Perception et gestion du risque
Peu de clubs et beaucoup moins de joueurs sont assistés dans leurs problématiques juridiques liées à la pratique du sport. Il est rare qu’un expert juridique intervienne dans la rédaction des contrats, la cession ou la concession, l’exploitation, les transferts. En un mot d’intermédiation et d’accompagnement sportifs. L’assistance aux contentieux est également un des aspects importants dans le droit du sport. Les clubs tunisiens, comme dans beaucoup d’autres pays, sont des institutions à finalités multiples et à gouvernance complexe. Par ailleurs, comme leur activité est par nature organisée et produite dans un environnement composite, il leur est de plus en plus difficile de développer une stratégie à valeur juridique. Pourtant, ils ont des caractéristiques spécifiques qui les distinguent des autres entreprises et limitent leur champ d’action. Cela a des conséquences sur le système de pilotage de la performance sportive qui reste en général subordonnée au système de pilotage de la performance juridique. Cela permet de s’interroger sur l’assistance juridique dans le football tunisien. Il est difficile aujourd’hui de comprendre et d’expliquer les modes de structuration, encore moins le pilotage du cadre juridique du système dans lequel évoluent les clubs tunisiens. L’absence d’assistance dans les différentes transactions sportives a coûté cher à plusieurs équipes. Il y en a auxquels on a défalqué des points pour défaillances dans la rédaction des contrats. La Fifa ne laisse rien passer. Le cas du CAB et de l’OB est révélateur. La perception et la gestion du risque sont quasiment absentes dans les clubs tunisiens aussi bien pour les situations stables que celles où les enjeux sont importants. Dans leur majorité écrasante, la maximisation de l’aspect juridique n’est pas un objectif envisagé car cela leur semble peu profitable à court terme. Ils semblent oublier que la vision moderne de la gestion nécessite une modélisation et une comptabilité juridiques. Cette approche plus vaste mais contextualisée par nature fait ainsi appel à une démarche prenant en compte les spécificités sportives. Pour mettre en oeuvre une telle analyse au niveau du secteur du sport, nous avons effectué des entretiens exploratoires auprès d’un panel d’experts de contrôle et de gestion juridiques. Les principaux enseignements sont les suivants : - Les clubs tunisiens visent la performance sportive et l’équilibre financier plus que l’assurance juridique - Il n’y a pas de structures qui jouent un rôle de régulation des pratiques de gestion juridiques. Cela incite à la mise place d’un minimum de contrôle de gestion dans les clubs - L’usage d’indicateurs et de tableaux de bord opérationnels n’est pas généralisé. Le recours aux systèmes globaux de pilotage est réservé à quelques clubs - La mise en oeuvre d’une réelle comptabilité de gestion avec usage régulier juridique n’est le fait que de quelques clubs qui structurent leur organisation. Le football tunisien est une activité où la finalisation est complexe, où la gouvernance est confuse et le risque de défaillances devient chaque jour de plus en plus grand. Un environnement incertain où les clubs sont loin d’avoir les mêmes exigences, les mêmes soucis et les mêmes priorités.