La Presse (Tunisie)

«L’acteur est aussi un médecin»

- Entretien conduit par Salem TRABELSI

Elle était parmi nous pour l’avant-première du long-métrage de Habib Mestiri, «Vagues Brisées», où elle partage l’affiche avec Ahmed Hafiene. Diplômée de la prestigieu­se faculté «La Sapienza» à Rome en Arts et sciences du spectacle, où elle a préparé une thèse sur le théâtre et la médecine, Ivana Pantaleo est aussi désigner et créatrice de mode particuliè­re, puisqu’elle a lancé une ligne de vêtements biologique­s en introduisa­nt le concept de la thérapie par les vêtements. Comment vous êtes-vous retrouvée à faire l’actrice dans un film tunisien ?

J’ai rencontrée Habib Mestiri lorsque j’ai lancé ma première collection de mode lors d’un défilé à Rome. Depuis, on est resté amis et quand j’ai lu le scénario, je n’ai pas hésité un moment à tourner dans ce film. Le personnage de Chantal m’a beaucoup plu, d’autant plus qu’il correspond à ma personnali­té. Chantal est joviale, elle chante, elle danse, etc. Le sujet du film est très intéressan­t également, parce qu’il raconte des histoires que les nouvelles génération­s n’ont pas vécues. J’ai adoré ce film aussi parce qu’il raconte les choses via l’art du cinéma. L’histoire a besoin d’être enseignée par une démarche autre que didactique qu’on retrouve dans les écoles. Elle a besoin aussi d’être racontée pour les jeunes avec toute la poésie du cinéma.

Comment êtes-vous venue au cinéma ?

Par le théâtre ! Depuis l’âge de 15 ans j’ai fait du théâtre. J’ai tourné mon premier film en 1999. J’ai beaucoup travaillé sur la connexion entre le théâtre et la médecine. C’était le sujet de ma thèse d’ailleurs. Pour moi, il n’y a pas beaucoup de différence entre un médecin et un acteur. Je dirai que l’acteur est aussi un médecin.

Pourquoi ?

Ce qu’on fait, au fait, par l’acting, c’est de la médiation théâtrale. Le théâtre est également une thérapie. Le théâtre est née d’ailleurs avec cette intention. La catharsis dont parlait Arsitote est justement le changement intérieur que le spectateur vit en assistant à un spectacle théâtral. A l’époque, les spectacles étaient tellement longs qu’ils devenaient une transforma­tion pour le public. D’ailleurs, lorsque l’acteur pleure, on pleure avec lui souvent. Scientifiq­uement, cela a été prouvé par un phénomène qu’on appelle «les neurones en miroir». Nous avons un système neuronal qui nous permet d’entrer en empathie avec une autre personne et de vivre ses émotions. L’autre relation entre l’acteur et le médecin remonte aussi à beaucoup plus loin. Avant, la société moderne qui est née au Ve siècle avant J.-C. avec la culture grecque, il y avait des société tribales avec un sage qui faisait aussi office de médecin, mais aussi de «performer». La thérapie était liée à une forme performati­ve à la danse ou au chant

Vous venez du théâtre et du cinéma, mais aussi de la mode....

Effectivem­ent ! Ce sont des passions qui ont l’air d’être loin l’une de l’autre, mais pour moi elles convergent vers un seul objectif qui est celui de créer de la beauté et de l’harmonie. Après mon parcours à l’université La Sapienza, je me suis inscrite dans une école de mode et design parce que j’étais passionnée par l’idée de créer un modèle du début à la fin, de l’idée à la réalisatio­n sans me contenter seulement du dessin. C’est «l’ethicité» de la mode qui m’attire également. Parce que la mode a aussi un côté éthique. J’aime aussi étudier les matériaux qui constituen­t la mode. Malheureus­ement, la mode de ces derniers années (je parle de la mode à partir des années 50-60) est basée sur les matériaux synthétiqu­es qui ne sont pas naturels et donc ne sont pas forcément bénéfiques pour notre santé. C’est pour cela que j’ai voulu me consacrer à la mode biologique faite de fibres et d’éléments naturels de l’idée à la production. Je pense que nous ne sommes pas seulement ce que nous mangeons, mais aussi ce que nous endossons.

Vous croyez à la thérapie à travers les vêtements (clothether­apy)?

En fait, nos ancêtres, en portant des vêtements de fibre naturelles, entretienn­ent leur santé ! Ils portaient de la laine pure ou de la fibre de cannabis par exemple. Et puis, il y a aussi les couleurs ! Les couleurs que nous portons sont aussi thérapeuti­ques. Il y a des fois où on se sent mal, sans savoir pourquoi ! Les vêtements que nous portons (synthétiqu­es) et les couleurs pourraient bien être la cause de cet état. Chaque couleur que nous portons a une influence sur notre équilibre psychophys­ique. Le vêtement est un moyen de rééquilibr­e énergique. Il y a des études qui ont démontré cette thèse.

l’histoire a besoin d’être enseignée par une démarche autre que didactique qu’on retrouve dans les écoles. elle a besoin aussi d’être racontée pour les jeunes avec toute la poésie du cinéma.

Je pense que nous ne sommes pas seulement ce que nous mangeons, mais aussi ce que nous endossons.

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 ??  ?? Scène du tournage du film «Vagues Brisées» de Habib Mestiri
Scène du tournage du film «Vagues Brisées» de Habib Mestiri
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L’actrice italienne Ivana Pantaleo

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