Un documentaire rend hommage à la culture alternative
Salah Hammouda, Hatem Boukesra, le groupe Zouaoula, Adnene Hellali, Bahri Ben Yahmed sont, entre autres, les principaux personnages de ce documentaire italien projeté mercredi soir à l’espace Mass’Art, et qui rend hommage à la culture de proximité et à la
Gaïa Vianelleo est une documentariste italienne qui vit à Venise. Elle a co-réalisé ce documentaire avec Juan Martin Baigorria : «L’idée de ce documentaire m’est venue lorsque j’ai visité en 2015 la Tunisie pour voir ce qui se passait quatre ans après la révolution. Je voulais surtout voir l’évolution des rapports entre le citoyen et l’espace public, dit-elle. On s’est rendu compte qu’à ce moment-là, la chose la plus importante qui se passait en Tunisie était l’éclosion de tous ces collectifs de jeunes qui naissent, qui travaillent dans l’espace public pour faire en sorte que l’art et la culture soient accessibles à tout le monde. A partir de là, on a commencé à filmer et on est revenu plusieurs fois. On a commencé par l’espace Mass’art pour aller ensuite découvrir ce qui se passait à Sidi Bouzid Semmama, Sbeïtla, Gabès» . Pendant 70 minutes, le documentaire nous fait voyager, en effet, de Tunis à Sbeïtla en passant par les Monts Semmama en mettant en valeur les conditions souvent très difficiles où ces mouvements sont nés et leur motivation première qui est celle de porter l’art dans l’espace public en prenant parfois des risques et en se confrontant assez souvent aux exactions des obscurantistes. «A partir des contestations de décembre 2010, un genre esthétique et politique, le street-art, s’est emparé des rues et de l’espace public tunisiens, en les transformant en lieux où les créations artistiques et culturelles prennent forme et véhiculent un message qui parvient de manière directe aux citoyens, lit-on dans le synopsis. Collectifs de writers, compagnies de danse, de théâtre et clubs de cinéma ont transformé les places, les médinas et les marchés de Tunis et de la Tunisie devenant de nouvelles scènes accessibles à tous, afin de sensibiliser la société civile à l’art, conçu comme devoir citoyen». En accompagnant le travail des groupes comme Zouaoula, Mass’Art, Ghar boys, DanseursCitoyens, Art Solution, CorpsCitoyen, Brotha From Another Motha Company et beaucoup d’autres, le documentaire enquête sur une nouvelle modalité de citoyenneté active dans la Tunisie post-révolutionnaire et sur l’impact que celle-ci pourra avoir, dans le futur, sur la société tunisienne en général, et en particulier sur les nouvelles générations, en diffusant une culture alternative aux instances les plus radicales du pays. «J’ai choisi de donner le titre les amoureux des bancs publics à ce film parce que Brassens est l’un de mes artistes préférés et j’ai trouvé que ce titre est très révélateur par rapport à des artistes qui travaillent dans l’espace public, ajoute la réalisatrice. Ce documentaire à été également projeté en Italie dans le but de prouver qu’en Tunisie, il y a des choses positives qui sont en train d’avoir lieu et qu’il ne faut pas se fier aux mauvaises nouvelles véhiculées par les news» . Un documentaire où la parole de ceux qui pratiquent cette culture de la résistance, face aux idées obscurantistes souvent beaucoup plus asservissantes que l’ancienne dictature, prend la forme d’un témoignage héroïque qui demeurera dans l’histoire de la Tunisie qui a la chance d’enfanter une génération pleine de lumière.