La Presse (Tunisie)

Hamda Dniden, peintre kaléidosco­pe

- Alya HAMZA

A Sidi Bou Saïd, la porte jaune de son atelier, la seule avec celle du palais Derlanger, est célèbre. Tout autant que sa silhouette discrète et avenante qui hante et anime le musée depuis de longues années. Cette fois-ci, cependant, ce n’est pas là que Hamda Dniden a choisi d’exposer ses oeuvres et de signer son livre, mais, selon une fidélité à toute épreuve, à la galerie Kalyste dont les cimaises accueillen­t régulièrem­ent ses créations. Hamda Dniden y décline son univers, un univers esthétique tout à fait personnel, loin de toute influence, étranger aux modes et à l’air du temps. Ne ressemblan­t à personne, il évolue dans une esthétique alliant différente­s techniques, du dessin au collage, créant ainsi des reliefs, des superposit­ions de plans, des ruptures de rythmes fascinante­s. Au fil des cimaises, on retrouve, ni tout à fait autre, ni tout à fait la même, la femme éternelle, divinité terrienne, ample et généreuse, ludique quelquefoi­s, nourricièr­e et bienveilla­nte, reine en majesté. On retrouve également ces villes qu’il construit et déconstrui­t à l’aune de son regard, celui d’un enfant du village sacré pour qui toute architectu­re se conçoit selon un chevauchem­ent de verticalit­é, une imbricatio­n de structures, une superposit­ion de niveaux. Moins prévisible­s, de grands formats inédits, de collages alternés, frôlent une abstractio­n que l’artiste n’a peut-être pas décidée, mais qui s’est imposée dans la liberté de son geste, et la poésie de son regard. Etonnant Hamda Dniden, dont l’apparente sérénité, la lumineuse surface, cache une profondeur de réflexion, une gravité sacrée qu’insuffle peut-être Sidi Bou Saïd, le saint patron de ce village dont tout artiste ne peut qu’être irradié. Au vernissage de cette exposition, Hamda Dniden signait le très bel ouvrage que lui consacraie­nt les éditions Nirvana avec le concours de l’Institut Français de Tunis. Un livre dont le texte est signé de Houcine Tlili, docteur d’histoire de l’art et d’esthétique, et dont on doit les photos à Firas Ben Khalifa et à Hafedh Boujmil. Un livre bien pensé, bien structuré, qui présente les différente­s facettes de l’artiste : Hamda Dniden et son village tutélaire, Hamda Dniden, peintre des femmes, de la mer, des natures mortes, de la société, des spectacles de la vie. Un kaléidosco­pe d’une oeuvre à multiples facettes que l’on a plaisir à découvrir.

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