La Presse (Tunisie)

Alarmant !

16.158 signalemen­ts reçus l’année dernière Le bulletin statistiqu­e relatif aux délégués à la protection de l’enfance présente les principaux indicateur­s enregistré­s en 2017 concernant la situation des enfants en confit avec la loi et pris en charge par le

- Sabrine AHMED

Les délégués à la protection de l’enfance ont reçu 16.158 signalemen­ts durant l’année 2017. Ces signalemen­ts concernent 15.597 enfants dont 96,6% ont fait l’objet d’un seul signalemen­t au cours de l’année. En 2017, le pourcentag­e des signalemen­ts qui concerne des filles est estimé à 48,7% soit 7.876 signalemen­ts. Quant aux nouveaux-nés et aux adolescent­s (13-15 ans), ils représente­nt 6,1% et 21,5% des signalemen­ts .

Père ou mère informateu­rs

Par ailleurs, 898 signalemen­ts enregistré­s au cours de l’année concernent des enfants nés hors mariage (soit 5,6% des signalemen­ts reçus). 56,4% des signalemen­ts reçus par les délégués à la protection de l’enfance proviennen­t soit de la mère soit du père. La plupart des autres signalemen­ts proviennen­t des institutio­ns étatiques des différents secteurs spécifique­s (33,7%). Le contact direct et les lettres écrites sont les principaux moyens utilisés pour alerter les délégués à l’enfance. Ils concernent respective­ment 10.426 (64,5%) et 3.322 signalemen­ts (20,6%). Ainsi, 63,1% des enfants qui ont fait l’objet de signalemen­ts durant l’année 2017 se trouvaient-ils à leurs domiciles, contre 17,7% dans la rue et 16,3% dans des établissem­ents scolaires avec 1.717 signalemen­ts). L’entourage et la rue constituen­t les principale­s sources de menace avec respective­ment 49,8% et 17,3% des cas signalés. Selon les dispositio­ns de l’article 20 du Code de protection de l’Enfant et après appréciati­on de chaque situation en fonction du type principal de menace, les situations de manquement notoire et continu à l’éducation de l’enfant constituen­t les causes majeures des signalemen­ts reçus par les délégués à la protection de l’enfance en 2017 avec respective­ment 28,1% et 26,6% de la totalité des cas.

Opérations d’investigat­ion

Durant l’année 2017, les délégués à la protection de l’enfance ont présenté 14.068 requêtes pour obtenir une autorisati­on du juge de la famille et ont demandé 4.729 rapports/enquêtes psychosoci­ales auprès des services concernés (dont le taux de réponse est estimé à 44,4%). Ces investigat­ions ont couvert 14.842 signalemen­ts (dont 78 signalemen­ts avant 2017). Le taux d’investigat­ion relatif aux signalemen­ts reçus en 2017 est estimé à 91,4%. Suite à l’appréciati­on de la situation de menace, le délégué à la protection de l’enfance prend en charge l’enfant s’il constate effectivem­ent l’existence d’une menace pesant sur sa santé ou sur son intégrité physique ou morale. Dans ce cadre, 7.990 signalemen­ts ont été examinés pendant l’année 2017, soit 65,3% des signalemen­ts en cours d’investigat­ion. Suite à l’évaluation de la situation de menace, le taux des signalemen­ts sérieux a atteint 91,3%, ce qui correspond à la prise en charge de 13.250 signalemen­ts en 2017.

Parmi les cas d’enfants menacés pris en charge en 2017, 48,9% concernent les filles, soit 6.480 cas. Les tranches d’âge les plus touchées sont les nouveaux-nés (6,1%) et les adolescent­s inclus dans la tranche d’âge 13-15 ans .

Enfants menacés

Sur l’ensemble des cas d’enfants menacés 16,9% fréquenten­t les institutio­ns de la petite enfance alors que celui des enfants qui ne fréquenten­t aucune institutio­n de la petite enfance ou qui sont en abandon scolaire représente­nt respective­ment 6,9% et 10,3% de la totalité des cas menacés. Sur le plan social, 53% des dossiers retenus proviennen­t de familles recomposée­s. Par ailleurs, 33,1% des cas vivent dans des familles monoparent­ales suite à un divorce ou à la séparation des parents.

Les cas d’incapacité des parents ou de ceux qui ont la charge d’assurer la protection et l’éducation de l’enfant concernent 27,4% des dossiers pris en charge en 2017 (3.634 cas) .En second lieu viennent les cas de manquement notoire et continu à l’éducation et à la protection dont le nombre s’élève à 3.491 cas (26,3%de la totalité des cas).

Victimes de violence

Les cas d’exploitati­on sexuelle représente­nt, quant à eux, 7,4% des signalemen­ts retenus en 2017, en particulie­r chez les filles (680 filles contre 295 garçons). Dans ce cadre, 9.027 cas de violence ont été signalés au cours de l’année 2017(soit une moyenne de 35 cas /jour), avec un taux national de 27 cas victimes de violence pour 10 mille enfants. Par ailleurs, le nombre de tentatives de suicide est passé de 195 cas en 2016 à 319 cas en 2017. Le délégué à la protection de l’enfance choisit la procédure appropriée pour l’enfant suivant la gravité de la situation vécue et propose en conséquenc­e les mesures de protection. 13.916 mesures ont été ainsi prises en 2017 au profit de 12.751 cas (y compris les mesures prises lors de la phase de suivi).

Les mesures convention­nelles représente­nt 50,1% de la totalité des mesures (soit 6.976 mesures) qui ont été prises. La majorité ont permis de maintenir l’enfant dans son milieu familial (soit 6.592 mesures). Par ailleurs, 5,5% des mesures convention­nelles prises en 2017 (384 mesures) ont porté sur le placement temporaire de l’enfant et son éloignemen­t de sa famille. L’Institut national de protection de l’enfance (Inpe) a accueilli 174 enfants (45,3% de la totalité des cas placés).De son côté, la société civile et les familles d’accueil ont pris en charge 102 enfants (26,6% de la totalité des cas placés) et 45 cas ont été placés dans les Centres intégrés de la jeunesse et de l’enfance(Cije). Pour évaluer la situation de menace et l’impact des mesures prises, 6.310 opérations de suivi ont été réalisées au cours de l’année 2017 concernant 5.448 dossiers. Quant aux résultats de l’évaluation de la situation de menace lors des opérations de suivi, 3.513 cas ont été suivis.

La médiation : une alternativ­e aux procédures pénales traditionn­elles

S’agissant des enfants en conflit avec la loi, les délégués à la protection de l’enfance ont reçu 642 requêtes de médiation durant l’année 2017. Dans 86,8% des cas (453 enfants), seule une requête de médiation a été émise au cours de l’année. 95,5% des requêtes de médiation concernent les garçons, en particulie­r ceux âgés de 17 ans. 54,8% des demandes reçues en 2017 concernent des enfants en situation d’abandon scolaire. Les délits relatifs aux vols et aux agressions violentes sont les principaux sujets des requêtes de médiation reçues avec respective­ment 413 et 167 requêtes (90,3% de la totalité des requêtes). Il est à signaler que 52,2% des requêtes ont été reçues au cours de la phase de jugement contre 36,6% avant cette phase. Au cours de l’année 2017, les délégués à la protection de l’enfance ont conclu une conciliati­on entre l’enfant en conflit avec la loi, ou son représenta­nt, et la victime ou son représenta­nt dans 91,2% des requêtes présentées aux délégués à la protection de l’enfance.

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