Matière et transparence
L’artiste nous raconte, à travers des scènes allégoriques, la vie qui se tisse autour de la mer, celle des pêcheurs qui se confondent par moments aux poissons pêchés, pris eux-mêmes dans le tourbillon des filets ou encore celle des naufragés et des voyage
L’espace Ain abrite, jusqu’au 14 avril, une double exposition, «Terre» de Safwen Aloulou et «Mer» de Mohamed El Baati («Mer»). Deux approches artistiques que le photographe et teneur des lieux, Mohamed Ayeb, a choisi de réunir dans un même rendez-vous car liées par ce souci de raconter la nature et ses éléments. «Je m’ouvre, de plus en plus, sur l’intérieur du pays, sur ce qui se fait en matière d’art dans d’autres villes en dehors de la capitale», affirme le galeriste qui nous présente, cette fois, les travaux des deux artistes plasticiens et enseignants à l’institut supérieur des arts et métiers de Sfax, Mohamed Baâti et Safouane Aloulou. Originaire de la Chebba et faisant partie de la promotion de 1987 de l’Ecole des Beaux-Arts de Tunis, Mohamed Baâti ou «Le Cousteau-plasticien», comme se plaît à l’appeler Mohamed Ayeb, nous plonge, à travers ses 13 huiles sur toile réunies sous l’intitulé «Mer», dans les profondeurs d’une Méditerranée qui a bercé son enfance. Une exploration picturale semi-figurative faite d’effets de transparence et de lumières, d’une palette de couleurs froides et de touches diaphane où l’écume se confond aux nuages, les poissons aux étoiles. L’artiste nous raconte, à travers des scènes allégoriques, la vie qui se tisse autour de la mer, celle des pêcheurs qui se
confondent par moments (Dans «Pêche en groupe» ) aux poissons pêchés, pris eux-mêmes dans le tourbillon des filets ou encore celle des naufragés et des voyageurs clandestins qui tentent une traversée périlleuse en quête d’une vie meilleure. Safouane Aloulou qui a étudié, également, à l’Ecole des BeauxArts de Tunis (Promotion 1997),
nous raconte, dans son exposition «Terre», la nature, l’invoque et l’évoque et puise en elle. Elle est son atelier et lui offre inspiration, matériaux et outils. Son travail est moins dans la transparence, plus dans la condensation de la matière. Une «matériologie» (résine, terre, cire et autres matériaux collés) qui donne des effets de textures et de lumières. Une
approche quasi abstraite dans laquelle se détache, dans une palette ocre (dans l’ensemble), une subtile figuration. L’artiste connecté à la nature et à ses éléments se fond en elle, ses toiles jaillissent de ses profondeurs, elle en est la matrice. L’exposition se poursuit jusqu’au 14 avril.