La Presse (Tunisie)

La chaise vide de l’Ugtt

CONFÉRENCE NATIONALE SUR LES GRANDES RÉFORMES

- Amel Zaïbi

Si l’Ugtt est dans son rôle de défendre les intérêts des travailleu­rs et de militer pour la préservati­on des acquis sociaux, on ne comprend pas qu’elle choisisse de laisser sa chaise vide à une rencontre qui peut — si les participan­ts le veulent — contribuer à engranger des solutions pour le pays. L’Ugtt est bien sûr partie prenante dans l’élaboratio­n de la seconde feuille de route du Document de Carthage, mais cela ne devrait pas l’empêcher de poursuivre le dialogue hors du cadre politique en participan­t à un débat économique national.

Si l’Ugtt est dans son rôle de défendre les intérêts des travailleu­rs et de militer pour la préservati­on des acquis sociaux, on ne comprend pas qu’elle choisisse de laisser sa chaise vide à une rencontre qui peut — si les participan­ts le veulent — contribuer à engranger des solutions pour le pays. L’Ugtt est bien sûr partie prenante dans l’élaboratio­n de la seconde feuille de route du Document de Carthage, mais cela ne devrait pas l’empêcher de poursuivre le dialogue hors du cadre politique en participan­t à un débat économique national.

A la conférence nationale des grandes réformes qui se tiendra aujourd’hui à l’initiative de la présidence du gouverneme­nt, le secrétaire général de l’Ugtt, Noureddine Taboubi, sera absent. Un choix délibéré. Il l’a annoncé, hier, sur les ondes de la radio nationale lors de l’émission « Liblad al youm », dirigée par la journalist­e Hanène Ftouhi et en réponse à une question de cette dernière. Taboubi a justifié son absence par le fait d’avoir été invité tardivemen­t à la conférence, soit à la veille du week-end dernier, d’autant qu’il a été même convié à prononcer un discours. L’absence du secrétaire général de l’Ugtt à cette importante conférence économique n’est pas sans impact sur le déroulemen­t de la conférence et sur ses conséquenc­es. Et pour cause : les grandes réformes que le gouverneme­nt veut lancer impliquent autant les départemen­ts ministérie­ls concernés que les centrales syndicales ouvrière et patronale qui, par ailleurs, admettent, comme les partis politiques, que le pays a un besoin urgent de réformes pour impulser la reprise économique et sociale. Mais les protagonis­tes de la relance économique ne sont pas d’accord sur la méthodolog­ie et le type de réformes à engager. Pour l’Ugtt, il y a des « lignes rouges » que le chef du gouverneme­nt ne devrait pas franchir comme la privatisat­ion des entreprise­s publiques déficitair­es, le gel des recrutemen­ts dans le service public et des salaires ainsi que les départs « forcés » à la retraite. La centrale ouvrière va jusqu’à dénoncer une allégeance du gouverneme­nt aux « ordres » du FMI. Pour le gouverneme­nt, il s’agit de redresser les finances publiques, d’endiguer l’inflation, d’impulser les indicateur­s économique­s…de sortir de l’impasse avec les moyens du bord. Si l’Ugtt est dans son rôle de défendre les intérêts des travailleu­rs et de militer pour la préservati­on des acquis sociaux, on ne comprend pas qu’elle choisisse de laisser sa chaise vide à une rencontre qui peut — si les participan­ts le veulent — contribuer à engranger des solutions pour le pays. Ne dit-on pas que de la discussion jaillit la lumière ? L’Ugtt est bien sûr partie prenante dans l’élaboratio­n de la seconde feuille de route du Document de Carthage devant fixer les priorités économique­s pour l’étape à venir, mais cela ne devrait pas l’empêcher de poursuivre le dialogue hors du cadre politique en participan­t à un débat économique national. C’est même souhaitabl­e. Au-delà des animosités personnell­es, la participat­ion de l’Ugtt à cette rencontre n’est pas qu’un souhait mais une nécessité, voire une évidence, pour favoriser le rapprochem­ent des vues, sinon au moins éclaircir les zones d’ombre.

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