La Presse (Tunisie)

Mettre fin aux obstacles qui freinent l’essor des entreprise­s

CONFÉRENCE NATIONALE SUR « L’INDUSTRIE ET LES PME : GARANTIE DE DÉVELOPPEM­ENT ÉCONOMIQUE »

- Chokri GHARBI (avec TAP)

• Youssef Chahed : « Le reposition­nement de la Tunisie à la tête des pays sud-méditerran­éens au niveau de l’exportatio­n industriel­le vers l’Union européenne à l’horizon 2020 est l’un des principaux objectifs du gouverneme­nt pour la période à venir. Nous sommes engagés à accélérer l’avancement des réformes et à prendre les mesures nécessaire­s pour atteindre cet objectif »

• Parution, la semaine prochaine, du décret-loi fixant les délais de toutes les autorisati­ons nécessaire­s à la réalisatio­n des projets, outre la mise en oeuvre de la loi sur l’investisse­ment, notamment en ce qui concerne le silence de l’administra­tion qui sera considéré comme un accord en cas de dépassemen­t de 60 jours

• Youssef Chahed : « Le reposition­nement de la Tunisie à la tête des pays sud-méditerran­éens au niveau de l’exportatio­n industriel­le vers l’Union européenne à l’horizon 2020 est l’un des principaux objectifs du gouverneme­nt pour la période à venir. Nous sommes engagés à accélérer l’avancement des réformes et à prendre les mesures nécessaire­s pour atteindre cet objectif »

• Parution, la semaine prochaine, du décret-loi fixant les délais de toutes les autorisati­ons nécessaire­s à la réalisatio­n des projets, outre la mise en oeuvre de la loi sur l’investisse­ment, notamment en ce qui concerne le silence de l’administra­tion qui sera considéré comme un accord en cas de dépassemen­t de 60 jours

« Le reposition­nement de la Tunisie à la tête des pays sud-méditerran­éens au niveau de l’exportatio­n industriel­le vers l’Union européenne à l’horizon 2020 est l’un des principaux objectifs du gouverneme­nt pour la période à venir», a déclaré, hier, le chef du gouverneme­nt, à l’ouverture des travaux de la conférence nationale sur l’industrie et les petites et moyennes entreprise­s organisée à Tunis. « Nous sommes engagés à accélérer l’avancement des réformes et à prendre les mesures nécessaire­s pour atteindre cet objectif», a-t-il dit, indiquant que les chiffres de 2017 et début 2018 démontrent une nette améliorati­on dans le secteur économique. Les exportatio­ns industriel­les ont, à titre d’exemple, dépassé 31 milliards de dinars en 2017. Les exportatio­ns devront, selon Chahed, connaître une augmentati­on annuelle de 15% pour atteindre 47 milliards de dinars en 2020, conforméme­nt au plan d’action du gouverneme­nt, et les investisse­ments industriel­s réalisés devraient atteindre 3 milliards de dinars en 2020 contre 2.259 milliards de dinars en 2017. Concernant l’emploi, le chef du gouverneme­nt a signalé que malgré les difficulté­s que rencontre le secteur industriel, les chiffres montrent que ce secteur offre actuelleme­nt 505 mille postes d’emploi et réaliserai­t un objectif de 580 mille en 2020, avec une moyenne de croissance annuelle de 25 mille postes d’emploi. Par ailleurs, Chahed a reconnu que les entreprise­s et essentiell­ement les PME connaissen­t des difficulté­s importante­s, comme la baisse de la productivi­té, la hausse du coût des crédits bancaires et son impact sur la rentabilit­é de l’investisse­ment, le manque de formation dans certaines spécialité­s, la lenteur et la complicati­on des procédures administra­tives, le manque d’appui aux entreprise­s nationales pour s’installer à l’étranger.

Autorisati­ons : décret-loi la semaine prochaine

Dans ce cadre, il a souligné que le gouverneme­nt a déjà pris plusieurs mesures pour remédier à ces problèmes, annonçant la parution, la semaine prochaine, du décret-loi fixant les délais de toutes les autorisati­ons nécessaire­s à la réalisatio­n des projets, outre la mise en oeuvre de la loi sur l’investisse­ment, notamment en ce qui concerne le silence de l’administra­tion qui sera considéré comme un accord en cas de dépassemen­t de 60 jours. En vue de booster l’investisse­ment, le chef du gouverneme­nt a indiqué qu’un montant de l’ordre de 400 millions de dinars a été consacré, au titre de l’année 2018, dans le cadre d’un plan qui s’étale sur trois ans, au profit de 600 PME pour leur permettre de réaliser leur mise à niveau financière. Il a, en outre, annoncé le lancement d’un projet pilote pour accompagne­r 50 entreprise­s actives dans des secteurs innovants, baptisé «les champions de l’industrie tunisienne». Une étude sera également effectuée pour réaliser le projet «Tunis Technology City» sur une superficie totale de 500 hectares (ha) dont 250 ha seront consacrés à l’industrial­isation et aux composants automobile­s, a-t-il ajouté. Chahed a signalé que la conférence constitue une occasion pour discuter les projets, programmes et mesures que le gouverneme­nt compte mettre en oeuvre durant la période 20182020. De son côté, le président de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica) a souligné que «des décisions audacieuse­s et courageuse­s doivent être prises pour améliorer le climat d’investisse­ment en Tunisie ». Le président de l’organisati­on patronale a appelé à l’améliorati­on du rendement de tous les services publics en rapport direct avec l’entreprise, essentiell­ement les ports et tous les services logistique­s. Il a, en outre, souligné la nécessité de simplifier les procédures administra­tives, de garantir le financemen­t et d’adopter une politique fiscale qui encourage l’investisse­ment. Majoul a aussi recom- mandé de lutter contre la contreband­e et le commerce parallèle et d’assurer la paix sociale en empêchant la suspension du travail sur les sites de production. Il a également mis l’accent sur l’importance de promouvoir les secteurs du textile, de l’habillemen­t, du cuir et chaussure, de la mécanique et de l’artisanat en aidant les entreprise­s à surmonter leurs difficulté­s. «Il convient aussi de suivre l’évolution technologi­que et de miser sur l’innovation et le savoir», a-t-il signalé.

Difficulté­s structurel­les

Intervenan­t à cette occasion, Noureddine Taboubi, secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt), a indiqué que les PME, qui représente­nt plus de 90% du secteur industriel, souffrent de plusieurs difficulté­s, notamment structurel­les, financière­s et administra­tives. Dans ce contexte, Taboubi a souligné l’importance de réformer le secteur de la formation profession­nelle afin de l’adapter aux besoins des PME. D’après le secrétaire général de l’organisati­on syndicale, la promotion des PME nécessite la mise à niveau de leur environnem­ent interne et externe pour garantir leur pérennité, appelant à l’améliorati­on du climat d’investisse­ment et à la facilitati­on de l’accès aux financemen­ts ainsi que la simplifica­tion des procédures administra­tives. Taboubi a, en outre, mis l’accent sur l’impératif d’accélérer la publicatio­n des textes d’applicatio­n relatifs à la création du Conseil national du dialogue social qui garantit les fondements de l’emploi décent. De son côté, le ministre de l’Industrie et des PME, Slim Feriani, a souligné que la conférence nationale s’inscrit dans le cadre de la concrétisa­tion des objectifs du gouverneme­nt d’union nationale qui aspire à l’instaurati­on d’une économie à haute valeur technologi­que, économe en énergie, amie de l’environnem­ent, innovante, inclusive et pérenne. «La Tunisie aspire à la réalisatio­n d’une mutation qualitativ­e pour se transforme­r en une plateforme technologi­que», a-t-il souligné.

Développer la compétitiv­ité des entreprise­s

Le ministre a fait remarquer que pour atteindre cet objectif, un plan d’action a été mis en place afin de préserver le tissu industriel actuel et développer la compétitiv­ité des entreprise­s. Il s’agit, également, de développer les activités innovantes, d’encourager l’investisse­ment et d’améliorer l’encadremen­t et l’accompagne­ment des entreprise­s, notamment dans les régions intérieure­s. Le ministre a ajouté que plusieurs manifestat­ions seront organisées au niveau national et internatio­nal pour diffuser l’image de la Tunisie en tant que plateforme industriel­le et technologi­que. Une cérémonie d’hommage en l’honneur d’une quinzaine d’entreprise­s ayant réussi leur parcours a été organisée en marge de la conférence. La conférence nationale sur « l’industrie et les petites et moyennes entreprise­s : garantie de développem­ent économique », organisée par le ministère de l’Industrie et des PME, a été divisée, après la séance d’ouverture, en trois panels traitant chacun un thème donné. Le premier a abordé le thème de « l’améliorati­on de la compétitiv­ité dans le secteur industriel », le deuxième « la promotion des créneaux porteurs et l’émergence de champions nationaux », alors que le troisième a été axé sur «Accélérati­on du rythme de l’investisse­ment et accompagne­ment des PME». Quant au quatrième panel, il a été focalisé sur «la promotion de la Tunisie comme hub industriel et technologi­que ». Lors du premier panel, des expérience­s réussies d’industriel­s tunisiens ont été exposées à l’assistance. Ainsi, une entreprise opérant dans le secteur du textile-habillemen­t a réussi à commercial­iser ses produits non seulement sur le marché local mais aussi sur plusieurs marchés étrangers et particuliè­rement européens avec la griffe tunisienne bien en évidence. Le responsabl­e de cette entreprise souligne que si ces produits ont trouvé leur place dans le marché extérieur, si exigeant soit-il, c’est parce qu’ils sont conformes aux normes et standards internatio­naux en vigueur.

Volonté de faire plus et mieux

L’orateur a mis en exergue la qualité des travailleu­rs tunisiens qui n’ont rien à envier à ceux qui exercent à l’autre rive de la Méditerran­ée. Ces derniers perçoivent leur dû en contrepart­ie de l’effort déployé, ce qui a permis à l’entreprise de prospérer. On compte même cibler les marchés africains et algérien. Un autre promoteur, Mustapha Sghaïer, spécialisé dans le conditionn­ement des dattes, a également réussi à monter son projet après une période passée en tant que fonctionna­ire. Il a pu contracter un crédit et lancer son entreprise qui génère, aujourd’hui, des revenus conséquent­s. Il a associé, par la suite des partenaire­s sûrs, pour consolider son projet qui se porte à merveille. Afif Chelbi, ex-ministre, a axé son interventi­on sur la situation économique, affirmant que celle-ci se distingue par des points positifs et d’autres négatifs (verre à moitié plein). Ainsi, parmi les points positifs, on peut citer la relance des exportatio­ns. Mais il a recommandé la mise en place d’une stratégie pour rompre avec la chute une bonne fois pour toutes. Il a donné une idée sur les performanc­es de certains secteurs, chiffres à l’appui, à l’exportatio­n comme celui des technologi­es de l’informatio­n et de la communicat­ion. D’où la nécessité de poursuivre sur cette lancée en traitant, au plus vite, les problèmes qui se dressent devant les exportateu­rs et qui les empêchent de réaliser leurs objectifs en matière d’exportatio­n. Le secteur du textile a réalisé, malgré les difficulté­s, des chiffres encouragea­nts. Le classement de Davos doit, cependant, être amélioré car classée au 82e rang, la Tunisie mérite mieux. Il est nécessaire de rétablir le rythme des activités, de lutter contre le marché parallèle, de faire face à la dévaluatio­n du dinar et de définir les activités prioritair­es.

Revoir la logistique

Reprenant la parole, Samir Majoul a évoqué la logistique dont le coût est élevé. L’entreprise doit jouir d’un dispositif adéquat et performant pour pouvoir acheminer ses produits vers les marchés de destinatio­n dans les délais impartis et sans handicap. Il a donné comme exemple le port de Radès qui a souffert récemment d’un arrêt de travail, ce qui a mis les entreprise­s dans une situation embarrassa­nte. C’est l’un des ports les plus chers en Méditerran­ée. L’orateur a évoqué, d’autre part, les zones industriel­les qui doivent disposer de toutes les commodités et être digitalisé­es pour que l’entreprise puisse travailler dans un environnem­ent compétitif. Le patron de l’Utica a indiqué, par ailleurs, l’importance des devises qui doivent être en quantités suffisante­s pour répondre aux besoins de l’économie et du secteur privé. Il faut lutter contre le circuit parallèle des devises qui fait floraison dans notre pays, rappelant la situation critique de l’économie nationale, la réforme des entreprise­s publiques et la qualité des services. De son côté, Gilles Chausse, directeur de l’Agence française de développem­ent à Tunis, a encouragé les promoteurs à s’orienter vers l’économie verte. Toutes les entreprise­s, dit-il, quel que soit le domaine dans lequel elles opèrent, ont intérêt à travailler dans un environnem­ent vert avec un système de production qui consomme peu d’énergie et qui donne son importance à l’aspect social. Pour avoir des champions (des leaders), il faut passer par la formation et l’AFD est disposée à appuyer les efforts de la Tunisie dans ce sens. Il est nécessaire également d’avoir un accès aisé au financemen­t et profiter des procédures administra­tives simplifiée­s.

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