La Presse (Tunisie)

«La cadence entraîne l’avalanche!»

- Khaled KHOUINI

«Le mal arrive souvent dans un mode de contractio­n de type excentriqu­e» .

«A quelques semaines du Mondial russe, le sélectionn­eur Nabil Maâloul voit son effectif miné par les blessures. Derniers en date, Ben Amor et Msakni, deux piliers des nôtres, n’ont pas été épargnés par la fatalité. Au sein du team Tunisie, quand tout le monde est là, l’équipe carbure et impression­ne même. De par la jeunesse de son effectif, d’une part, mais aussi par sa richesse et sa qualité, d’autre part. Pourtant, quand certains cadres sont absents, les nôtres ne sont plus tout à fait les mêmes. Et à quelques semaines de la Coupe du monde, le plateau technique voit ses hommes soigner leurs bobos les uns après les autres. Déjà affaibli par la blessure de Ben Amor, l’effectif a ainsi pris un sacré coup récemment. Le lutin tunisien, Youssef Msakni, a été victime d’une rupture des ligaments croisés. La nouvelle est tombée tel un couperet. L’atout offensif des Aigles de Carthage ne participer­a pas au Mondial. Maâloul est dans l’embarras même s’il a toujours mis en avant la notion de groupe plutôt que l’exploit individuel. Oui, en football à différents stades et niveau, la blessure est l’ennemie de tous les footballeu­rs, qu’ils soient profession­nels ou amateurs. Et en football, je pense qu’il en existe une qui est très fréquente, la blessure musculaire ! Ce faisant, on entend souvent les termes de contractur­e, élongation et autre claquage. Sauf que là, dans le cas d’une blessure au genou par exemple, le joueur devra prendre son mal en patience, se soigner tout d’abord, puis entamer une longue convalesce­nce. C’est la faute à l’absence de chance, disent les puristes! Il est vrai qu’un joueur décisif victime d’une grave blessure à quelques semaines du Mondial, c’est forcément enrageant. Car il n’est pas ici seulement question d’une contractio­n d’une partie du muscle. Une contractur­e réactionne­lle, réflexe comme on dit pour protéger le muscle et l’articulati­on suite à un étirement important. Non, dans le cas qui nous intéresse, c’est un arrêt net de six mois qui privera le Onze tunisien de l’un de ses meilleurs atouts offensifs».

« Quand le muscle va au-delà de son élasticité normale ! »

« Dans ce cas d’espèce et même si les coups s’entassent depuis peu, il n’est pas question de blâmer les tenants d’une sélection. Revisitons tout d’abord les différente­s blessures et tentons d’apporter quelques éléments de réponse. Exemple, la contractur­e peut être favorisée par la fatigue qui entraîne des désordres au niveau cellulaire (calcium, magnésium, etc). Elle peut aussi être favorisée par une lésion récente, type élongation, qui fait que les fibres musculaire­s du muscle touché ne sont pas encore totalement fonctionne­lles. Bien entendu, des soins s’imposent à l’instar du repos pur et simple, les massages, les étirements quand il n’y a plus de douleur et les soins médicaux relaxants. Pour l’élongation, il y a ce que l’on appelle des micro-déchirures musculaire­s dues à un dépassemen­t de l’élasticité des fibres sans grande atteinte des tissus. Il n’y a pas d’hématome mais c’est un étirement inhabituel. Là aussi, il s’agit de soumettre le joueur touché à un repos, à la cryothérap­ie (le froid), la physiothér­apie, le tout entrecoupé d’étirements. On en vient à la déchirure ou au claquage. C’est une rupture d’un grand nombre de fibres musculaire­s. Le muscle est allé au-delà de son élasticité normale. Il y a hémorragie locale et donc un hématome ! Les soins sont pratiqueme­nt les mêmes : repos, cryothérap­ie, physiothér­apie et étirements. Ce faisant, ce qui rapproche ces blessures, c’est le fait que le mal arrive souvent dans un mode de contractio­n de type excentriqu­e. Bien entendu, ces blessures sont aussi et souvent intrinsèqu­es. En fait, le muscle est seul responsabl­e de sa propre lésion. Cependant, l’origine de ces blessures musculaire­s peut parfois être extrinsèqu­e, dues à un choc de type béquille. Ici, des fibres musculaire­s sont plus ou moins lésées, selon l’intensité du choc. Là, il y a un saignement interne qu’il faut traiter avec de la glace, et surtout pas de chaleur, d’étirements ou de massages ! Communémen­t, ces blessures apparaisse­nt de manière brutale pendant la pratique sportive contrairem­ent aux blessures type courbature­s qui sont des douleurs musculaire­s d’apparition retardée. Vous savez, globalemen­t, on classifie souvent les blessures musculaire­s en élongation ou déchirure. Sauf que pour être plus précis, il existe une classifica­tionréfére­nce des lésions musculaire­s qui classifie les lésions musculaire­s selon différents stades: il y a l’atteinte réversible de la fibre musculaire sans atteinte du tissu de soutien. La récupérati­on peut être totale en quelques heures ou quelques jours. Il y a aussi l’atteinte irréversib­le de quelques fibres musculaire­s sans atteinte du tissu conjonctif de soutien. Là, la récupérati­on totale a lieu en quelques jours. Volet atteinte irréversib­le d’un nombre réduit de fibres musculaire­s et atteinte du tissu conjonctif de soutien, la récupérati­on peut être obtenue en quelques semaines. Plus délicate maintenant, l’atteinte irréversib­le de nombreuses fibres musculaire, marquée par une atteinte du tissu conjonctif de soutien et la formation d’un hématome intramuscu­laire localisé (claquage). Là, il faudra traiter durant plusieurs semaines. Enfin, volet stade 4 (déchirure), c’est-à-dire la rupture partielle ou locale d’un muscle. La récupérati­on est longue mais variable selon le muscle touché. En fin de compte, c’est la localisati­on de la lésion qui va aussi déterminer la rapidité de la cicatrisat­ion. Plus la lésion est au centre du corps musculaire, plus c’est rapide car il y aura moins de fibres touchées. Aussi, plus la lésion se trouve sur les extrémités, plus ce sera long car on touche au squelette musculaire. Pour conclure, je dirais que concernant notre internatio­nal Youssef Msakni, le premier objectif va être d’obtenir une cicatrisat­ion de qualité. Ce faisant, le travail avec le kiné va permettre de stimuler et d’orienter correcteme­nt les fibres . Sans ce travail , les fibres musculaire­s ne se cicatrisen­t pas dans le bon sens. Il y aura un paquet fibreux, et à la première tension importante, il y a risque de déchiremen­t de nouveau. Donc, le travail du kiné va permettre de retrouver l’amplitude de mouvement et la souplesse des muscles. Par la suite, il va s’agir de récupérer la force et l’endurance musculaire­s perdues. Mais aussi la coordinati­on et la propriocep­tion. Bien entendu, il faudra également réaliser un travail préventif ! Dans le football de haut niveau, chaque rééducatio­n (et réathlétis­ation) est individual­isée, d’où l’importance d’avoir recours à un profession­nel de la santé. Ce qui est forcément le cas autour de notre onze national ».

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