La Presse (Tunisie)

Redonner espoir

- Par Jawhar CHATTY

On demande aux tunisiens de positiver et de garder espoir en l’avenir. bien sûr qu’il faudra garder espoir en l’avenir. il faudra toutefois donner aux tunisiens les raisons de le faire. unis, main dans la main, c’est seulement ainsi que l’on pourra dégager les voies de l’avenir et envisager cet avenir avec beaucoup de lucidité et de sérénité.

LA ROUTINE. 70% de la population tunisienne a aujourd’hui le moral au plus bas. C’est grave. Le chef de l’Etat lui-même l’a clairement souligné dans son discours du 20 mars à l’occasion de la célébratio­n du 62e anniversai­re de l’indépendan­ce. Le plus préoccupan­t est que l’on ne semble rien faire pour redresser le moral des Tunisiens.

Bien sûr, le gouverneme­nt se débat au quotidien, contre vents et marées, pour maintenir le cap des réformes. Bien sûr qu’il ne se passe pas un jour sans qu’il n’annonce de grands projets : Startup Act, Tunisie numérique, efficacité énergétiqu­e avec une forte orientatio­n vers les énergies renouvelab­les. Bien sûr. Mais cela ne parle pas au peuple.

Le peuple voit son pouvoir d’achat se dégrader. Une inflation à 7,6%, ce n’est tout de même pas peu. Et à suivre les lectures et projection­s, réalistes, des experts du FMI, elle pourrait passer bientôt à 10%... Le mois de Ramadan est à nos portes. Gare aux dérapages !

Non, le plus grave n’est pas cela. Le peuple tunisien a une extraordin­aire capacité de résistance. Le plus grave est ce grand risque, latent et qui couve, d’une rupture de confiance du peuple d’avec la classe politique. Le fort désolant et honteux spectacle qu’on lui donne à voir sous la coupole du Palais du Bardo n’arrange à cet égard en rien les choses. A-t-on mandaté un député pour qu’il en appelle à la vindicte et au lynchage ? Ou tel autre qui, carrément, appelle de ses voeux à un coup d’État militaire ? Pendant ce temps, des textes de projets de loi sommeillen­t dans les tiroirs de l’Assemblée des représenta­nts du peuple… Il faudra savoir s’affranchir du surplace.

Rien n’est plus ravageur que ce sentiment d’abattement que certains trouvent du reste un malin plaisir à exagérer, à amplifier. On demande aux Tunisiens de positiver et de garder espoir en l’avenir. Bien sûr qu’il faudra garder espoir en l’avenir. Il faudra toutefois donner aux Tunisiens les raisons de le faire. Unis, main dans la main, c’est seulement ainsi que l’on pourra dégager les voies de l’avenir et envisager cet avenir avec beaucoup de lucidité et de sérénité.

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