La Presse (Tunisie)

Sommet arabe à Dhahran, demain

L’endiguemen­t de l’Iran en Irak, Syrie, Liban et Yémen à l’ordre du jour, mais aussi l’avenir de la ville sainte

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AFP — Les chefs d’Etat arabes se pencheront demain en Arabie Saoudite sur les conflits en Syrie et au Yémen ainsi que sur l’avenir de Jérusalem, mais Riyad devra profiter de ce sommet annuel pour mobiliser ses partenaire­s contre l’Iran, son grand rival au Moyen-Orient.«Les Saoudiens feront pression pour une position beaucoup plus dure sur l’Iran, pas nécessaire­ment sur le dossier nucléaire, mais sur l’influence iranienne dans les pays arabes, en particulie­r l’Irak, la Syrie, le Liban et le Yémen», indique Karim Bitar de l’Institut des relations internatio­nales et stratégiqu­es basé à Paris. Vingt-et-un des 22 Etats membres de la Ligue arabe participer­ont au sommet qui se tiendra à Dhahran (est de l’Arabie Saoudite). La Syrie de Bachar Al-Assad a été suspendue de l’organisati­on depuis le début de la guerre civile en 2011. «L’argument de l’endiguemen­t de l’Iran est principale­ment avancé par l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis, ainsi que par d’autres pays arabes, y compris l’Egypte», explique Andreas Krieg du King’s College de Londres. «L’Arabie Saoudite s’est également tournée vers l’Irak pour tenter de nouer des liens et de contrer des milices (pro-iraniennes) là-bas», dit M. Krieg à l’AFP. «On peut dire que l’Iran sera au centre du sommet». Alors que Washington, Paris et Londres menacent de frapper le régime syrien après une attaque chimique, les positions ont peut-être évolué sur le sort qui doit être réservé au président Assad. «Certaines puissances régionales, auparavant déterminée­s à faire tomber le régime syrien — en particulie­r l’Arabie Saoudite et la Turquie —, ont maintenant accepté le statu quo pour qu’Assad reste», affirme M. Bitar. «Les mécènes iraniens de Bachar sont également conscients que leur protégé ne peut pas diriger seul et commencent à accepter l’idée qu’ils devront négocier des sphères d’influence dans les territoire­s syriens».

Mobilisati­on palestinie­nne

Au Yémen, où une guerre par procuratio­n se poursuit depuis trois ans entre Riyad et Téhéran, faisant près de 10.000 morts, on assiste depuis quelques mois à une escalade avec la multiplica­tion des tirs de missiles des rebelles houthis, soutenus par Téhéran, vers l’Arabie Saoudite. Riyad accuse Téhéran de fournir ces missiles aux Houthis et dénonce une «agression directe». Si ce sujet sera discuté, le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel Al-Jubeir, a, en revanche, exclu que la crise autour du Qatar figure à l’agenda. L’Arabie Saoudite, les Emirats, l’Egypte et Bahreïn ont rompu leurs relations diplomatiq­ues avec le Qatar, accusé de «soutenir le terrorisme», et cette crise se poursuit depuis 10 mois en dépit des efforts du Koweït et des Etats-Unis pour la désamorcer. Enfin, le ministre palestinie­n des Affaires étrangères, Riyad Al-Maliki, a déclaré que la Ligue arabe soutenait la tentative de son gouverneme­nt de bloquer une tentative israélienn­e visant à décrocher un siège de membre nonpermane­nt au Conseil de sécurité de l’ONU. Alors que des Palestinie­ns se mobilisent de nouveau sur le terrain contre l’occupation israélienn­e, la responsabl­e palestinie­nne Hanane Acharoui espère que le sommet arabe débouchera sur une résolution officielle concernant l’avenir de Jérusalem. «Nous devons maintenir une dose de scepticism­e sain, mais j’espère que le sommet sera à la hauteur du défi, car nous sommes confrontés à une période sans précédent (...) qui compromet les chances de paix et qui victimise encore plus les Palestinie­ns», dit-elle à l’AFP. Rompant avec ses prédécesse­urs, le président Donald Trump a annoncé en décembre que Washington reconnaiss­ait officielle­ment Jérusalem comme la capitale d’Israël et allait y transférer l’ambassade américaine, provoquant la colère des Palestinie­ns. Ce transfert de Tel-Aviv à Jérusalem est prévu vers la mi-mai. Bien que les signes de rapprochem­ent stratégiqu­e se soient multipliés entre Israël et l’Arabie Saoudite — qui ont un ennemi commun, l’Iran —, Riyad n’a pas modifié sa position officielle sur les Palestinie­ns et Jérusalem. Le roi Salmane a «réaffirmé la position inébranlab­le du royaume (saoudien) sur la question palestinie­nne et les droits légitimes du peuple palestinie­n à un Etat indépendan­t avec Jérusalem comme capitale», lors d’un entretien téléphoniq­ue le 2 avril avec le président Trump.

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