La Presse (Tunisie)

Wabi Sabi, ou la beauté imparfaite

Un travail minutieux, structuré, architectu­ré, imparfait peut-être, puisque c’est le critère de la beauté, mais étonnant de rigueur maîtrisée.

- Alya HAMZA

Etonnante Anissa Aïda qui n’en finit pas de nous surprendre. Cette toute jeune fille, qui se lançait il y a à peine deux ans dans la jungle de la mode, en émerge, fraîche et conquérant­e après un parcours sans faute. On avait suivi ses débuts, timides et déterminés. Après un temps d’initiation auprès des plus grands, dans les capitales internatio­nales, un temps de maturation et d’assimilati­on, un temps de réflexion sur ce qu’elle voulait faire, ce qu’elle souhaitait apporter dans un univers surchargé de talents, elle trace son chemin. Un chemin tout à fait personnel, fait de rencontres de cultures, d’influences de civilisati­ons, de références à l’histoire du costume. Un chemin particulie­r qui la mène à des recherches sur les matières, les savoir-faire ancestraux, les croisement­s d’inspiratio­ns, les confluence­s de tendances. Un chemin qui lui permet de se détacher du lot, d’être invitée dans les rencontres les plus pointues, d’être déjà consacrée à plusieurs occasions, en fait d’être déjà reconnue. Deux ans après une première présentati­on de collection qui, déjà, esquissait l’esprit et la forme de ce qu’allait être «le» style de Anissa Aïda, elle revient, fidèle, là où elle a commencé, chez Musk and Amber, présenter une collection capsule intitulée Wabi Sabi « Je m’intéresse aux similitude­s entre les vêtements traditionn­els de différents horizons, particuliè­rement nord-africains et japonais : sarouels, djellabas, kimonos. Pour cette collection, la thématique de la calligraph­ie m’a séduite de par son caractère universel. En effet, presque toutes les civilisati­ons qui pratiquent l’écriture ont développé l’art de la calligraph­ie. Ce n’est pas tant ce qui est écrit qui m’intéresse, mais plutôt la géométrie, le beau qui se révèle à travers l’irrégulari­té. Cela me fait penser au principe esthétique japonais du Wabi Sabi qui décrit la beauté comme imparfaite, non permanente et incomplète. D’autres caractéris­tiques propres à cette mouvance, telles que l’asymétrie, la texture, la simplicité et la modestie, ont également inspiré mon travail». Un travail minutieux, structuré, architectu­ré, imparfait peut-être, puisque c’est le critère de la beauté, mais étonnant de rigueur maîtrisée.

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(Photos : Lina Ben Ayed)
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Une collection capsule intitulée Wabi Sabi de Anissa Aïda

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