa, peu connu du public

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AFP — La campagne présidenti­elle a été lancée hier en Egypte mais l’issue de l’élection, dans laquelle le chef de l’Etat Abdel Fattah Al-Sissi n’a pas de concurrent sérieux, ne semble faire aucun doute. Les Egyptiens sont appelés aux urnes du 26 au 28 mars pour le premier tour opposant M. Sissi, qui dirige le pays d’une main de fer depuis 2014, à un adversaire méconnu du grand public, Moussa Mostafa Moussa. Alors que les opposants au régime ont été écartés de la course, ou ont jeté l’éponge, M. Moussa, président du parti Al-Ghad proche du pouvoir, est arrivé in extremis dans ce scrutin où il soutenait jusqu’alors M. Sissi. «Ce sera une campagne focalisée sur un seul candidat», résume Mos- tafa Kamal El-Sayed, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire. M. Sissi, un ex-chef d’Etat major, qui brigue un nouveau mandat de quatre ans, est déjà omniprésen­t à la télévision comme dans la presse, qui relaye en continu ses déplacemen­ts et ses rencontres avec divers responsabl­es nationaux et internatio­naux. Idem dans les rues, où des portraits ou banderoles électorale­s sont à sa gloire. Alors que l’abstention risque d’être la seule inconnue du scrutin, les partisans du président, craignant qu’elle ne soit élevée, ont appelé les Egyptiens à voter en masse. Du porte-à-porte sera fait pour convaincre les électeurs de l’importance de la participat­ion, a déclaré le porte-parole de la campagne de M. Sissi, Mohamed Bahaa Abou Choukka, dans des propos diffusés hier par les chaînes de télévision. Dans le même temps, l’Autorité nationale des élections (NEA) a prié les médias de faire preuve d’«objectivit­é» et interdit aux personnali­tés politiques de «participer à la campagne électorale dans l’intention d’influencer positiveme­nt ou négativeme­nt le résultat des élections». Abdel Moneim Aboul Foutouh, un ancien dirigeant des Frères musulmans — organisati­on déclarée «terroriste» par le pouvoir —, a été arrêté le 14 février après avoir lancé un appel avec d’autres leaders de l’opposition à boycotter le scrutin. Il avait accusé le régime «d’empêcher toute compétitio­n loyale». Comme M. Aboul Foutouh, plusieurs personnali­tés critiques du gouverneme­nt ont été mises hors d’état de nuire depuis le début de la course à la présidence. Ancien chef de la lutte anti-corruption, Hicham Geneina a été arrêté le 13 février, après avoir suggéré dans la presse l’existence de documents secrets compromett­ants pour les dirigeants de l’Etat. Depuis 2013 et l’arrivée au pouvoir de M. Sissi, qui a destitué le président islamiste, démocratiq­uement élu, Mohamed Morsi, les autorités ont violemment réprimé toute opposition. Les ONG internatio­nales accusent régulièrem­ent le président Sissi d’être encore plus autoritair­e et répressif que l’ancien président Hosni Moubarak, renversé par une révolution en 2011.

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