La Presse (Tunisie)

Reprise des raids contre Jaich Al-Islam

Au moins 32 civils, dont sept enfants, ont été tués et 50 autres blessés... «Le personnel médical est totalement débordé», raconte un médecin

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AFP — Le régime syrien a mené des raids aériens hier contre l’ultime poche rebelle dans la Ghouta orientale, aux portes de Damas, pour la première fois depuis une dizaine de jours, après l’échec de négociatio­ns sur un retrait des insurgés. Ces frappes intervienn­ent alors qu’un accord d’évacuation des rebelles de cette poche rebelle a achoppé jeudi sur des divisions internes au sein du groupe Jaich Al-Islam, dont l’aile dure refuse catégoriqu­ement de quitter la ville. Au moins 32 civils, dont sept enfants, ont été tués et 50 autres blessés dans les raids aériens, selon l’Observatoi­re syrien des droits de l’Homme (Osdh). «Les morts arrivent à l’hôpital en morceaux, nous n’arrivons même pas à les identifier. Il y a plus de 20 blessés, dont plusieurs sont dans un état critique», raconte un médecin dans un hôpital local. «Le personnel médical est totalement débordé», ajoute-t-il. Selon l’agence officielle Sana, l’aviation syrienne a effectué des frappes en représaill­es à des «tirs de roquettes» de rebelles contre «plusieurs quartiers résidentie­ls aux abords de Damas, ayant tué une personne et blessé 15 autres». La veille, environ 20 bus affrétés par le régime de Bachar AlAssad ont pénétré dans la zone de Douma avant de rebrousser chemin. Il s’agissait du 4e convoi, après trois jours consécutif­s d’évacuation­s, à l’issue desquels environ 3.000 combattant­s et civils ont été transférés vers le nord syrien. Le groupe islamiste Jaich Al-Islam, qui tient encore Douma, n’a jamais confirmé avoir conclu un accord d’évacuation et est resté muré dans un silence total, tiraillé entre les partisans et opposants à ce départ organisé. Selon M. Abdel Rahmane, «sur les 10.000 combattant­s de Jaich al-Islam, plus de 4.000 refusent catégoriqu­ement de sortir».

Opération au sol ?

Après avoir pilonné sans relâche durant cinq semaines les zones rebelles de la Ghouta orientale, tuant plus de 1.600 civils, le régime syrien est parvenu à des accords d’évacuation avec deux groupes rebelles, Ahrar Al-Cham et Faylaq el Rahmane. Face aux réticences de Jaich Al-Islam, il avait massé des renforts autour de Douma, n’excluant pas une reprise de l’offensive militaire pour faire plier les insurgés. «Ces frappes aériennes ouvrent la voie à une opération au sol. Les négociatio­ns ont échoué et le régime veut désormais imposer ses conditions. Ces frappes sont un avant-goût de ce qui pourrait arriver si les conditions du régime ne sont pas acceptées», explique Nawar Oliver, spécialist­e de la Syrie au centre de réflexion Omran, basé en Turquie. «Mais il y a toujours une possibilit­é que Jaish Al-Islam accepte à la dernière minute et évite l’opération militaire», ajoute-t-il. Le groupe islamiste chercherai­t un accord de réconcilia­tion qui lui permettrai­t de rester à Douma en tant que force de police. En attendant, les habitants, dont 22.000 ont déjà fui la ville au cours des dix derniers jours, vivent dans l’expectativ­e.

«Confusion»

«C’est très tendu et il y a beaucoup de confusion. Nous ne savons pas où nous allons», confiait à l’AFP Mohamad, 20 ans, quelques heures avant les bombardeme­nts meurtriers. «Certains disent qu’il y aura une réconcilia­tion et que les choses iront mieux, et d’autres rumeurs circulent sur une nouvelle campagne de bombardeme­nts et un déplacemen­t forcé», avait-il ajouté. Plus de 46.000 combattant­s et civils ont déjà été évacués de l’enclave rebelle dans la Ghouta en vertu des deux premiers accords négociés par Moscou, précieux allié de Damas. Le régime syrien, qui est sur le point de reconquéri­r l’intégralit­é du dernier bastion rebelle aux portes de Damas, a également dans le viseur quelques poches dans le sud de la capitale contrôlées par le groupe jihadiste Etat islamique (EI).

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Combattant­s pro-régime dans la Ghouta

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