L’île de Djerba, creuset des civilisations et des religions
Nous savons que souvent on commence à faire du cinéma par les documentaires, d’où leur importance et la nécessité de s’y intéresser de près. C’est dans ce cadre que Lassaâd El Ghaieb nous a gratifiés d’un documentaire de mémoire intitulé «L’étrange histoire des juifs de Djerba». Un film de 49 mn durant à travers lequel l’on immerge dans l’univers magique de l’île de Djerba, creuset des civilisations et des religions.
A travers le pèlerinage de la Ghriba, Lassaâd El Ghaieb restitue avec une habileté remarquable l’harmonie qui a toujours régné au sein des communautés religieuses de l’île et met en relief les relations amicales et conviviales entre les juifs djerbiens et les musulmans. Témoignages à l’appui, les spécialistes, les historiens et les hommes de religion se succèdent pour affirmer malgré la diversité de leurs compétences que les juifs de Djerba ont toujours formé une communauté intégrée et fortement scellée aux djerbiens arabes ou berbères musulmans. Des scènes de la procession ou «ziara» de la Ghriba viennent illustrer la liberté de culte dont jouissent les juifs comme nulle part ailleurs dans un pays arabe. Dans ce documentaire, Lassaâd El Ghaieb interroge le réel des juifs djerbiens, ces citoyens tunisiens à part entière, qui, par leur histoire plusieurs fois millénaire et leur quotidien animé, présentent l’un des modèles les plus réussis de la coexistence pacifique et paisible entre les peuples, les religions et les races humaines. Il y évoque une coexistence pacifique que le monde actuel peine à établir ailleurs. Dans cette fresque cinématographique, suivent le quotidien mais aussi les péripéties d’un événement grandiose : La Ziara d’El Ghriba (pèlerinage) dans l’un des plus fameux hauts lieux du judaïsme construit en 586 avant JC. Les portraits intimistes de quelques figures juives djerbiennes focalisent sur l’apport culturel et économique de cette communauté. Mais ce film ethnographique, qui est un excellent support de promotion touristique, s’assigne également une autre mission ; celle de la préservation du patrimoine immatérielle de l’île. D’où la pertinence de ce film qui tend à soutenir la candidature de l’inscription de Djerba sur la liste du patrimoine de l’Unesco. Des témoignages recueillis chez des pèlerins venus des quatre coins du monde donnent une image à la fois animée et festive d’un moment de détente inoubliable. Détente religieuse, avec des expressions folkloriques pro- fondément ancrées dans l’histoire et la mémoire de l’île de Djerba. Avec aussi des témoignages reprenant l’histoire du peuple juif, et de ce que d’aucuns appellent un «détournement» de cette histoire par le mouvement sioniste, en prélude au partage de la Palestine et la fondation de l’Etat d’Israël. Réalisé à la manière du «cinéma vérité» ou «cinéma direct», ce documentaire inspirera directement le cinéma de fiction et les jeunes auteurs à s’intéresser à Djerba. Genre cinématographique bien vivant, il retiendra sûrement l’attention des différents festivals consacrés aux documentaires. D’ailleurs, il est prévu de projeter ce film en marge du festival de Cannes.
Excellent support de promotion touristique, ce film ethnographique s’assigne également une autre mission : celle de la préservation du patrimoine immatérielle de l’île.
Genre cinématographique bien vivant, le film retiendra sûrement l’attention des différents festivals consacrés aux documentaires. D’ailleurs, il est prévu de projeter ce film en marge du festival de Cannes.