La Presse (Tunisie)

Sport et humanisme

- Par Kamel GHATTAS

La semaine écoulée a été riche en événements sportifs qui ont marqué l’histoire du sport national et internatio­nal. Evénements heureux, mais aussi malheureux, qui ont considérab­lement titillé cette corde sensible d’un humanisme qui se perd dans les méandres d’une exaltation revanchard­e et d’un fanatisme qui ne dit pas son nom, lesquels s’expriment toutes les semaines, ou presque, à travers des scènes désolantes. Il n’y a presque plus de rencontres sans jets de bouteilles ni hurlements, sans invectives ou protestati­ons. Aussi bien sur les gradins que dans l’enceinte, les gens sont sur leurs nerfs. Un rien les catapulte autour de l’arbitre. A croire qu’il est temps d’inventer une réglementa­tion où les deux adversaire­s gagnent et que personne ne perd.

Le triste épisode du supporter noyé a mobilisé l’opinion et, pour un moment, nous avions repris notre aspect humain, pour nous rappeler qu’il n’y a pas que le sport, que les victoires et la défaite pour se sentir membre d’une communauté qui s’aime et qui ressent les angoisses et les tristesses d’autrui.

L’accident de Atef Dkhili qui a réuni des adversaire­s d’hier, mais amis et frères de toujours, les dirigeants, les supporteur­s et des sportifs anonymes qui ont saisi cette occasion pour exprimer leur émotion, se sont rendus spontanéme­nt au chevet du courageux gardien de but clubiste. Un geste qui en dit long sur les véritables pensées et motivation­s de ces hommes qui ont sans doute, répondre à l’appel de leur conscience et de leur humanisme engourdi par les événements qui se précipiten­t. Ces images, reproduite­s par les différents médias, ont mis du baume au coeur de tous ceux qui ont commencé à désespérer. Ces incidents ternissent l’image du sport national. On a beau tout mettre sur le dos de… l’arbitrage, qui a certes bien des choses à se reprocher, le mal est beaucoup plus profond et on ne semble pas s’en rendre compte.

Même les mordus et ceux qui ne rataient jamais un match de foot avaient fini par décrocher. Il y avait trop de problèmes et si peu de spectacle. Les deux rencontres de l’Equipe de Tunisie ont certes réconcilié quelquesun­s, mais les incidents de la semaine, ce huis clos, lugubre et funeste pour le sport, ont tout remis en question. Notre sport est sur la mauvaise pente et ce vecteur censé rassembler et unir, n’est plus que motif de discorde et de haine.

Motif de satisfacti­on et d’espoir, en revanche, sont cet échange de maillots et ces accolades que Clubistes tunisois et sfaxiens se sont échangés en dépit du résultat qui remet bien des problèmes à flot pour les Sudistes et pour un long bail.

Et ce fut la géniale «bicyclette» de Ronaldo.

Un geste incroyable du Portugais lors de la victoire du Real Madrid à Turin face à la Juventus (3-0), l’image a fait parler. Les médias du monde entier ont analysé la bicyclette impression­nante. Certains ont cherché à définir la hauteur exacte de son saut. On a avancé le chiffre de 2,30m.

«Ce qui est complèteme­nt dingue, c’est l’équilibre et la parfaite coordinati­on, analyse l’entraîneur d’athlétisme Renaud Longuèvre. Malgré la violence des foulées et du geste, il réussit à garder les yeux sur le ballon, ce qui lui permet d’en garder le contrôle. On parle d’un effort surhumain qui est très éprouvant pour le corps. Pourtant, il garde le contrôle technique, il ne redoute pas la chute, il est dans un jeu vidéo. Il a réussi à tout calculer, l’impulsion, la longueur des pas, la puissance à mettre au sol».

Et voilà que tout le stade de Turin se dresse pour le saluer et rendre hommage à ses qualités sans pareilles. Un respect pour l’adversaire mais aussi une reconnaiss­ance pour un travail bien fait avec une applicatio­n et un sérieux qui honorent l’homme et l’athlète.

K.G.

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