La Presse (Tunisie)

La droite populiste favorite pour un troisième mandat

Crédité d’une avance de 20 à 30 points dans les sondages et avantagé par le mode de scrutin, le parti national-conservate­ur Fidesz du dirigeant hongrois Viktor Orban est assuré d’arriver en tête

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AFP — Les Hongrois votaient en masse hier à l’occasion d’élections législativ­es où le Premier ministre sortant, Viktor Orban, icône des droites populistes européenne­s, est donné favori pour remporter un troisième mandat d’affilée, malgré un possible recul dans les urnes. «L’avenir du pays est en jeu. Nous ne nous contentons pas d’élire les partis, le gouverneme­nt et le Premier ministre, mais nous choisisson­s aussi l’avenir du pays», a déclaré M. Orban après avoir voté très tôt à Budapest. Crédité d’une avance de 20 à 30 points dans les sondages et avantagé par un mode de scrutin à un tour combinant majorité simple par circonscri­ption et proportion­nelle, le parti national-conservate­ur Fidesz du dirigeant hongrois est assuré d’arriver en tête, selon les experts. Mais la mobilisati­on particuliè­rement forte des électeurs depuis le début de la journée interrogea­it sur l’ampleur de la victoire promise : M. Orban avait remporté en 2010 et 2014 une «super-majorité» au Parlement. Il pourrait cette fois devoir se contenter d’une majorité relative, qui serait un sérieux revers pour lui. Au pointage de 15h00 (13h00 GMT), la participat­ion affichait une hausse de plus de huit points par rapport à la même heure en 2014, à 53,6%, une évolution considérée par les analystes comme défavorabl­e au Fidesz. Quelque 7,9 millions de Hongrois sont appelés à prendre part à ce scrutin qui s’achèvera à 19h00 (17h00 GMT). En l’absence de sondages à la sortie des urnes, les premières projection­s ne seront connues que plus tard dans la soirée. «La logique veut que le Fidesz gagne, mais il y potentiell­ement de la surprise dans l’air», a estimé pour l’AFP le politologu­e Gabor Torok. «Je vote pour le Fidesz, qui d’autre ?», a confié à l’AFP une électrice retraitée, Karin, qualifiant Vikor Orban de «bénédictio­n». A l’inverse, Gergely, 73 ans, a donné sa voix à l’opposition jugeant que «la seule place possible pour Orban est le banc d’entraîneur de l’équipe de football de Felcsut», son village d’origine où des millions ont été investis dans des équipement­s dédiés à ce sport, sa passion.

Lassitude ?

La gauche et le parti d’extrême droite Jobbik, qui a modéré son discours, espèrent capitalise­r sur la lassitude d’une partie des électeurs envers les diatribes de M. Orban, 54 ans, contre la «menace» migratoire et contre le milliardai­re George Soros, obsessions de sa campagne. L’opposition a fait campagne en dénonçant le clientélis­me, la déliquesce­nce des services publics et un pouvoir d’achat insuffisan­t qui, malgré un taux de chômage au plus bas (3,8%), conduit de nombreux Hongrois à s’expatrier. Le Fidesz a essuyé en février un sérieux coup de semonce : un candidat unique de l’opposition, Peter Marki-Zay, avait alors remporté à la surprise générale des municipale­s dans un fief réputé imprenable du Fidesz, Hodmezovas­arhely. «Il y a clairement une ambiance de changement de système», a estimé dimanche M. M. Marki-Zay, devenu une des voix les plus écoutées de la campagne. M. Orban n’a depuis cette alerte cessé d’agiter le spectre d’une possible défaite de son camp, synonyme selon lui de chaos migratoire et de victoire d’«ennemis» qui «veulent déposséder» les Hongrois de leur pays. Il a notamment rappelé que, donné favori à l’issue de son premier mandat (1998-2002), il avait dû s’incliner aux législativ­es. Admiré par les droites populistes européenne­s, honni par ceux qui l’accusent de dérive autoritair­e, M. Orban, devenu le fer de lance de la lutte contre l’immigratio­n en Europe, entend rendre «irréversib­les» les changement­s impulsés depuis son retour au pouvoir en 2010.

Admirateur de Poutine

Admirateur revendiqué du président russe Vladimir Poutine et chantre d’une démocratie «illibérale», il a assumé un style de gouverneme­nt limitant certaines libertés au nom de l’«intérêt national», reprise en main de l’économie, des médias et de la justice à la clé. L’opposition et de nombreux observatoi­res internatio­naux accusent ces réformes d’avoir porté atteinte à l’Etat de droit et entraîné un recul des valeurs démocratiq­ues. Le dirigeant a aussi multiplié les bras de fer avec l’Union européenne, notamment sur la question migratoire. Des procédures d’infraction ont été ouvertes contre Budapest en raison notamment de lois renforçant le contrôle sur les organisati­ons de la société civile. Malgré son opposition à une intégratio­n renforcée de l’UE, M. Orban n’a cependant jamais menacé de quitter l’Union, son pays étant l’un des principaux bénéficiai­res des fonds européens qui ont contribué à son dynamisme économique retrouvé, après la crise de la fin des années 2000.

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