Une mission d’audit agressée à l’AFH
Entamée depuis décembre dernier, la mission d’audit rendue au siège social de l’Agence foncière de l’habitat (AFH) n’a pas été facile, à cause des actes de violence verbale et des menaces d’agression dont ont fait l’objet, mercredi dernier, trois des comm
L’incident, sans précédent, est survenu suite à des soupçons de corruption dévoilés au niveau des recrutements et dans les états de gestion administrative de l’entreprise sus-indiquée, a-t-il rapporté, invoquant, par la même occasion, un antécédent semblable en 2011. Face à cela, de nombreux agents de l’AFH ont mal réagi, d’une manière agressive et humiliante contre des auditeurs lors de l’exercice de leur fonction, allant jusqu’à la saisie de leurs documents. «C’est une première très grave que l’équipe du contrôle, envoyée sur ordre de mission officiel, n’a jamais subie, dans l’histoire de la profession», s’indigne-til. Et de poursuivre qu’un flot de propos déplacés ont été postés sur les réseaux sociaux, depuis décembre dernier. M. Belhaj Aissa n’a pas manqué de pointer du doigt le syndicat de base de l’AFH, l’accusant d’avoir incité à la violence et poussé au blocage de toute la mission de commissariat aux comptes. Cela s’est passé, à l’en croire, dans l’impunité totale. Pis encore, dans le silence passif de l’administration générale de l’agence, afin que les dossiers suspects et les «comportements corrompus» ne soient pas dévoilés. «Depuis 30 ans, notre situation professionnelle et matérielle ne s’est jamais autant dégradée, d’autant qu’on n’arrive pas à bien préserver la confidentialité des informations en notre possession», déplore-t-il. Cela étant, le prestige de l’Etat n’est plus comme avant. Son autorité n’existe presque pas. L’audit revêt, dit- il, un rôle de premier plan, il préserve les états financiers du pays. «A preuve, on contrôle des fonds publics dont le montant dépasse de loin le budget de l’Etat», arguet-il. «Ce qui s’est produit au siège de l’AFH n’est qu’une agression à visage découvert», a-t-il vivement dénoncé, en conclusion. Pour Maître Mounir Ben Salha, l’avocat désigné par l’Atcp, c’est un crime prémédité. L’association l’a, d’ailleurs, chargé de porter plainte contre les auteurs de l’agression. Elle sera déposée, d’ici lundi, auprès du juge d’instruction à l’Ariana, juridiction territorialement compétente. Accusé d’être impliqué dans ces actes «prémédités», le syndicat serait, lui aussi, poursuivi en justice. «L’action syndicale ne justifie guère la violence», résume l’avocat.
L’Ugtt sur la ligne !
Venant, tout juste, de sortir d’une réunion, tenue le matin même, regroupant le ministre des Affaires foncières, le secrétaire général de l’Ugtt et celui du syndicat de base de l’AFH, M. Charfeddine Yaâkoubi avait rejoint ses camarades de l’Atcp à la tribune. Il a beaucoup apprécié la position de M. Noureddine Taboubi, S.G de la centrale syndicale, qui n’y va pas par quatre chemins pour dénoncer la violence faite à la délégation des auditeurs à l’AFH. Et d’ajouter que M. Taboubi était clair et précis dans sa défense du rôle des contrôleurs publics, en tant que rempart contre la corruption et contre tout dérapage administratif. Sauf que le patron de l’Ugtt n’a pas voulu voir la situation dégénérer, sans pour autant cacher son soutien à l’égard dudit syndicat et ses affiliés. Reste que ce même syndicat a sa propre version des faits. Soit, un autre son de cloche. Selon lui, la mission d’audit telle que menée dans ladite agence demeure encore floue, car elle n’a pas été expliquée à l’avance. Et partant, elle n’a aucune raison d’être. Or, certains disent que les récentes déclarations du ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières, M. Mabrouk Kourchid, sur un plateau télévisé, à propos d’une possible privatisation de l’AFH étaient à l’origine de l’incident. Voire, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.