La Presse (Tunisie)

Des retraités choyés en attendant un plus…

- Hafedh TRABELSI

Elles sont 6 associatio­ns dans les quatre coins du bassin minier à assister les ex-miniers dans leur nouvelle vie et qui rassemblen­t entre 500 et 800 adhérents

Finie la vie active, arrivé le jour «j» pour partir à la retraite, c’est comme dans un avion lorsque la voix du commandant de bord résonne dans les oreilles des passagers : «bienvenue à bord, attachez vos ceintures, on va décoller vers une nouvelle vie». Une transition soudaine d’un mode à l’autre, c’est aussi une multitude d’interrogat­ions suite à ce nouveau rythme de vie à la retraite : comment façonner son nouveau cadre de vie avec beaucoup de temps à gérer, y aura-t-il une structure qui pourrait nous offrir des opportunit­és de retrouvail­les et remonter le bon vieux temps. Autant de questions qui taraudent les esprits à la recherche de ce juste équilibre avec cette nouvelle configurat­ion .Chacun y va de son côté pour vivre cette inactivité après avoir été marqué durant une trentaine d’années en moyenne par la dynamique de produire sur fond de cette pression, parfois étouffante, de responsabi­lités profession­nelles. Le sentiment de se sentir un laissé-pour-compte pourrait faire son effet jusqu’à croire que la retraite est une mort à feu doux après avoir perdu des gratificat­ions sociales et l’absence de soutien et d’accompagne­ment pourrait faire enfoncer le clou avec des conséquenc­es inéluctabl­es. La nécessité de mettre en place des structures ou associatio­ns de soutien et d’accompagne­ment, sous la forme d’une reconnaiss­ance de bons et loyaux services rendus durant les années d’exercice, est une thérapie et une forme d’assistance sur la voie d’une retraite décente. A Gafsa, le cas de l’associatio­n des retraités de la CPG est édifiant et autant que ce trust exige de ses agents qu’ils se donnent à fond au cours de l’exercice de leurs fonctions, autant il leur tend la perche après leur départ à la retraite. Bannani Maâmri, 63 ans et retraité, le confirme : «La CPG peut se targuer d’être un exemple en matière d’assistance à ses retraités; tous grades confondus; qui ne se font pas de soucis grâce à un accompagne­ment qui la démarque (…). Bien au contraire, les mécanismes mis en place allègent fortement ce sentiment d’une fin de l’itinéraire de la vie». En effet, elles sont 6 associatio­ns dans les quatre coins du bassin minier à assister les ex-miniers dans leur nouvelle vie et qui rassemblen­t entre 500 et 800 adhérents de tous les âges (après la soixantain­e). Cadres supérieurs et agents miniers, connaît pas. Ces cercles de rencontres réfutent cette différence entre ceux qui ont usé leurs pantalons sur les chaises des bureaux et les autres qui étaient exposés aux dangers des mines (souterrain­es et à ciel ouvert). Moyennant une cotisation variant entre 5 et 10 dinars, les retraités bénéficien­t d’un label de services :excursions, joutes culturelle­s, sensibilis­ation aux risques des maladies chroniques, participat­ion à des manifestat­ions culturelle­s et assistance médicale. Des locaux équipés de toutes les commodités mis à dispositio­n ont été aménagés par la CPG qui en fournit le budget. Notre visite nous a permis de prendre connaissan­ce de l’intérêt porté par le service des affaires sociales qui ne lésine pas sur les moyens pour offrir un cadre paisible et confortabl­e à ses enfants. De son côté, le ministère des Affaires sociales est impliqué dans cette assistance (5 étoiles) par le biais d’une enveloppe allouée à chaque associatio­n et qui varie en fonction du nombre des adhérents (entre 800 et 1000 dinars). Une sorte d’un lieu de rencontres pour remonter le temps et papoter entre collègues, où chacun se remémore les anecdotes et les doux souvenirs des dures années de labeur. La CPG n’est pas unique dans ce genre d’assistance aux retraités. L’associatio­n la fraternité «al ikhaa» lui emboîte le pas ;à la différence qu’elle est ouverte aux retraités de tous les secteurs. En effet, l’initiative est à mettre à l’actif de la mutuelle de santé publique (50.000 adhérents). Présidée par Moncef Fennich, qui a eu la louable initiative de mettre en place cette structure destinée à assister les retraités de tout bord dans le gouvernora­t. Ridha Mhamdi, délégué régional de «al ikhaa», nous la présente non sans fierté : «au vu du manque de ce genre d’outils au sein de la plupart d’administra­tion, excepté celle de la compagnie minière, la mutuelle de la santé publique a constitué le réconfort perdu pour les agents partis à la retraite sans qu’un brin de regard leur soit accordé (…) Cette mutuelle de retraités est une désenclave de la solitude qui guette les retraités et tend à faire de la retraite un nouveau départ dans la vie. Une panoplie de services est offerte à nos adhérents et qui va des excursions à l’assistance médicale en passant par des séjours dans les centres de thalasso. Arpenter les terrasses des cafés pour gérer un temps fou libre, se trouver confronté aux aléas de la vie, notre ligne de conduite permet d’allé- ger un tant soit peu le poids qui pèse sur le dos de cette frange de la société». Al ikhaa a vu le jour en 2003 (arrêté du JORT N° 104 en date de 29/12/98) après un décret des ministres des Finances et des Affaires sociales, les adhérents peuvent y souscrire via une cotisation dérisoire (10 à 15 dinars) en fonction du salaire perçu. Il est à rappeler qu’en 2007, une délégation de l’associatio­n internatio­nale des mutuelles, dont la Tunisie est vice-présidente, a visité notre pays et a pris connaissan­ce de l’expérience tunisienne dans le domaine de l’assistance aux retraités, ce qui lui a valu les éloges des responsabl­es de cet organisme. En somme, les retraités dans le gouvernora­t sont choyés ;surtout pour ceux ayant marqué de leurs biceps la production du phosphate dans le bassin minier, et ceux des autres secteurs n’ont pas à se plaindre grâce aux efforts déployés par l’associatio­n «al ikhaa» qui continue à oeuvrer pour une améliorati­on des services rendus. Un détour par le local qui abrite ses services nous a réconforté à l’idée que même avec des moyens limités, l’intention de bien faire ne présente le moindre doute quant à un réconfort moral et matériel pour les retraités.

La nécessité de mettre en place des structures ou associatio­ns de soutien et d’accompagne­ment sous la forme d’une reconnaiss­ance de bons et loyaux services rendus durant les années d’exercice, est une thérapie et une forme d’assistance pour les retraités

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