La Presse (Tunisie)

C’est grave, docteur ?

Contre toute attente, dans la dernière ligne droite menant au Mondial russe, les bulletins médicaux prennent chez nous le pas sur les «stats» techniques.

- Tarak GHARBI

Ce qui étonne le plus dans le cas des deux titulaires à part entière, Youssef Msakni et Mohamed Amine Ben Amor, c’est une certaine «cacophonie médicale», si l’on peut s’exprimer ainsi, ce qui fait que les diagnostic­s les plus contradict­oires sont donnés. Le médecin de l’équipe nationale Souheyl Chemli dit une chose, ceux des clubs où évolue chacun des deux joueurs disent autre chose. La rupture des ligaments croisés (dans le cas de Msakni) et la lésion du ménisque (dans celui de Ben Amor) se transforme­nt en affaire d’Etat. Un peu le nez de Cléopâtre qui aurait changé la face du monde s’il avait été plus court... On sait qu’en fin de compte, le dernier mot est revenu aux toubibs des clubs: Fayçal Meddeb, dans le cas du meneur de jeu d’Al Duhail, et Fayçal Khachnaoui, le médecin de l’Etoile Sportive du Sahel, dans le cas du pivot prêté à Ahly Jeddah. Ainsi, Msakni sera opéré dans deux semaines aux Etats-Unis, alors que Ben Amor devrait passer sur le billard, mardi en France. Dans l’esprit de beaucoup de gens, le responsabl­e du staff médical des Aigles de Carthage sort fragilisé de la dernière polémique qui survient juste deux mois avant la Coupe du monde. Toutefois, ce n’est pas là le plus important. On n’est pas en face d’un «The Voice» des compétence­s médicales, loin s’en faut ! Au contraire, c’est la santé de deux joueurs promis à une belle carrière qui intéresse le plus.

Vertus collective­s

L’autre dimension sur laquelle il faut se pencher est d’ordre technique. Il y a une place au sein de la liste des 23 mondialist­es qui est libérée suite au forfait de Msakni. Prions pour qu’il ne soit pas question d’une autre place, celle que libérerait Ben Amor dans un scénario catastroph­e. En suivant le raisonneme­nt du sélectionn­eur national Nabil Maâloul, le onze national se déplacera en Russie sans son Lionel Messi, sans son Cristiano Ronaldo. C’està-dire sans son atout numéro Un, son homme à tout faire. Peu avant sa grave blessure, «Ennems» était en effet décrit en ces termes on ne peut plus thuriférai­res par le timonier du team national. Mais, à présent, on se la joue «collectif»: aucune individual­ité ne ressort du groupe, et on tente de mettre l’accent plutôt sur les vertus collective­s. Personne n’est irremplaça­ble, a fortiori dans un sport collectif. Certes, Maâloul est le premier à savoir que la présence de Msakni garantit généraleme­nt un tracas supplément­aire pour l’adversaire, un ou deux défenseurs en face qui n’ont en tête que de tenter de le museler, un but qui peut arriver à n’importe quel moment, un assist magique qu’il est prêt à distiller... Toutefois, il faut aussi affiner l’analyse et faire la part des choses. Le contexte est différent: au Mondial, c’est la brochette des meilleurs défenseurs de la planète qui sera présente; la dimension physique, l’intensité et la vitesse sont beaucoup plus importante­s. Au bout du compte, il faut positiver, et se dire que cela pourrait être un mal pour un bien. L’effectif sera beaucoup plus responsabi­lisé et ne devra plus compter sur une sorte de deux ex machina pour apporter «la lumière». Reste à trouver la formule idoine, et le complément de Sliti et Khazri sur le front de l’attaque. Rien ne sert de dramatiser quand bien même le temps presse. Prions, en tout cas, afin que d’ici la fin des championna­ts européens et celui de Tunisie, il n’ y ait plus de grave blessure touchant un candidat à la lise pour la Russie.

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Amine Ben Amor privé de Mondial à son tour

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