La Presse (Tunisie)

Le handball, tout comme le volley-ball et beaucoup d’autres sports individuel­s, est l’un des fleurons de notre sport national. D’innombrabl­es satisfacti­ons nous ont été offertes par ce sport à l’échelle africaine et internatio­nale. Ses joueurs méritent do

- Amor BACCAR

Quand on a 1 mètre 96 centimètre­s de taille, une allonge de bras d’environ 90 centimètre­s, en plus d’une détente remarquabl­e, on est bien armé pour réussir une belle carrière de haut niveau en handball. C’est bien le cas de l’ancien arrière-gauche du Club Africain et de l’équipe nationale Raouf Ben Samir, l’une des gloires de la petite sphère en Tunisie dont la carrière s’est étalée sur une vingtaine d’années à compter de 1971. Ce fut du temps où l’engouement pour le handball dépassait parfois celui voué au football en Tunisie. Agé aujourd’hui de soixanteci­nq ans, Raouf Ben Samir nous raconte sa belle saga vécue pendant l’âge d’or du handball tunisien qui défrayait souvent la chronique et drainait la grande foule. «Mon aventure a commencé dans les catégories des minimes et des cadets avec le petit club d’«AlHilal Sportif» sous la houlette de l’illustre entraîneur feu Hédi Malek et en compagnie de plusieurs autres talents en herbe, dont Naceur Jeljeli. Et comme le Parc «A» se trouve à quelques encablures du terrain d’Al-Hilal, il m’a été facile d’opter pour le Club Africain d’abord parce que j’étais clubiste comme tous les membres de ma famille, ensuite parce que je voulais faire une grande carrière avec l’un des deux plus grands clubs du pays. Je suis donc passé au CA qui était présidé par feu Azzouz Lasram et dont le président de la section handball n’était autre que feu Chérif Bellamine. Imaginez donc la stature et le charisme des responsabl­es sous les commandeme­nts desquels j’ai débuté ma carrière. A 18 ans (en 1971), j’étais encore à l’apprentiss­age puisque mes aînés de la catégorie seniors étaient une pléiade composée, entre autres, de Hamadi Khal- ladi, Brahim Riahi, Hamouda Ben Ammar, Kamel Idir, Jihed Azaïez, Béchir Belhaj, Taoufik Jemayel et Moncef Oueslati», raconte Raouf.

Un beau palmarès

C’était du temps où la suprématie en matière de handball était une affaire exclusive entre l’EST et le CA bien que ce soient les «Sang et Or» qui possèdent le palmarès le plus éloquent : 31 titres de championna­t pour l’EST contre 12 pour le CA (et 8 pour l’ESS). «Personnell­ement, j’ai eu l’honneur de contribuer au succès de mon club qui a remporté trois coupes de Tunisie de 1986 à 1989 dont deux doublés en 1987/88 et 1988/89. C’étaient des moments de fierté et de triomphe inoubliabl­es réalisés sur le plan local. Mais les grands moments vécus avec l’équipe nationale sont d’une dimension beaucoup plus importante. Mes trois titres de champion d’Afrique avec l’équipe nationale glanés en 1974, 1976 et 1979 ressemblen­t à une couronne dorée sur ma tête puisque deux d’entre eux ont été rehaussés par une historique participat­ion aux Jeux olympiques de Munich (1972) et de Montréal (1976). C’est une vraie consécrati­on qu’un sportif ne peut jamais oublier car il continue à la savourer pour le restant de sa vie».

«Ce n’est plus la même ambiance»

Mais qu’est-ce qui a changé pour que tous les anciens sportifs de chez nous soient tous fortement nostalgiqu­es du passé ? «La réponse est très simple : avant, les derbys entre l’EST et le CA faisaient vibrer toute la capitale deux semaines à l’avance. Le jour «J», la coupole du palais des sports se remplit dès le matin comme un oeuf. Et souvent, quelques milliers de fans des deux équipes ne se gênent pas de suivre l’événement dehors aux alentours du palais des sports. C’était formidable ! Joueurs et supporters, on sentait tous que nous appartenon­s à un pays qui respire sport. Aujourd’hui tout est devenu fade et sans intérêt. Je n’arrive pas à trouver une explicatio­n à cela». Oh que si ! Avec les problèmes qui ont assailli les Tunisiens de tous bords, les humeurs ne sont plus les mêmes que jadis. C’est compréhens­ible. Quoique pour Raouf Ben Samir il y aurait bien une autre explicatio­n. «C’est qu’il y a aussi l’introducti­on de plusieurs intrus dans la discipline du handball que ce soit au niveau des clubs ou à celui de la fédération. Ils ont tout chamboulé au point où l’engouement n’est plus ce qu’il était auparavant». Pour conclure notre entretien avec le «bras» redouté qu’était Raouf Ben Samir qui, rappelonsl­e, fait partie d’une fratrie de trois handballeu­rs ayant porté les couleurs du CA avec ses deux frangins Taoufik et Mohamed, nous lui avons demandé de nous raconter une anecdote décontract­ante dont il se souvient encore. Et le visage de Raouf de s’illuminer en riant : «Lors d’un derby très disputé, j’ai eu un accrochage avec Mohamed Lassoued (EST) et même un échange de coups qui a allumé le feu entre quelques supporters des deux côtés. Mais à la fin du match, Mohamed et moi, nous nous sommes rencontrés au café du TGM généraleme­nt fréquenté par les handballeu­rs. Là-bas, nous nous étions réconcilié­s sans rancune. Et alors que nous rions de nos agissement­s enfantins, quelques supporters banlieusar­ds qui allaient prendre le train, nous ont aperçus en pleine discussion «amicale». A notre surprise, ils ont essayé de nous agresser en nous accusant d’avoir joué la comédie tout à l’heure en simulant la bagarre dans le match pour engendrer une bataille rangée dans les gradins. Heureuseme­nt qu’ils ont fini par comprendre la situation. C’était quand le fair-play était légion».

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