Wabi Sabi, ou la beauté imparfaite
Un travail minutieux, structuré, architecturé, imparfait peut-être, puisque c’est le critère de la beauté, mais étonnant de rigueur maîtrisée.
Etonnante Anissa Aïda qui n’en finit pas de nous surprendre. Cette toute jeune fille, qui se lançait il y a à peine deux ans dans la jungle de la mode, en émerge, fraîche et conquérante après un parcours sans faute. On avait suivi ses débuts, timides et déterminés. Après un temps d’initiation auprès des plus grands, dans les capitales internationales, un temps de maturation et d’assimilation, un temps de réflexion sur ce qu’elle voulait faire, ce qu’elle souhaitait apporter dans un univers surchargé de talents, elle trace son chemin. Un chemin tout à fait personnel, fait de rencontres de cultures, d’influences de civilisations, de références à l’histoire du costume. Un chemin particulier qui la mène à des recherches sur les matières, les savoir-faire ancestraux, les croisements d’inspirations, les confluences de tendances. Un chemin qui lui permet de se détacher du lot, d’être invitée dans les rencontres les plus pointues, d’être déjà consacrée à plusieurs occasions, en fait d’être déjà reconnue. Deux ans après une première présentation de collection qui, déjà, esquissait l’esprit et la forme de ce qu’allait être «le» style de Anissa Aïda, elle revient, fidèle, là où elle a commencé, chez Musk and Amber, présenter une collection capsule intitulée Wabi Sabi « Je m’intéresse aux similitudes entre les vêtements traditionnels de différents horizons, particulièrement nord-africains et japonais : sarouels, djellabas, kimonos. Pour cette collection, la thématique de la calligraphie m’a séduite de par son caractère universel. En effet, presque toutes les civilisations qui pratiquent l’écriture ont développé l’art de la calligraphie. Ce n’est pas tant ce qui est écrit qui m’intéresse, mais plutôt la géométrie, le beau qui se révèle à travers l’irrégularité. Cela me fait penser au principe esthétique japonais du Wabi Sabi qui décrit la beauté comme imparfaite, non permanente et incomplète. D’autres caractéristiques propres à cette mouvance, telles que l’asymétrie, la texture, la simplicité et la modestie, ont également inspiré mon travail». Un travail minutieux, structuré, architecturé, imparfait peut-être, puisque c’est le critère de la beauté, mais étonnant de rigueur maîtrisée.