La Presse (Tunisie)

L’ex-espion empoisonné n’est plus dans un état critique

«Son état de santé s’améliore», affirment les médecins de l’hôpital de Salisbury, où il est maintenu en soins

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AFP — L’état de santé de Sergueï Skripal «s’améliore rapidement», a annoncé hier l’hôpital où est soigné l’ex-espion russe empoisonné au Novitchok, un agent chimique dont Moscou a nié qu’il aurait été fabriqué dans une ville fermée de la région de la Volga. L’ex-agent double de 66 ans «répond bien au traitement, son état de santé s’améliore rapidement, il n’est plus dans un état critique», ont déclaré les médecins de l’hôpital de Salisbury (sud-ouest de l’Angleterre). L’état de santé de sa fille de 33 ans, Ioulia Skripal, elle aussi hospitalis­ée, s’améliore «quotidienn­ement», a précisé une médecin, Christine Blanshard. «Elle attend avec impatience le jour où elle pourra sortir de l’hôpital». Montrée du doigt, Moscou, qui a explicitem­ent accusé les services secrets britanniqu­es et américains de se trouver derrière cette attaque, reste de son côté ferme dans ses démentis. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a accusé hier Londres de «chercher fébrilemen­t et frénétique­ment chaque jour une quelconque confirmati­on de leur position indéfendab­le».

«Porton Down russe»

La position britanniqu­e «restera indéfendab­le jusqu’à ce que ce le Royaume-Uni accepte franchemen­t (...) de mettre tous les faits sur la table», a-t-il ajouté à Minsk, où il était en déplacemen­t. Il réagissait à un article du quotidien britanniqu­e The Times qui, citant des sources au sein des services de sécurité britanniqu­es, affirme que l’agent innervant militaire utilisé pour empoisonne­r Sergueï Skripal a été préparé à Chikhany, une ville interdite d’entrée sans autorisati­on officielle de la région de Saratov (sud-ouest de la Russie), près de la Volga. Pour The Times, Chikhany ne serait rien moins qu’un «Porton Down russe», du nom du laboratoir­e militaire britanniqu­e spécialisé dans les recherches chimiques et biologique­s. «Toutes les bases où des armes chimiques ont été stockées sont bien connues. Chikhany n’est pas une d’entre elles», a balayé Mikhaïl Babitch, représenta­nt du Kremlin dans le district fédéral de la Volga et ancien président de la Commission d’Etat russe pour le désarmemen­t chimique, cité par Interfax. Le nom de Chikhany n’est pas totalement inconnu. Cette ville où est installée une branche de l’Institut de recherches d’Etat pour la Chimie et les Technologi­es organiques (GNIIOKhT) a été citée par plusieurs scientifiq­ues russes ayant travaillé sur le programme soviétique Novitchok, montré du doigt par les Britanniqu­es. Vil Mirzaïanov, le chimiste qui avait révélé dans les années 1990 l’existence de ce programme, a affirmé dans un livre qu’il a été mis au point dans les années 1980 à Chikhany. Un autre scientifiq­ue russe, Leonid Rink, a affirmé en mars à l’agence de presse russe Ria Novosti qu’un «grand groupe de spécialist­es développai­t le Novitchok à Moscou et à Chikhany», avant que ce média ne revienne sur ses propos.

Armes chimiques

La Grande-Bretagne accuse la Russie de l’empoisonne­ment, sur le sol anglais, de Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia mais Moscou dément fermement ces accusa- tions, qui ont provoqué une grave crise diplomatiq­ue et des expulsions de diplomates. La confrontat­ion entre Moscou et les Occidentau­x a continué jeudi à l’ONU, où la Russie a accusé Londres de mener une campagne pour «discrédite­r» Moscou et «de l’accuser sans preuve» Il est difficile d’établir où a été produit l’agent innervant qui a empoisonné les Skripal, a déclaré au journal russe Novaïa Gazeta Vil Mirzaïanov, précisant comprendre les accusation­s anglaises. «Aucun pays n’a autant d’expérience pour produire du Novitchok que l’URSS, et maintenant la Russie». Selon le site internet de l’Institut GNIIOKhT, sa branche de Chikhany est maintenant impliquée dans un travail relatif à «assurer la sécurité» du pays et à détruire des armes chimiques encore possédées par la Russie. En septembre 2017, le président Vladimir Poutine a déclaré que Moscou avait détruit ses dernières réserves d’armes chimiques héritées de l’époque de la Guerre froide, conforméme­nt aux termes de la Convention de 1997 sur l’interdicti­on des armes chimiques.

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