Une responsabilité collective
L’ampleur des challenges auxquels fait face le gouvernement montre la responsabilité colossale qui est la sienne d’imposer les réformes adéquates et aussi de mesurer leur impact sur les acteurs économiques et sociaux et sur le pays. Une tâche difficile mais qui, grâce à une démarche participative impliquant toutes les forces vives du pays, pourrait se révéler fort porteuse. Pour peu bien sûr que tous les acteurs mesurent également leurs responsabilités et acceptent de jouer un rôle agissant dans le processus de réforme
L’ampleur des challenges auxquels fait face le gouvernement montre la responsabilité colossale qui est la sienne d’imposer les réformes adéquates et aussi de mesurer leur impact sur les acteurs économiques et sociaux et sur le pays. Une tâche difficile mais qui, grâce à une démarche participative impliquant toutes les forces vives du pays, pourrait se révéler fort porteuse. Pour peu bien sûr que tous les acteurs mesurent également leurs responsabilités et acceptent de jouer un rôle agissant dans le processus de réforme
La campagne de communication sur les grandes réformes, lancée par la présidence du gouvernement, se poursuit depuis quelques semaines, dans un contexte de tensions politiques et sociales sur fond d’une conjoncture économique des plus difficiles. Et si l’objectif de cette campagne est de sensibiliser sur la portée des réformes annoncées, celles-ci provoquent des réticences et des critiques sur leur pertinence, leur faisabilité et leur degré de réussite. La rencontre d’aujourd’hui avec la société civile est un rendez-vous crucial pour discuter de réformes qui engagent l’avenir du pays. Il est clair que le pays a un besoin urgent de réformes. Une inflation qui grimpe, un dinar qui se déprécie de plus en plus et des déficits qui affectent le commerce extérieur, le compte courant et le budget, tant de signes d’un mal qui ronge notre pays et auquel il faut apporter une réponse adéquate pour permettre une relance économique méritée. La réforme des entreprises publiques demeure une question controversée. Ces entreprises qui connaissent des difficultés énormes depuis des années sont devenues un réel fardeau pour l’Etat qui compense leurs déficits et est devenu leur ultime recours. Entre restructuration et privatisation, le débat s’enflamme et l’on sait ce qui adviendra, surtout que l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt) s’oppose à toute privatisation. Cette réforme est en liaison étroite avec une autre réforme, qui est celle des finances publiques dont l’état délabré a induit un endettement extérieur très imposant. La masse salariale qui représente actuellement 15,7% du PIB est en partie responsable de cette situation. Tawfik Rajhi, ministre chargé des Grandes réformes auprès de la présidence du gouvernement, avait annoncé lors d’une conférence le mois dernier à l’Ecole nationale des ingénieurs (ENA) : “Nous avions un phénomène d’effectif et puis un phénomène de salaires. La masse salariale représente aujourd’hui 15,7% du PIB. Elle est de l’ordre de 16,5 MDT. Cela ne nous permet pas de résoudre les problèmes dans plusieurs secteurs comme la santé et l’éducation. Pour cela, nous devons rationaliser les politiques de recrutement”. M. Rajhi a expliqué que jusqu’à 2016, on recrutait entre 20 mille et 25 mille personnes par an. Cela a changé depuis 2017, baissant à un niveau de 7.200 nouveaux recrutements et en 2018 à moins de 3.000 nouveaux recrutements. On prévoit qu’une seule personne remplacera quatre personnes sortantes. Une disposition qui a été appliquée en 2017 et aussi pour l’année en cours.
Quelles alternatives ?
Des propos qui montrent l’ampleur des recrutements massifs postrévolution qui ne répondaient pas à un besoin mais à des revendications sociales qui sont payés actuellement très chères par l’Etat et le contribuable. L’impact est bien visible sur l’investissement public qui s’est trouvé freiné par manque de ressources. Rechercher des bailleurs de fonds et booster l’investissement privé, notamment à travers le Partenariat public privé (PPP), sont devenus les principales alternatives du gouvernement actuel. Les déficits qu’encourent les caisses sociales représentent également un axe de réforme très important puisqu’elles pèsent énormément sur les finances publiques. En 2018, le déficit structurel de la Cnss et la Cnrps ont atteint 1.500 MDT. Un montant qui sera difficilement couvert et nécessitera des mesures draconiennes. Une contribution sociale de solidarité de 1% a été introduite dans la loi de finances 2018, mais qui reste insuffisante vu l’ampleur du déficit. D’autres propositions concernent l’augmentation des cotisations sociales et de l’âge de la retraite pour la Cnrps alors que pour le Cnss, on s’attend à ce que le secteur privé se prononce en faveur de l’augmentation des cotisations. La question de la compensation est aussi un axe fondamental de réforme. Le montant de la compensation devrait atteindre, en 2018, 1.570 MDT, contre 1.500 MDT en 2017, selon le ministère du Commerce. Une augmentation due à la hausse de la compensation orientée vers les céréales ainsi que le lait et ses dérivés. Certains appellent à la révision du système de compensation dont profitent actuellement toutes les catégories et même les professionnels afin qu’il soit orienté exclusivement vers les plus démunis. Un challenge pour le gouvernement et une occasion pour atténuer un fardeau sur le budget de l’Etat.
De la compétitivité...
Du côté du commerce extérieur, les importations anarchiques sont un réel souci qui handicape les entreprises tunisiennes et la compétitivité de l’économie tunisienne. Outre la baisse des exportations, ces sept dernières années, provoquant un déficit imposant qui se réduit progressivement à l’état actuel, les importations anarchiques menacent la compétitivité des entreprises et de l’économie tout entière. Une question à laquelle des mesures ont été prises telles que l’augmentation des tarifs douaniers pour certains produits, l’augmentation de la taxe de consommation pour plusieurs biens, etc. L’ampleur des challenges auxquels fait face le gouvernement montre la responsabilité colossale qui lui incombe d’imposer les réformes adéquates et aussi de mesurer leur impact sur les acteurs économiques et sociaux et sur le pays. Une tâche difficile mais qui n’est pas impossible si tous ces acteurs mesurent également leur responsabilité pour partager cette tâche et devenir un acteur de cette transformation.