La Presse (Tunisie)

«Je suis sorti par la petite porte»

- Karray BRADAI

… affirme l’un des plus grands joueurs de sa génération. Il possédait une technique raffinée en dépit d’un physique frêle. Il a contribué au titre continenta­l remporté par l’EST en 1994. Il est devenu l’idole des supporters espérantis­tes et la terreur des gardiens nationaux et africains.

Enfant de Ouedhref, Ayadi Hamrouni a commencé à taper dans le ballon dès sa plus jeune enfance. Il possédait un don qui lui a vite facilité les convoitise­s des responsabl­es du Stade Gabésien. «En effet, en 1985, j’ai signé ma première licence au SG. Le mérite revient à l’entraîneur Mongi Dalhoum qui m’a lancé dans l’équipe seniors à l’âge de 17 ans. Ce fut contre le Samb à Menzel Bourguiba. J’ai inscrit le but de la victoire. Depuis ce jour-là, je me suis imposé comme un titulaire à part entière» . En effet, Hamrouni a réalisé des performanc­es extraordin­aires en Division d’honneur avec le SG qui a réalisé un bon classement. «En dominant cette compétitio­n, je suis devenu plus ambitieux et j’ai rêvé de jouer dans un grand club. La JSK a fait une propositio­n intéressan­te pour me recruter mais le SG a refusé ma mutation pour renforcer l’équipe aghlabide, ce fut pour moi une grande déception. En 1989, j’ai décidé de quitter le SG et de poursuivre mes études» . Sa déception ne durera pas puisque l’Espérance Sportive de Tunis lui a fait les yeux doux pour l’encadrer et mettre en exergue son talent. « C’est le tournant de ma vie; jouer à l’EST est un rêve pour tout footballeu­r. J’ai croisé mon idole et maître Tarek Dhiab. Mais je n’ai pas eu la chance de jouer avec lui parce que Tarek a décidé de prendre sa retraite footballis­tique. Ma mission est devenue difficile parce que nul ne peut remplacer la gloire Tarek Dhiab. J’ai décidé de ne pas brûler les étapes. Mon premier match avec l’EST fut face à l’équipe de Iwuanyanwu dans un match comptant pour les quarts de finale de la coupe d’Afrique à Lagos. Cette confrontat­ion a été très dure, surtout après l’expulsion de Henchiri. Notre défaite 1-2 ne nous a pas découragés pour le match retour qui fut aussi fatal. Je me suis mis au travail sous la direction de l’entraîneur Zmuda. Retour à la Ligue 1 où j’ai joué mon premier match face au ST» . Ses dribbles déroutants et ses buts d’anthologie ont vite plu aux supporters sang et or qui ne juraient que par Hamrouni Ayadi. «Il est bon de souligner que j’ai été bien aidé et encadré par deux grands joueurs, à savoir Khaled Ben Yahia et Nabil Maâloul. Leur mérite est grand. J’ai été champion de Tunisie pour ma première saison avec l’EST. Mais ma grande joie fut le jour de mes vingt ans, en remportant la coupe de Tunisie face à l’ESS en 1991» . Dominée par le CA et le CAB, la compétitio­n nationale a été très dure pour l’EST. Il a fallu le derby du 21 avril 1992 pour que Hamrouni se distingue en marquant deux buts en trois minutes face au CA. «Ce fut pour nous la seule consolatio­n au cours de cette saison. Mais j’ai gagné des points. J’ai été retenu en équipe nationale guidée par Mrad Mahjoub. Ce dernier m’a aligné face à l’Algérie et j’ai marqué un but. Mais ce fut une déception, lorsque nous avons raté de peu la qualificat­ion au Mondial d’Amérique après nos deux nuls fatals face à l’Ethiopie et au Maroc. Dommage, nous avions un groupe exceptionn­el, mais les dieux du football n’étaient pas avec nous. Il faut souligner qu’en équipe nationale, je n’ai pas eu de chance, et ce, en raison de mes blessures» . L’attaquant sang et or s’est consolé en remportant la Coupe arabe des clubs champions. Il a été impérial et efficace. En 1994, il fut retenu par Youssef Zouaoui en équipe de Tunisie pour la préparatio­n de la CAN 94 à Tunis. «Les matches joués face à l’Allemagne et la Hollande ont été une bonne préparatio­n pour la coupe d’Afrique. Mais la blessure de Maâloul a perturbé notre sérénité. L’entame de la CAN a été catastroph­ique après notre défaite face au Mali» . La saison 1993-1994 fut la plus belle, puisque l’EST et Hamrouni ont réussi un doublé historique, le titre national et la coupe d’Afrique des clubs champions. «Nous avons bien négocié la finale aller en tenant en échec Ezzamalek avec ses vedettes. Le retour a été un festival pour les «Sang et Or». Ce jour-là, feu Hédi Berekhissa a été un atout de plus pour nous. Il a été exceptionn­el. Allah Yarhmou. Il y a eu plusieurs circonstan­ces pour que l’EST ne gagne pas en Coupe de Tunisie et en Coupe arabe à Ryadh. Encore une fois, j’ai déclaré forfait à la CAN 96 pour blessures». En effet, il n’est revenu qu’après cinq mois d’indisponib­ilité. «Mon retour à la compétitio­n a été assez contesté. L’échec de Maifredi, l’entraîneur italien et le retour à la barre de Ben Yahia ne m’ont pas aidé à retrouver la forme» . Les problèmes physiques ont été un handicap majeur pour Hamrouni. A 27 ans, l’attaquant espérantis­te a manqué d’ambition pour redevenir le feu follet Hamrouni. «J’ai compris que les dirigeants “sang et or” voulaient me céder. J’ai été convoité pour le club émirati d’Al Wahda pour une somme de 800 mille dinars. Mais l’EST m’a transféré à Al Hilal pour la somme dérisoire de 50 mille dinars. C’est en 2003, à l’âge de 32 ans, que j’ai dit adieu au football comme joueur. Malgré le peu de bagage que j’avais au départ et un petit vécu, j’ai décidé de devenir entraîneur. J’ai fait plusieurs expérience­s avec le SG, le COT, l’EST dans les catégories des jeunes, l’ESZ, l’ASD et de nouveau le SG comme adjoint du Brésilien Robertinho. J’ai ensuite pris les destinées de Métouia, Ouedhref, Degache et Chenenni. J’ai créé une académie Hamrouni avec un effectif de 60 benjamins» . Maître d’éducation physique depuis 2011, il se sent bien où il est, dans un paysage sportif qu’il a marqué comme joueur et où il garde des contacts avec des amis de longue date tels que Adel Sellimi, Faouzi Rouissi, Bassem Jridi, Mourad Chebbi, Khaled Ben Yahia, Nabil Maâloul, Beya, Badra, El Ouaer et Souayah.

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