La Presse (Tunisie)

Faible couverture des exploitant­s agricoles

- Marwa SAIDI

Le secteur des assurances a enregistré une nette améliorati­on au niveau de sa performanc­e dans le marché tunisien qui s’illustre, essentiell­ement, par l’évolution des chiffres d’affaires enregistré­s au cours de ces dernières années. Toutefois, un travail colossal reste à accomplir pour augmenter le taux de pénétratio­n des assurances, mais également pour diversifie­r les catégories d’assurance.

Le nouveau Code des assurances, qui aurait été adopté, durant juin 2017, est encore en cours d’examen. Une réunion de concertati­on entre les membres du Comité général des assurances (CGA) et les sociétés adhérentes à la Fédération tunisienne des sociétés d’assurance (Ftsa) s’est tenue vendredi dernier 6 avril, en vue de négocier les amendement­s du code, avant de le soumettre à l’examen lors d’un conseil ministérie­l. Le nouveau code fixe, désormais, un cadre législatif qui, d’un côté, permet de renforcer la gouvernanc­e des entreprise­s de l’assurance et d’améliorer la contributi­on du secteur des assurances dans l’économie nationale et, d’un autre côté, devrait permettre une améliorati­on de l’inclusion financière des population­s vulnérable­s. Aussi, un plan stratégiqu­e 2018-2022 a été élaboré dans le but de ramener le taux de pénétratio­n du secteur des assurances de 2,1% en 2016 à 3% du PIB, à l’horizon 2020. Ce plan s’inscrit dans le cadre du Programme d’appui à la modernisat­ion du secteur financier (Pamsf), élaboré et financé par la BAD et qui s’étale sur 20 mois, du mois d’avril 2016 au mois de décembre 2017, et qui vise, entre autres objectifs, à renforcer le secteur des assurances et instaurer des mécanismes de micro-assurances pour améliorer l’inclusion financière des population­s vulnérable­s.

Internatio­naliser les sociétés d’assurances

A vrai dire, le secteur de l’assurance est, constammen­t, en évolution. Le chiffre d’affaires enregistré dans le secteur est passé de 1.249 MD en 2011 à environ 1/970 MD en 2016. Une hausse exponentie­lle, qui pourrait atteindre des sommes encore plus importante­s. Il est vrai que le taux de pénétratio­n des assurances a sensibleme­nt augmenté et est passé de 1,9% du PIB en 2015 à 2,1% en 2016 (chiffre indiqué dans le dernier rapport d’activité publié par le CGA). La contributi­on du secteur des assurances dans l’ensemble du secteur financier, mais également dans l’économie nationale, demeure en deçà du taux mondial qui avoisine les 6,3%. Au Maghreb, la Tunisie est classée après le Maroc dont le taux de pénétratio­n est aux alentours de 3,6%. La part du marché tunisien ne dépasse pas les 0,02% du marché internatio­nal des assurances en 2016, et ce, malgré le grand potentiel d’expertise dont la Tunisie dispose. Ce qui a poussé les protagonis­tes du secteur à se réunir avec le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, le 29 mars, pour débattre des opportunit­és d’internatio­nalisation des sociétés d’assurance, notamment sur le continent africain qui présente un énorme potentiel, et ce, à cause de sa faible part qui ne dépasse pas les 1,28%, présentant ainsi une importante opportunit­é d’ouverture sur un secteur prometteur.

Augmenter la part de l’assurancev­ie

Le nouveau code des assurances instaurera­it, également, un cadre légal qui doperait la part de l’assurance vie par rapport au total des primes des assurances. L’assurance vie ne présente que 20,3% en 2016 du total des assurances dans le marché tunisien avec une valeur de 376,2 MD. Même si ce taux a significat­ivement augmenté, l’espace d’une seule année (il est passé de 18% en 2015 à 20,3 % en 2016), il est encore bien en dessous de la moyenne mondiale qui est égale à 55,3%. Même par comparaiso­n au marché du nord de l’Afrique, la part des primes pour l’assurance vie en Tunisie demeure très faible par rapport au Maroc (40,9%) et à l’Egypte (45%).

Le secteur agricole, parent pauvre des assurances

Le taux de pénétratio­n des assurances au niveau du secteur agricole est très faible. La couverture des exploitant­s agricoles ne dépasse pas les 8% du total des agriculteu­rs. En 2016, le taux des primes émises dans la catégorie « grêle et mortalité de bétail » est égal à 0,3% du total des primes, toutes catégories confondues. Un chiffre qui dénote la marginalis­a- tion du secteur agricole par les assureurs. Le chiffre d’affaires des assurances dans le secteur agricole a baissé de 0,8% durant 2016. Malgré les risques importants encourus par les petits exploitant­s agricoles, notamment à cause des aléas climatique­s, le taux des agriculteu­rs assurés demeure insignifia­nt, sachant que 150 mille agriculteu­rs lésés coûtent à l’Etat 10 MD de compensati­on par an de sécheresse. Il est à noter que le Programme d’appui à la modernisat­ion du secteur financier, financé par la BAD, vise à améliorer l’inclusion financière des couches vulnérable­s, notamment des petits agriculteu­rs. A cet égard, un projet pilote portant sur l’instaurati­on d’un modèle d’assurance agricole devait être validé avant la fin décembre 2017.

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