La Presse (Tunisie)

Soutenir l’agricultur­e africaine à vocation commercial­e

- Partenaria­t avec les Etats-Unis

«Je ne cherche pas de l’aide pour l’Afrique. Ce que je cherche, ce sont des investisse­ments pour l’Afrique», souligne le président de la Banque africaine de développem­ent.

Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développem­ent, a avancé de solides arguments en faveur d’un engagement accru des investisse­urs américains et autres en faveur de l’Afrique, afin d’aider à libérer le potentiel agricole de ce continent. C’était le jeudi 22 février, en Virginie, aux Etats-Unis, lors du 94e Forum sur les perspectiv­es d’avenir de l’agricultur­e du ministère américain de l’Agricultur­e, où Adesina était invité à intervenir, sur le thème «Les racines de la prospérité». «Depuis trop longtemps, l’agricultur­e a été associée à ce que j’appelle les trois “P” : pénibilité, pénurie et pauvreté, a déploré le président de la Banque africaine de développem­ent. Le fait est que l’agricultur­e est un secteur créateur de richesses, prêt à offrir de nouvelles opportunit­és économique­s qui permettron­t à des centaines de millions de personnes de sortir de la pauvreté».

Changer la perception de l’agricultur­e

Etaient présents, Sonny Perdue, le secrétaire d’Etat américain à l’Agricultur­e, Stephen Censky, le secrétaire d’Etat adjoint de l’Agricultur­e, Kenneth Quinn, le président de la Fondation du prix mondial de l’alimentati­on, Robert Johansson, économiste en chef du ministère de l’Agricultur­e, Warren Preston, économiste et chef adjoint du même ministère, outre de nombreux hauts fonctionna­ires et industriel­s américains. Dans son allocution, M. Adesina a appelé le secteur privé américain à changer radicaleme­nt la façon dont il perçoit l’agricultur­e africaine. «Pensez-y : d’ici à 2030, la taille du marché agricole et agroalimen­taire africain représente­ra mille milliards de dollars. C’est le moment pour les entreprise­s agroalimen­taires américaine­s d’investir en Afrique, et ce, pour de bonnes raisons : pensez à un continent où, selon McKinsey, la consommati­on des ménages devrait atteindre près de 2 100 milliards de dollars d’ici à 2025, et les dépenses inter-entreprise­s, 3 500 milliards de dollars. Pensez à un continent regorgeant de 840 millions de jeunes, la population la plus jeune du monde d’ici à 2050». Les autorités américaine­s ont ainsi été invitées à se positionne­r à l’avant-scène des efforts destinés à encourager les entreprise­s productric­es d’engrais et de semences, les fabricants de tracteurs et autres équipement­s, ainsi que les spécialist­es en irrigation et technologi­es agricoles pour décupler leurs investisse­ments sur le continent africain.

«Vous, la nation qui fut la première à m’inspirer et qui m’a ensuite accueilli à bras ouverts, permettez-moi de vous dire que je suis ici pour nouer un partenaria­t avec les Etats-Unis : un véritable partenaria­t, pour aider à transforme­r l’agricultur­e en Afrique et, ce faisant, libérer le potentiel agricole du continent, stimuler la création de richesses qui sortiront des millions de personnes hors de la pauvreté en Afrique, tout en créant en retour de la richesse et des emplois ici même, aux Etats-Unis» , a déclaré le lauréat 2017 du Prix mondial de l’alimentati­on à l’adresse du public du forum. Face aux plus de 2 000 délégués présents, Akinwumi Adesina a indiqué que la Banque africaine de développem­ent est le fer de lance de plusieurs initiative­s de transforma­tion des activités commercial­es et agricoles. «Nous lançons le Forum de l’investisse­ment en Afrique, une plateforme 100 % transactio­nnelle, afin de tirer parti des fonds de pension mondiaux et des autres investisse­urs institutio­nnels et les inciter à investir en Afrique. Ce forum aura lieu du 7 au 9 novembre 2018, à Johannesbu­rg.» La Banque mondiale, la Société financière internatio­nale, la Banque interaméri­caine de développem­ent, la Banque européenne de reconstruc­tion et de développem­ent, la Banque asiatique d’investisse­ment en infrastruc­tures et la Banque islamique de développem­ent se sont associées au Forum d’investisse­ment en Afrique afin de réduire les risques pesant sur les investisse­ments privés.

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