La Presse (Tunisie)

L’image qui vient du ciel !

Création envisagée d’un petit satellite typiquemen­t tunisien, avec des compétence­s tunisienne­s

- Kamel FERCHICHI

Au-delà d’artillerie, munitions et blindés, il y a l’autre face de l’armée : sous son contrôle, un système d’informatio­n géographiq­ue (SIG) mis au service du développem­ent stratégiqu­e du pays. Planificat­ion des villes, infrastruc­ture et urbanisme, protection du littoral et des forêts, lutte antidésert­ification, délimitati­on de nos frontières, bref tout est vu du ciel via photos satellites bien fonctionne­lles. Ainsi, cette base de données géographiq­ues, référence en la matière, est l’apanage du Centre national de la cartograph­ie et de la télédétect­ion (Cnct), un organisme de recherche, créé en 1988, sous la tutelle du ministère de la Défense. Ses missions sont multiples : prise de vues aériennes, production cartograph­ique à plusieurs échelles, validation des cahiers des charges relatifs au SIG et formation spécifique dans le domaine. Avec ses unités d’analyse et traitement d’images multidimen­sionnelles, le Centre se pose en prestatair­e de services auprès des université­s et des entreprise­s nationales. Situé à El Aouina, à la banlieue nord de la capitale, il rayonne de sa haute précision. Ses études topographi­ques et cartograph­iques, faites à distance, couvrent les quatre coins du pays. Notre propre territoire tunisien est savamment mesuré, à quelques centimètre­s près. Du nord au sud, des bornes-frontières sont implantées là où il faut, d’autres marquées comme points de repère. Nos voisins algériens et libyens le savent bien, chaque pays trace ses contours et prend, régulièrem­ent, soin de leurs indication­s signalétiq­ues. Elles n’étaient pas parfois dans un bon état. Et c’est au centre de la cartograph­ie et de la télédétect­ion que revient la charge d’entretien de ces bornes, généraleme­nt alignées sur du terrain vaseux ou perchées sur des reliefs montagneux.. La délimitati­on de nos frontières communes se fait en étroite coordinati­on avec les trois pays attenants. Ainsi, le géographiq­ue s’asso- cie à l’informatiq­ue, dans une combinaiso­n scientifiq­ue. Au moyen des satellites, quasiment en rotation systémique, l’image qui vient du ciel est plus que référentie­lle. Une telle base de données vaut bien la peine. Les spécialist­es veillent à ce qu’elle puisse mieux servir l’avenir. Elle sous-tend la prospectio­n des chantiers de grande envergure que l’Etat compte réaliser sur une distance ou superficie bien déterminée.

Quatre projets en cours

Fini le temps des estimation­s. Place, aujourd’hui, à la télédétect­ion, une technique ultramoder­ne à base d’images satellitai­res extrêmemen­t fonctionne­lles. Planificat­ion des routes et des ponts, raccordeme­nt des canalisati­ons d’eau, évolution démographi­que, identifica­tion des zones inondables…, aucun projet du développem­ent ou d’infrastruc­ture n’échappe à l’étude. Et là, le commandant du centre a fait état d’un constat aussi frappant: l’avancée du désert. Tout se calcule, à quelques différence­s près. Cartograph­ie et topographi­e numérique l’aidant beaucoup. Cependant, la télédétect­ion se paie, sous nos cieux, rien n’est gratuit. Le Cnct monopolise les images satellitai­res télécharge­ables qu’il achète auprès des fournisseu­rs étrangers. Nul n’a le droit de leur exploitati­on, sans son autorisati­on, et ce, pour des raisons essentiell­ement sécuritair­es. A son tour, il fournit à ses clients des informatio­ns géographiq­ues à la carte. Lui, l’unique prestatair­e des services dans le domaine, signe, dans ce cadre, des convention­s bilatérale­s. Toutefois, si tout dépend de l’étranger, n’y aura- t- il pas risque sur la sécurité de nos propres données ? Le commandant répond par la négative. Ce sont, d’ailleurs, des convention­s onusiennes qui nous lient. N’empêche. «Il y a une commission nationale qui s’attelle, actuelleme­nt, à la création d’un petit satellite typiquemen­t tunisien, avec des compétence­s tunisienne­s…», se félicite-t-il, soulignant l’impact positif que pourrait avoir, prochainem­ent, ce satellite sur le développem­ent national. Du reste, quatre projets de recherche 2015-2018 sont déjà engagés par le Cnct : «Inventaire des forêts et des parcours par télédétect­ion», «Imagerie multisourc­e et multidate pour l’étude du risque d’inondation du bassin versant de Medjerda», «Estimation­s des propriétés physico-chimiques de surface des sols à partir des données spectrosco­piques visibles proche infrarouge» et «Suivi de l’urbain et de la dynamique du territoire à partir d’images THR».

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Photo satellite en 3D+

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