La Presse (Tunisie)

La Tunisie appelée à renforcer son dispositif national

Le dispositif national tunisien relatif au gel des avoirs terroriste­s a besoin d’être amélioré, pour une meilleure adaptation aux standards internatio­naux, a laissé entendre Delphine Schantz, de la direction exécutive du Comité contre le terrorisme des Na

- M.A.

S’exprimant, jeudi à Tunis, lors d’un séminaire sur le gel des avoirs terroriste­s tenu à l’Ecole nationale d’administra­tion (ENA), par la Commission nationale de lutte contre le terrorisme (Cnlct), avec le concours de l’ambassade de France à Tunis, la représenta­tion de l’Union européenne et le système des Nations unies, Delphine Schantz, a, dans ce sens, précisé que les États membres du système des Nations unies devraient tenir informé le comité du Conseil de sécurité onusien s’agissant de leurs dispositif­s de désignatio­n internes. Une telle démarche, respectueu­se des normes et lois en vigueur, permettra au comité onusien concerné de prendre les mesures nécessaire­s, une fois que des mesures immédiates auront été prises contre des individus désignés comme source potentiell­e de danger terroriste. « La résolution onusienne 1373 de 2001 donne discrétion aux États pour mettre en place le système national de gel et identifier ou désigner les personnes et entités dont les avoirs doivent être gelés. Il ne devrait pas y avoir de restrictio­n de nationalit­é ou de lieu », a rappelé Delphine Shantz. Pour elle, le gel des avoirs terroriste­s opéré conforméme­nt aux lois en vigueur relève d’une procédure technique et non politique. D’où la nécessité de mettre en place un système d’informatio­ns et d’échanges d’informatio­ns minutieux et complet avec le comité du Conseil de sécurité onusien. A cet égard, l’experte a demandé aux autorités tunisienne­s de redoubler d’efforts et d’accélérer les procédures judiciaire­s en fournissan­t au Pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme des ressources humaines supplément­aires et en simplifian­t le système de justice pénale, parmi d’autres recommanda­tions.

Simplifier le système de justice pénale

De ce point de vue, elle a indiqué que le Groupe d’action financière (Gafi), organisme intergouve­rnemental de lutte contre le blanchimen­t d’argent et le financemen­t du terrorisme, avait élaboré une série de recommanda­tions reconnues comme étant la norme internatio­nale en la matière. Publiées en 1990 et révisées en 1996, 2001, 2003 et plus récemment en 2012 afin d’assurer qu’elles restent d’actualité et pertinente­s, ces recommanda­tions définissen­t, selon elle, les mesures essentiell­es devant être mises en place par les pays concernés pour identifier les risques et développer des politiques efficaces. Lesquelles politiques permettent d’agir contre le blanchimen­t de capitaux, le financemen­t du terrorisme, de mettre en oeuvre des mesures préventive­s pour le secteur financier et d’autres secteurs, de doter les autorités compétente­s (les autorités chargées des enquêtes, les autorités de poursuite pénale et les autorités de contrôle) des pouvoirs et des responsabi­lités nécessaire­s, de renforcer la transparen­ce et la disponibil­ité des informatio­ns sur les bénéficiai­res effectifs des personnes morales et des constructi­ons juridiques et de faciliter la coopératio­n internatio­nale, dans un contexte de globalisat­ion peu propice au contrôle des transactio­ns financière­s internatio­nales. « L’argent est le nerf de la guerre. C’est pourquoi l’on doit interdire de mettre des fonds à dispositio­n des personnes et entités présentant des dangers terroriste­s », a insisté la responsabl­e onusienne. Récemment inscrite par l’Union européenne sur la liste noire des pays exposés au financemen­t du terrorisme, la Tunisie a adopté début janvier le décret n°1 – 2018 organisant le gel des avoirs terroriste­s. Elle reste toutefois confrontée à des difficulté­s inhérentes à l’équation arsenal pénal et respect des droits des personnes visées par les mesures de gel et les aspects judiciaire­s, aux procédures de désignatio­n, de gel et de levée partielle de gel. Reconnaiss­ant la persistanc­e de ces difficulté­s, Neila Mekki, représenta­nte de la Commission nationale de lutte contre le terrorisme, a fait remarquer que les institutio­ns tunisienne­s concernées ont besoin de temps et d’expériment­ation, pour mieux maîtriser les enjeux et cerner les différents rouages liés et au système de désignatio­n des personnes terroriste­s et au gel de leurs avoirs tout en veillant au respect des droits humains.

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