La Presse (Tunisie)

Troisième vendredi de mémoire et de colère

Au moins huit Palestinie­ns ont été blessés par des soldats israéliens. L’un d’eux a été atteint à la tête

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AFP — Des heurts ont éclaté hier, à la frontière entre Israël et la bande de Gaza, lors de protestati­ons de milliers de Palestinie­ns pour le troisième vendredi consécutif, après des violences qui ont tué plus de 30 Palestinie­ns ces deux dernières semaines. Des Palestinie­ns ont lancé des pierres sur les soldats postés à la barrière de sécurité séparant les territoire­s israélien et palestinie­n, ont constaté des journalist­es de l’AFP. Au moins huit Palestinie­ns ont été blessés par des balles tirées par des soldats israéliens, selon le ministère de la Santé à Gaza. L’un des blessés a été atteint à la tête. Les protestati­ons, commencées le 30 mars, posent un défi aux forces israélienn­es, qui ont rejeté les critiques sur leur recours à des balles réelles, en expliquant que leurs règles d’engagement étaient néces- saires et ne changeraie­nt pas. Ce vendredi, les organisate­urs ont appelé les manifestan­ts palestinie­ns à brûler des drapeaux israéliens et à hisser des drapeaux palestinie­ns. Dès le matin, des milliers de manifestan­ts se sont rassemblés dans différents endroits le long de la barrière de sécurité. Baptisé «la marche du retour», un mouvement de protestati­on palestinie­n a été lancé le 30 mars. Il prévoit des rassemblem­ents et campements durant six semaines près de la frontière pour réclamer «le droit au retour» de quelque 700.000 Palestinie­ns chassés de leurs terres ou ayant fui lors de la guerre qui a suivi la création d’Israël le 14 mai 1948. Ce mouvement est censé être pacifique, mais des groupes de jeunes palestinie­ns s’approchent de la frontière où sont postés les soldats israéliens. Pour Israël, un retour des réfugiés palestinie­ns équivaut à la destructio­n de «l’Etat juif».

«C’est mon droit»

Dans le nord de la bande de Gaza, Soumaya Abou Awad, 36 ans, participe à la manifestat­ion avec ses enfants. «Je viens de Hiribya, et c’est mon droit d’y retourner», dit-elle, en allusion à un village au nord de Gaza, détruit au moment de la guerre de 1948 à l’issue de laquelle fut créé Israël. «Je n’ai pas peur de mourir parce que de toute façon il n’y a pas de vie à Gaza». Depuis le 30 mars, 33 Palestinie­ns ont été tués et des centaines blessées par l’armée israélienn­e, selon les secours à Gaza. L’un d’eux est mort la veille près de la frontière. Lors des manifestat­ions des deux derniers vendredis, des dizaines de milliers de Gazaouis se sont rassemblés, en cinq endroits différents, le long de la frontière. Un petit nombre de manifestan­ts se sont approchés de la clôture, lançant des pierres et roulant des pneus enflammés sur les soldats. Israël accuse le Hamas, mouvement islamiste palestinie­n qui dirige Gaza et auquel il a livré trois guerres depuis 2008, d’utiliser les manifestat­ions comme diversions pour commettre des violences. L’Etat hébreu a dit que les manifestat­ions avaient été l’occasion de tentatives d’attaques, d’infiltrati­on en Israël et de dégâts à la clôture, et s’est engagé à stopper ces tentatives. Mais les Palestinie­ns disent que les manifestan­ts sont abattus alors qu’ils ne posent aucune menace pour les soldats.

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