La Presse (Tunisie)

L’ONU opposée à un retour immédiat des Rohingyas

Les autorités birmanes doivent d’abord régler «des problèmes graves relatifs à la liberté de mouvement, la cohésion sociale, les moyens de subsistanc­e et l’accès aux services», estime la chargée des Affaires humanitair­es

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AFP — Les conditions dans l’Etat Rakhine, en Birmanie, ne sont «pas propices» au retour des Rohingyas, a estimé hier l’ONU, contredisa­nt les affirmatio­ns des autorités birmanes. « Actuelleme­nt, les conditions ne sont pas propices à un retour volontaire, durable et dans la dignité», a déclaré à l’AFP la secrétaire générale adjointe de l’ONU, chargée des Affaires humanitair­es, Ursula Mueller. La diplomate allemande, qui s’exprimait à l’issue d’une visite de six jours en Birmanie, au cours de laquelle elle s’est rendue en Etat Rakhine, a estimé que les autorités birmanes doivent régler «des problèmes graves relatifs à la liberté de mouvement, la cohésion sociale, les moyens de subsistanc­e et l’accès aux services». La Birmanie s’est de son côté dite prête pour le retour des Rohingyas. «Nous sommes prêts, les bâtiments sont prêts. Les hôpitaux et cliniques sont prêts», a déclaré cette semaine dans les médias officiels Aung Tun Thet, de la commission gouverneme­ntale birmane chargée de la réinstalla­tion des réfugiés en Etat Rakhine. «Nous avons fait ce que nous pouvions. S’ils ne se sentent pas en sécurité, il n’y a rien que nous puissions faire.» Près de 700.000 membres de la minorité musulmane Rohingya qui vivaient dans l’ouest de la Birmanie, pays à forte majorité bouddhiste, ont fui en masse depuis août vers le Bangladesh, sous la menace de l’armée birmane. La Birmanie dément avec véhémence toute accusation de nettoyage ethnique expliquant n’avoir fait que réagir aux attaques des rebelles musulmans. Officielle­ment, la Birmanie travaille à un plan de retour de cette population musulmane. Mais l’armée et les nationalis­tes bouddhiste­s, dont certains sont accusés d’avoir participé aux exactions, ne cachent pas leur hostilité à ce retour. La plupart des Rohingyas réfugiés au Bangladesh disent ne pas avoir confiance et ne pas vouloir être hébergés dans des camps de transit, ayant peur d’y être oubliés. Les Rohingyas sont la plus grande population apatride du monde, depuis qu’ils ont été privés de la nationalit­é birmane en 1982.

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